31/08/2020
50 ANS D'ERREURS GÉOSTRATÉGIQUES DES DIRIGEANTS AFRICAINS : L'EXEMPLE DE LA BANANE
de Jean-Paul Pougala
-------------
(Texte extrait des pages 29-41, Chapitre 3, du tome-2 du livre "Géostratégie Africaine" IEG 2016 de Jean-Paul Pougala)
-------------
L'histoire retiendra que le traité de Rome instituant la Communauté Économique Européenne a été signé le 25 mars 1957. Ce qui ne figure pas dans les livres d'histoire est que cette signature était initialement prévue pour le 21 mars et qu'elle a été repoussée de 4 jours.
Oui, les livres d'histoire (tous écrits par des Européens) ne s'att**dent pas sur ce détail pourtant très important pour un Africain. Il faut donc aller creuser dans les mémoires laissés par certaines personnalités présentes à cette cérémonie pour découvrir que la date a été repoussée de 4 jours à cause de la banane.
Oui, je sais que cela peut prêter à sourire, mais c'est très sérieux. Car c'est le début d'une stratégie globale dont l'objectif de fond était la pérennité de l'économie coloniale, même au-delà des indépendances africaines. Il a fallu 4 jours de négociations pour trouver comment l'économie de rente coloniale au service de certains pays allait prospérer, même avec la nouvelle union en création.
En Italie, il y avait de fait un monopole d'État sur la banane en provenance de sa colonie, la Somalie, et en France depuis 1932, il existait une sorte de task-force pour approvisionner le pays de la banane provenant de cinq colonies : Cameroun, Côte d'Ivoire, Madagascar, Martinique et Guadeloupe.
La banane se révèle ainsi, dès le Traité de Rome, comme un instrument de contrôle géostratégique sur les États africains, même avant leurs indépendances. Et parce qu'en 1960, la France sera obligée de reconnaître l'indépendance des trois premiers pays sus-cités, tout sera fait pour que les populations françaises restées dans ces ex-colonies s'occupent de la banane, orientant la population locale vers des cultures, de loin, moins rentables comme le coton, le café et le cacao. Nous allons voir comment.
A- LA RENTABILITÉ DE LA BANANE
La banane est le fruit le plus rentable au monde parce que sa récolte est hebdomadaire et se pratique toute l'année. Son rendement effectif passe de 20 tonnes à l'hectare pour la banane bio au Sénégal (chiffres fournis par l'organisation de producteurs à Tambacounda au Sénégal) à 60 tonnes par hectare dans les serres marocaines (selon l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II de Rabat au Maroc).
En comparaison, le cacao produit à l'hectare 300 kg, selon les chiffres fournis par le CNRA, Centre National de Recherche Agronomique de Côte d'Ivoire, rendus publics par Lancine Bakayoko le 27 octobre 2009. C'est-à-dire qu'à cause des choix erronés des économistes et politiciens ivoiriens, depuis la pseudo-indépendance, un agriculteur ivoirien de cacao est 200 fois plus pauvre qu'un agriculteur marocain de banane. C'est bien pire avec le café.
Selon une étude très sérieuse réalisée par l'IRCC, l'Institut de Recherche du Café et du Cacao de Côte d'Ivoire, entre 1969 et 1982, on obtient dans la zone de Gagnoa une moyenne pondérée de 180 kg de café à l'hectare, c'est-à-dire que les économistes et politiciens ivoiriens ont sciemment réduit à la misère des paysans 333 fois plus que leurs homologues paysans marocains. On retrouvera la même situation, presque à l'identique, partout ailleurs en Afrique subsaharienne.
