10/11/2025
🥕[~C A P S U L E I N F O R M A T I V E~]🥕
⚕️ Santé ⚕️
🐴 Monter à cru : entre biomécanique, psychologie et comportement
Monter à cru signifie monter sans selle, directement sur le dos du cheval.
C’est une pratique ancienne, souvent associée à la liberté, à la connexion et à la sensibilité du cavalier.
Mais que disent réellement les recherches scientifiques à propos de ses effets sur le corps et l’esprit du cheval ?
Voici une analyse complète, fondée sur la biomécanique, la physiologie, la psychologie et le comportement.
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🧬 1. Aspect biomécanique : l’impact sur le dos du cheval
🔹 Pression et répartition du poids
Une étude menée par De Cocq, Clayton et ter Braake (2010) a montré que la montée à cru entraîne des pressions localisées plus fortes et plus irrégulières sur la colonne vertébrale du cheval que lorsqu’une selle bien ajustée est utilisée.
👉 Sans selle, le poids du cavalier se concentre sur une plus petite surface, surtout sur les processus épineux (les parties osseuses saillantes du dos).
📚 Réf. : De Cocq, P., Clayton, H. M., & ter Braake, H. (2010). A comparison of pressure distribution under a ba****ck rider and a saddle. Equine Veterinary Journal Supplement, 38(S36), 37-41.
🔹 Mouvement du dos et symétrie
Sans selle, les oscillations latérales et verticales du dos augmentent, ce qui modifie la locomotion du cheval.
L’étude de Greve et Dyson (2013) souligne que le confort du cheval dépend beaucoup de la stabilité du cavalier : un cavalier qui bouge trop cause des micro-chocs sur la colonne et les muscles dorsaux.
📚 Réf. : Greve, L., & Dyson, S. (2013). The horse–saddle–rider interaction: 3. The effect of the rider. Equine Veterinary Journal, 45(6), 654–661.
🔹 Risque de tension musculaire
Monter à cru ponctuellement peut être bénéfique pour la proprioception (meilleure perception du mouvement), mais à long terme, l’absence d’amorti entre le cavalier et le dos du cheval peut causer des tensions musculaires, surtout au niveau du long dorsal et du trapèze.
📚 Réf. : Stubbs, N. C. & Clayton, H. M. (2008). Equine biomechanics and physical training.
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🧠 2. Aspect physiologique et santé à court et long terme
Sur une courte durée (15 à 30 minutes), la montée à cru est généralement sans danger pour un cheval sain, surtout sur des surfaces planes et souples.
Sur plus d’une heure, les risques augmentent :
• échauffement du dos ;
• microtraumatismes musculaires ;
• perte d’élasticité du fascia thoracolombaire (membrane fibreuse reliant les muscles du dos, des lombaires et du bassin, qui joue un rôle essentiel dans la transmission des forces et la stabilité du tronc).
Si la séance dure 2 à 3 heures, les effets peuvent devenir comparables à un travail monté avec une selle mal ajustée : douleurs, contractures, défenses à la monte, voire douleurs chroniques du dos.
📚 Études de référence :
• Peham et al., 2010 – Influence of the rider on the horse’s locomotion and back kinematics.
• Gandy et al., 2016 – Effect of rider weight and riding time on equine back muscle activity.
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🧩 3. Aspect psychologique et cognitif
🔹 Relation et connexion
Monter à cru favorise une connexion fine et sensible entre le cavalier et le cheval : le contact direct permet une communication subtile par le corps et la respiration.
Des travaux de Sankey, Richard-Yris et Hausberger (Université de Rennes, 2010) ont montré que les chevaux perçoivent les changements d’équilibre et de tonus musculaire du cavalier comme des signaux de communication.
👉 Cela peut renforcer la confiance, si et seulement si la monte reste douce, stable et équilibrée.
🔹 Risque émotionnel
En revanche, si le cavalier manque de stabilité ou de tonus postural, le cheval peut ressentir de l’inconfort, de la confusion ou de la crainte.
Les chevaux sensibles développent parfois une anticipation négative des montées à cru, surtout s’ils ont déjà ressenti des douleurs dorsales.
📚 Réf. : Sankey, C. et al. (2010). Positive interactions lead to lasting positive memories in horses. Animal Behaviour.
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🐴 4. Aspect comportemental et apprentissage
La monte à cru peut être un outil pédagogique puissant, pour affiner le siège, l’équilibre et la perception du cavalier.
Elle aide à développer le sentir, la synchronisation respiratoire, et la fluidité du mouvement.
Toutefois, utilisée trop longtemps ou trop souvent, elle peut générer des comportements d’évitement : refus d’approcher pour être monté, oreilles couchées, dos creusé au montoir, défenses à l’arrêt.
Ces comportements sont souvent liés à une douleur musculaire cumulative plutôt qu’à un « problème d’attitude ».
📚 Réf. : Dyson, S. (2019). Pain and poor performance in the ridden horse: diagnosis, treatment, and rehabilitation.
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⏱️ En résumé :
Bien que la monte à crue soit bénéfique pour le cavalier, elle ne l'est pas pour le cheval sur le long terme. La monte à crue est donc à éviter, sauf "en petite dose" (moins de 30min, occasionnellement).