02/08/2023
Mais c'est tellement ça ! Bravo Cynoconsult, pour cet article 🥰.
L’ANALOGIE INTERDITE (TABOUE ?) CHIEN-ENFANT
Ce week-end, j’ai discuté avec un pédo-psychologue. Je travaille sur les bases essentielles de la psychologie, et j’aime beaucoup les conversations instructives que j’ai parfois la chance d’entretenir avec des psychologues ou psychanalystes. Ces conversations me démontrent qu’il n’est ni anthropomorphiste, ni anti-professionnel de comparer l’éducation du chien avec celle de l’enfant. À chaque fois que le parallèle avec l’éducation de l’enfant (assez évident pour moi) a été fait, jamais un pédo-psychologue ne s’est montré dérangé, ou choqué. Chiens et enfants ressentent et éprouvent. Et ce n’est pas pour cette raison qu’il faut affirmer que le chien ressemble à l’homme. Ces compétences sont propres à tous les animaux sensibles. Partant de là, rien d’étonnant à ce que des similitudes existent dans la manière de les élever (au sens propre du terme). Bizarrement, ce sont certains professionnels du chien qui se disent souvent outrés par cette analogie, pas les professionnels de la psychologie.
Bref, ce psychologue pour enfant m’expliquait les ravages provoqués par l’éducation ultra-permissive. Il ciblait cette manière soit-disant moderne d’élever un enfant, qui consiste à le placer au centre de tout. Un phénomène sociétal créé par des parents relativement perdus eux-mêmes, qui requièrent l’avis de leur enfant pour presque tout. C’est une éducation qui, au nom de la bienveillance, ne lui apprend ni le renoncement, ni la frustration, une non-éducation en somme, soit-disant respectueuse de ses émotions, lui, un petit-humain qui grandit en croyant que tout lui est dû, que les décisions du quotidien dépendent de lui, et qu’il est responsable de tout (deux croyances terriblement créatrices d'anxiété chez l'enfant).
Maman lui demande ce qu’il veut manger à chaque repas.
Papa lui demande ce qu’il veut porter aujourd’hui.
Papa et Maman lui demandent son avis sur les conversations d’adultes qu’ils entretiennent.
On le consulte aussi sur ce qu’il faut poser dans le caddie du supermarché.
Maman et Papa interrompent des conversations entre adultes pour que leur enfant si intelligent puisse donner son avis sur le sujet.
Oui… mais l’enfant n’a que 3, 4 ou 5 ans et déjà, ses parents consultent un pédopsychologue car il montre des signes d'anxiété, et parce que ses crises de colère et accès de violence à l'école n’en finissent plus.
Devant le psychologue, ces couples parlent à leur enfant sur un ton vraiment très particulier, comme si le volume normal de la voix humaine allait le perturber. Les phrases sont mâchés comme si l’enfant n’était pas en mesure de les comprendre sinon. Leur manière de se comporter est plaquée, empruntée, face au professionnel qu’ils ont choisi. Et évidemment, pour aider cet enfant à maîtriser ses émotions, le pédo-psychologue va avoir besoin du soutien de ses parents. Il aura à composer avec eux. La question sera : « sont-ils prêts à se remettre en question ? » et « ont-ils bien saisi que le pédo-psychologue n’est pas là pour les juger, mais pour que leur enfant s’apaise ? ».
Cette conversation m’a laissée songeuse, je pense que vous comprendrez assez facilement pourquoi. 😉
À chaque instant de son développement, il m’a été possible de comparer ce petit-enfant à un jeune chien, entre les mains d’une personne extrémiste de l’éducation canine positiviste (en nuance avec l'éducation positive), celle qui n’appréhende le chien que dans le renforcement positif permanent en oubliant tout le reste, et surtout en l’absence de tout cadre sécurisant.
Si d’après ce pédo-psychologue, un enfant élevé selon ce schéma paroxystique en vogue, est bien parti pour devenir un adulte centré sur lui-même, parfois défaillant à l’empathie ou à accueillir le refus, incapable de surmonter l’échec, ou de renoncer, ou de prendre avec recul le désintérêt d’une autre personne pour lui, etc. qu’en est-il à votre avis du devenir d’un chiot qui est éduqué sur les mêmes modes ?
On ne lui dit jamais « non ». On ne s’oppose pas à ses envies.
Sa liberté ne doit souffrir d’aucune restriction. On le laisse s’imposer à tout-bout-de-champ dans les promenades d’autrui.
On n’entend pas les plaintes des autres personnes face à un chien au comportement objectivement insupportable.
Poser des limites fermes est perçu comme une dérive maltraitante.
On confond fermeté et brutalité.
C’est du vécu, et du quotidien. Et cela devient préoccupant.
Pour terminer, ces psychologues ou psychanalystes m’ont déjà déclaré avoir une vision assez fréquente de ces adultes immatures dans leur patientèle. Ils étaient ces « enfants-rois », ces petits humains dont les parents ont failli dans l’éducation. Et ces personnes souvent malheureuses, parfois dépressives, nostalgiques de leur enfance où tout était permis, où elles décidaient de tout, n’ont pas été mal aimées, incomprises, brimées ou battues. Tout au contraire, elles ont vécu une valorisation intense et totalement irréaliste de leur personne. Aujourd’hui, elles en paient le prix dans leur relation à l’autre.
Si ce n’est pas bon pour les enfants, ce n’est pas bon pour nos chiens.
Cynoconsult
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