B- LA GÉOSTRATÉGIE DE LA BANANE
La Banane est le fruit le plus consommé au monde. Selon les chiffres fournis par Le Monde Diplomatique du mois d'octobre 1996, par Ghislain Laporte, on estimait la production annuelle de banane à 52 millions de tonnes. En 2011, les chiffres ont déjà atteint la valeur de 100 millions de tonnes. Toujours selon le journaliste, les deux principaux producteurs du moment, le Brésil et l'Inde, consommaient la totalité de leur production ; et sur le marché de l'exportation de la banane, on retrouve quelque 11 millions de tonnes, avec 3,9 millions à destination de l'Union européenne. Il faut noter que les deux tiers de la banane à l'export sont contrôlés par deux multinationales américaines, United Brands Company (marque Chiquita) et Castel & Cooke (marque Dole) et une société mexicaine (marque Del Monte).
Ce qui est détestable sur ces chiffres, ce sont deux éléments essentiels :
La totalité des 79 pays dits ACP (Afrique, Caraïbe et Pacifique) à qui l'Union européenne fait miroiter un avantage incontestable avec la convention de Lomé et Cotonou fournit à peine le double (857 000 tonnes) de toutes les petites îles espagnoles des Canaries (420 000 tonnes). À peine 4 fois plus que la minuscule Martinique, avec 1 100 km² et 382 000 habitants, qui fournit l'Union européenne pour 220 000 tonnes de bananes.
La quantité produite par les 79 pays ACP correspond au tiers de la quantité livrée à l'UE par l'Amérique du Sud qui ne bénéficie nullement des mêmes conventions, soit 2,5 millions de tonnes.
Il en ressort de ces 2 points une volonté de détourner l'Afrique des productions rentables comme la banane qui doivent selon cette logique purement coloniale (même après 50 ans de reconnaissance par l'Occident des indépendances africaines), réserver ce type de production aux Occidentaux uniquement.
L'erreur des dirigeants africains a été de demeurer dans cette logique coloniale de croire qu'il n'existe autre vérité au monde que celle qui viendrait de l'Union européenne et qui porterait à une passivité totale, faisant croire qu'il n'existe que le marché de l'UE. Pour continuer de les anesthésier dans cette passivité, sont arrivées des ONG dites écologistes qui ont toutes vanté l'urgence de sauver la forêt africaine, mais dont le vrai rôle était celui de détourner les Africains de l'exploitation de cet espace pour la création de plantations d'innombrables productions bananières pouvant perturber le très juteux business de la banane sur le marché mondial et garantir une véritable autonomie financière de l'Afrique. Cet exemple de la banane est très symptomatique de cette situation qui a conduit à une contradiction, celle où certains pays comme le Sénégal, qui ont négligé leur propre production interne de bananes, se mettent à en importer.
C- POURQUOI LA BANANE ?
Plusieurs institutions de recherches sont unanimes sur le caractère exceptionnel des nutriments que renferme la banane :
Riche en potassium, la banane est un médicament contre l'hypertension. Il est aussi indiqué dans la médecine douce dite naturelle contre l'ulcère d'estomac, la diarrhée... Riche en fer, la banane stimule la production d'hémoglobine, ce qui contribue à diminuer l'anémie. La banane contient la vitamine B6, dont le rôle est de réguler le glucose dans le sang.
Même en se passant de l'exportation, l'Afrique aurait dû développer une large assiette interne de consommateurs de banane, car, ce qui fait l'intérêt de ce fruit, c'est sa forte teneur en vitamine C. Et une ration de banane par jour suffirait à combler le quart des besoins journaliers en vitamine C des enfants africains. Et il existe un grand marché en Afrique, vu le fort taux de populations enfantines et les besoins d'apport des vitamines.
D- LE CERVEAU DES AFRICAINS EST-IL EN SOMMEIL ?
Sur les 55 000 tonnes de bananes vendues dans le monde en 2010, 40 % étaient produites en Asie, 27 % en Amérique du Sud et seulement 13 % en Afrique. Il s'agit là de la banane dite « dessert », mangée telle quelle. Mais selon les chiffres fournis par la FAO, en 1995 il a été produit dans le monde 24 000 tonnes de bananes à cuire vertes (bananes plantains), dont 17 000 tonnes en Afrique, c'est-à-dire 71 % et 4 000 tonnes en Amérique du Sud, c'est-à-dire 17 %.
