04/01/2025
🎇 Les polémiques autour des feux d'artifice 🎇
Une remise en contexte plus large sur la pollution lumineuse est nécessaire pour comprendre la problématique. 🐦⬛🦋🦇
La pollution lumineuse, un mal souvent invisible, bouleverse nos écosystèmes et menace notre santé. Pourtant, il existe des solutions innovantes et accessibles pour réduire ses impacts tout en répondant aux besoins humains.
Prenons l'exemple éclairant (sans jeu de mots !) du parc national de Grand Teton, où le biologiste Jesse Barber et son équipe ont mené une expérience très instructive : remplacer les éclairages classiques par des lumières rouges sur le parking et aux abords du parc (1). Pourquoi rouges ? Parce que la composante bleue de la lumière — dominante dans les LED modernes qui remplacent de plus en plus les anciens lampadaires — est particulièrement nocive (2). Elle perturbe les cycles biologiques des animaux nocturnes, désoriente les oiseaux migrateurs, réduit l'activité des pollinisateurs et même nuit à notre propre santé en interagissant avec notre rythme circadien.
Le choix de lumières rouges dans le parc a permis de réduire significativement ces perturbations tout en assurant une visibilité nocturne acceptable pour les humains. C'est un exemple inspirant qui montre qu'on peut concilier préservation de l'environnement et besoins pratiques (3).
Un autre exemple marquant nous vient des Pays-Bas, à Nieuwkoop, où l'écologue comportemental Kamiel Spoelstra a mené une expérience novatrice. Dans cette région humide et riche en biodiversité, il a installé des éclairages de différentes couleurs — rouges, verts, bleus et blancs — pour observer leur impact sur la faune locale. Ses recherches ont révélé que la lumière rouge avait l'impact le plus faible sur les animaux nocturnes, comme les chauves-souris, tandis que les lumières blanches et bleues provoquaient des perturbations majeures dans leur comportement et leurs habitudes de chasse. Ces résultats confirment l'importance de choisir judicieusement le spectre lumineux pour réduire la pollution lumineuse (4).
Mais les problèmes liés aux LED modernes vont au-delà des parcs. En ville, l'essor des LED à composante bleue, adoptées pour leur efficacité énergétique, pose des défis majeurs. Comme le souligne un article du MIT Technology Review, ces LED contribuent à une pollution lumineuse accrue en raison de leur intensité et de leur spectre émissif. Cette lumière bleue se disperse plus facilement dans l'atmosphère, amplifiant l'effet de "halo lumineux" au-dessus des villes, ce qui non seulement cache les étoiles, mais perturbe aussi la faune et la flore locales.
Un autre exemple alarmant développé par le New-York Times concerne les "skytracers », ces faisceaux lumineux ultra-puissants souvent utilisés lors d'événements ou dans des lieux touristiques. Prenons le cas de Ground Zero, où deux skytracers illuminent le ciel plusieurs soirs pour commémorer les attentats du 11 septembre. Bien qu'esthétiquement impressionnants, ces faisceaux perturbent gravement les oiseaux migrateurs (160.000/ans) dont un passage par N-Y coïncide avec la période des hommages aux victimes . Attirés et désorientés par la lumière, des milliers d'oiseaux se retrouvent piégés dans les faisceaux, volant en cercles sans fin jusqu'à l'épuisement. Cet exemple met en évidence une des formes les plus spectaculaires, mais destructrices de pollution lumineuse, qui affecte directement la biodiversité (5). Heureusement, la ville de New-York et des associations travaillent ensemble pour diminuer les effets de ces lumières, par exemple en faisant régulièrement des pauses de 20 minutes qui permettent aux oiseaux piégés de reprendre leur migration.
Alors, que pouvons-nous faire ?
- Adopter des éclairages à spectre chaud, qui émettent moins de bleu, le rouge idéalement et vers le bas uniquement.
- Réduire l'intensité de l'éclairage public, surtout la nuit.
- Installer des systèmes de télégestion pour ajuster la lumière en fonction des besoins réels. (Ça existe déjà sur certaines sorties d’autoroutes).
- Promouvoir la sensibilisation, car chaque petit geste compte, comme éteindre les lumières inutiles chez soi.
La lutte contre la pollution lumineuse n'est pas seulement une affaire de technologie, mais aussi de volonté collective. Des initiatives comme celles menées au parc de Grand Teton montrent que des solutions existent déjà et qu'il est possible de faire mieux, pour nous, pour la faune et pour notre planète.
Des études similaires existent à propos de la pollution sonore, où là aussi, des améliorations sont possibles.
Image Pexels.
1. https://www.boisestate.edu/biology/2023/01/30/red-lighting-could-rewild-night-skies-plagued-by-light-pollution/
2. https://www.technologyreview.com/2022/08/17/1057652/outdoor-led-lighting/
3. https://magazine.wfu.edu/2022/10/21/a-quieter-darker-world/
4. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC4375369/
5. https://www.nytimes.com/2019/09/09/nyregion/911-tribute-birds.html