On peut dès lors en déduire que si les Africains ne produisent que 13 % de banane dessert au monde, ce n'est pas à cause de leur incapacité, mais c'est leur état de passivité mentale qui en est responsable.
Les africains sont très aptes et très prompt à soigner les intérêts économiques de l'Occident dès lorsqu'il s'agit d'avoir affaire au marché international ; mais lorsqu'il s'agit de produire pour se nourrir, lorsqu'il s'agit de satisfaire un instinct de survie, ils battent tous les records mondiaux.
On peut donc dire que le cerveau des Africains paraît être en sommeil lorsqu'il s'agit de produire pour vendre hors de l'Union européenne. Ils sont alors à la merci des conseils erronés, savamment orchestrés, que leurs prodigue l'Union européenne, c'est-à-dire ne pas s'intéresser à produire la banane pour la commercialisation, à moins que cette dernière ne soit entièrement sous le contrôle des entreprises occidentales installées en Afrique.
En 2007, 65 % de la banane vendue sur le marché mondial provenait de deux pays qui étaient auparavant champions du café et qui ont tous les deux réduit fortement leur production pour passer à la banane et c'est la Colombie et le Costa Rica. C'est ce qui a fait que la même année, sur les 10 pays plus gros exportateurs de la banane au monde, 7 étaient de l'Amérique du Sud, permettant à cette partie du monde de contrôler 95% des exportations de bananes dans le monde.
Pendant ce temps, les Africains se préparaient à fêter les 50 ans d'indépendance, mais avaient toujours des difficultés à se défaire du commandement colonial de ne s'occuper que du café, du cacao et du coton, un autre produit tristement célèbre lié aux déportations des Africains vers l'Amérique pendant 4 longs siècles.
En 1978, le Maroc décide d'interdire l'importation de bananes. Le Roi avait tout simplement compris que la banane pouvait être un instrument de géostratégie entre les mains du royaume. Et malgré les conditions climatiques défavorables (contrairement au Congo ou au Cameroun), le Roi décide de créer des serres équipées et prêtes à produire avec des lotissements de 1,53 hectare donnés en location à un prix dérisoire à ses citoyens.
Le Maroc, qui importait chaque année 24 000 tonnes de bananes en 1978, dès 1982 fût capable de satisfaire sa demande interne au niveau d'avant l'interdiction. Selon un rapport publié par 3 professeurs, Skiredj, Walali et Attir de l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat, de deux hectares de démarrage de la campagne 1980/81, on est passé à 2 700 hectares en 1996 et 3 500 en 2011, avec une production annuelle de plus de 100 000 tonnes de bananes.
E- QUE FAUT-IL FAIRE ?
La politique d'approche doit être radicale et en 3 directions :
40 % de la banane produite en Afrique pourrit par manque de marché à l'international. Pour y remédier, il faut procéder comme on l'a fait au Maroc : stimuler et organiser le marché intérieur en collectant systématiquement toute la banane disponible chez les petits producteurs afin de les conserver dans les mûrisseries desquelles les bananes sortiront mures dans les quantités correspondant à la demande du marché interne.
Démocratiser la production de la banane en créant de petites parcelles de plantation. C'est la seule solution pour rompre avec les pratiques coloniales de l'esclavage des plantations de banane qu'on observe encore de nos jours non seulement en Afrique, mais aussi en Martinique et en Guadeloupe où la culture de banane est solidement et exclusivement entre les mains des descendants d'anciens esclavagistes.
Pour produire, il faut savoir vendre. Le marché international de l'aviation comme des jouets répond à des logiques spécifiques à chaque pays, à chaque produit et à chaque culture. Il faut avoir la flexibilité d'esprit de comprendre que le monde ne se limite pas à 4 pays européens, fussent-ils les plus riches. Il existe une très forte marge pour le développement de la consommation de banane dans de nombreux pays comme la Russie, l'Iran, la Turquie, etc.
F- LA COOPÉRATIVE
Il existe un marché interne africain à saisir, mais, pour y arriver, il faut le stimuler et produire pour le satisfaire. Pour éviter le piège des multinationales du secteur de la banane, il faut tout simplement démocratiser le business de la banane avec des petites parcelles ne pouvant excéder 5 hectares et, surtout, être sûr et certain que les propriétaires sont ceux qui travaillent au quotidien dans ces plantations. Cela évitera le fâcheux problème de spéculation foncière qu'on retrouve dans certains pays où les autochtones se frottent les mains et font travailler des esclaves venus d'ailleurs, comme en Côte d'Ivoire.
La coopérative doit donc véritablement regrouper uniquement les paysans faisant partie du projet, et c'est elle qui devra se charger de fournir les premières plantes de bananes aux agriculteurs. C'est elle qui ensuite doit se charger du contrôle de qualité et du respect des normes internationales pour le gazage et le transport maritime, pour couvrir d'abord le marché national et puis international.
Aujourd'hui, le vrai profit de la banane réside dans la distribution. Aucune politique ne sera complète et efficace pour sortir nos agriculteurs de la misère du café, du cacao et du coton si elle ne prend pas en compte la nécessité de créer des mûrisseries directement dans les grandes villes de nos pays afin d'instaurer une sorte de concentration dite « verticale ». C'est à ce prix qu'il sera possible de contourner certaines faiblesses de la compétitivité de la banane africaine, car nous avons trop longtemps été dans la logique d'infantilisation globale du continent africain par les Européens.
Pour mettre fin à la logique coloniale des champs actuels de banane, il faudra arriver à une transition vers ces petits propriétaires et éviter toute exploitation directe par des entreprises transnationales. C'est à ce prix que nous réussirons une véritable redistribution des retombées du fruit le plus consommé au monde, la banane. C'est ce qui se fait déjà dans de nombreux pays sud-américains où, contrairement à l'Afrique, les dirigeants ont négocié pour obliger les entreprises multinationales du secteur à cesser de produire elles-mêmes, et acheter leurs cartons de bananes directement aux paysans.
L'exemple de la coopérative APROVAG (l'organisation de producteurs, Tambacounda) dans l'arrondissement de Missirah au Sénégal me semble intéressant à signaler et à adapter ailleurs en Afrique. Ils se sont organisés de manière à dédier à la banane 16% de leurs terres, c'est-à-dire 0,25 des 1,63 hectare de chaque planteur, pour un total de 250 hectares consacrés à la culture de banane pour avoir de l'argent.
En 2008, la production a été de 5 000 tonnes (avec une perte de 20 % dû au manque de mûrisserie et 5 % consommés par les agriculteurs eux-mêmes), la coopérative a ainsi vendu 4 000 tonnes de bananes, réalisant 640 millions de francs CFA (975 760 €) pour cette population villageoise estimée à près de 53 000 habitants, et une marge bénéficiaire nette de 1 561 000 francs CFA par hectare dans les 3 communautés rurales : Missirah, Dialacoto et Néttéboulou. Cette coopérative a fait le choix pénalisant qui limite sa productivité à 20 tonnes à l'hectare, pour protéger la santé de ses membres, ayant renoncé aux engrais chimiques qui sont la principale source de malheur dans les plantations de bananes dites industrielles.
Maturation et conservation : La banane est un fruit climactérique, c'est-à-dire que sa maturation peut être contrôlée pour en diminuer les pertes et réguler sa mise sur le marché, grâce à l'acétylène ou à l'éthylène, des produits de l'industrie pétrochimique obtenus à base de gaz. Les bananes collectées par les producteurs doivent être immédiatement stockées dans des magasins frigorifiques appelés « mûrisseries ». Là, elles subissent un traitement à l'acétylène avec des températures et une hygrométrie bien spécifiques : si on veut une maturation, on fait passer la température de 18 °C à 14 °C en 4 jours ; si on veut plutôt conserver le fruit, on stabilise la température à 6-7° C.
G- ACP-UE UNE COOPÉRATION INUTILE A SAVEUR COLONIALE
50 ans après la reconnaissance par les Européens de l'indépendance de plusieurs pays africains, le moment est peut-être venu de rendre cette indépendance effective. Aujourd'hui, 46 pays africains se trouvent dans une situation de subalternité mentale, à peine mise à nue avec l'exemple de la banane. L'Afrique doit avoir le courage de sortir de son adolescence en prenant une décision radicale de façon unilatérale et d'informer l'Union européenne qu'elle coupe définitivement le cordon. L'exemple le plus emblématique est le fameux regroupement ACP qui est la preuve vivante que la colonisation n'est jamais finie et pour cause :
Ce ne sont pas les Africains qui ont pris l'initiative de sa création. Ce qui signifie qu'un tel regroupement n'a pu être pensé par les Européens que pour répondre aux intérêts exclusifs de l'Europe. Et supposer qu'ils l'ont fait dans les intérêts des Africains est encore plus insultant pour l'intelligence de ces derniers. Dans l'un ou l'autre cas, l'image de l'Afrique en sort complètement en lambeaux.
Il est anormal que 46 pays d'Afrique subsaharienne soient associés à un quelconque débat avec l'Union européenne, en excluant les pays de l'Afrique du Nord, tandis que l'Union européenne se présente toute unie, quel que soit le thème du débat, quel que soit le lieu.
Le siège de l'ACP se trouve à Bruxelles et est financé à 100 % par l'Union européenne, ce qui est tout à fait inacceptable sur le plan du symbole, pour des pays qui se croient indépendants depuis plus de 50 ans. Si cet ACP était conçu pour les pays concernés, comment expliquer que le siège ne se trouve pas dans l'un des pays membres de cette entité juridique ?
Que se passe-t-il dès lors que ses intérêts sont divergents avec ceux de l'Union européenne ? La vérité est plus amère et c'est que les dirigeants africains qui se bousculent pour ce genre d'organisation croient sincèrement et naïvement que cela peut faire le travail à leur place d'inventer, de créer des solutions originales pour bâtir le bonheur et la prospérité de leurs populations. Quelle dignité un fonctionnaire africain ressent-il lorsqu'il est logé et nourri aux frais de l'Union européenne ? C'est une véritable forme de prostitution intellectuelle des nations africaines.
Lorsqu'en 1973, le Royaume-Uni rejoint l'Union européenne, deux ans plus t**d, en 1975, il y a une miraculeuse augmentation du nombre des pays membres de l'ACP. Ce petit miracle tient du fait que le Royaume-Uni y a apporté ses propres colonies membres de son fameux « Commonwealth ». C'est la preuve que l'ACP est une organisation coloniale et fonctionne dans une telle logique, parce que les pays qui y adhèrent sont, dans la tête de ses créateurs, ni plus ni moins que des colonies. Et l'Afrique ferait mieux de s'en aller.
L'Équateur, ne faisant pas partie de cette organisation, a fourni en 2011 40 % des exportations de bananes dans le monde, soit 5 millions de tonnes environ. Pour consoler ses prétendus protégés de l'ACP pour leur effacement presque total de ce marché, l'Union européenne a donné à partager par les 79 pays ACP la manche de 220 millions d'euros, c'est-à-dire une moyenne de 2,7 millions d'euros chacun. Pour quoi faire ? Pour résoudre quel problème ? Mystère.
La stratégie de régionalisation des relations internationales mise en place par l'Union européenne avait pour objectif de la renforcer et de fragiliser ses partenaires du sud du monde qui se sont ainsi installés dans une relation inégale d'une partie qui parle d'une seule voix et choisit en formatant selon ses ambitions et ses intérêts exclusifs, des partenaires aussi peu homogènes que le groupe des ACP.
L'Afrique doit comprendre qu'on ne sort pas de plusieurs siècles d'esclavage et de violence coloniale sans une véritable prise de conscience de l'exigence vitale d'une rupture mentale avec ce passé, pour s'émanciper vers la liberté. Tous les bricolages, tous les raccommodages (ACP, CEMAC, CEDEAO...) sont des configurations artificielles dont le seul objectif est de diviser les Africains et empêcher l'émergence des États-Unis d'Afrique.
Quelles leçons pour la jeunesse africaine ?
La jeunesse africaine doit pouvoir se poser une importante question : pourquoi l'Union européenne, qui fragmente le continent africain dans des regroupements les plus déraisonnables, n'applique-t-elle pas à elle-même ces conseils, en créant par exemple un regroupement des anciens pays communistes de l'UE, un regroupement des 6 membres fondateurs de l'UE, un regroupement des pays riverains de la mer Méditerranée de l'Union européenne, un regroupement des pays atlantiques de l'UE ?
La crise économique que vit l'Occident nous prouve qu'il n'existe en absolu ni pays riche ni pauvre, il existe des populations riches en prise de conscience de ses propres intérêts et d'autres pauvres en cette conscientisation. L'ennemi du continent africain n'est pas l'Union européenne, mais la médiocrité africaine, cette mentalité de subordonnés qui fait que l'on préfère agir par procuration et voir un Européen diriger les équipes nationales de football, même s'il n'a jamais fait preuve nulle part de ses capacités d'entraîneur.
On préfère qu'un Européen ou qu'un Américain dirige les plus grandes entreprises publiques, même si l'heureux gagnant de ce loto africain n'a jamais prouvé ses capacités de gestionnaire nulle part, etc. Qu'est-ce qui peut justifier que des pays s'obstinent dans l'esclavage du café et du cacao avec des rentabilités de 180 kg à l'hectare oubliant la banane qu'ils importent, alors qu'ils pourraient réaliser dessus une rentabilité minimale de 20 tonnes à l'hectare ? Peu importe, si un Européen a dit que c'est le bon choix à faire, oui, très probablement il doit avoir raison.
Pourquoi pourrait-il en être différemment, puisque son ancêtre a eu le dessus sur le mien ; puisque même son dieu a pris le dessus sur les divinités qu'étaient mes ancêtres ; puisque son pain au blé a remplacé mon beignet au mil, au sorgho, au manioc ; puisque ses prénoms ont remplacé les miens ; puisque sa langue a remplacé la mienne ; puisque sa monnaie a remplacé la mienne ; puisque ses présidents ont tué les miens ; pourquoi donc ne serait-il pas infaillible lorsqu'il choisit à ma place les joueurs de mon équipe nationale ?
Lorsqu'il décide à ma place que je ne dois pas toucher à la forêt pour créer mes plantations, de peur que le monde entier n'étouffe par un manque d'oxygène qui viendrait de ma brousse ?
Il a forcément raison lorsqu'il vante le mérite du cacao et me conseille de m'y éterniser pour faire la gloire de quelques chocolatiers de luxe à Bruxelles, à Paris ou à Vienne. Il a forcément raison sur tout. Si tel n'est pas le cas, suis-je vraiment sérieux ?
Jean-Paul Pougala
Extrait du tome-2 du livre "Géostratégie Africaine" IEG 2016, Pages 29-41 de Jean-Paul Pougala
---------------------------------------------------------------------
P.S :
Si après la lecture de cette leçon vous voulez passez à l'action pour avoir votre part du gâteau, et vous avez les moyens à investir dans l'industrie-agro-alimentaire, rejoignez-nous à :
POUGALA Academy (1ère école africaine de Guerre économique) Et si vous avez du mal à vous inscrire sur le site www.ieg.ovh appelez-moi ou envoyez-moi un message whatapps sur +237-654-730-400
La formation de 1-3 Octobre 2020 coûte 4 millions de FCFA pour les 3 jours .
28/08/2020