Utiliser la relation avec le chien comme instrument thérapeutique dans le but de permettre à toute personne blessée d'entreprendre un développement personnel pour se reconstruire Le chien, comme d’autres animaux, peut avoir un effet bénéfique sur l'homme. Il est bien souvent le meilleur ami de l’homme et il a naturellement un rôle de médiateur relationnel non jugeant. Comme les autres animaux, il
ne manifeste ni jugement ni rejet et constitue une source d'affection inconditionnelle, facteur essentiel et vital pour la construction ou le renforcement de l'identité de chacun. Et, selon Jeffrey Moussaieff, "le chien sent ce que nous ne pouvons pas voir" …. Notre travail… Dans le cadre de notre Fondation, nous travaillons avec toute personne qui désire entreprendre, avec son chien ou non, une action à effet thérapeutique en s’appuyant sur la relation homme-animal. Cette thérapie peut accompagner des personnes (enfants, adolescents, adultes) qui rencontrent des difficultés, telles que manque de confiance en soi, troubles de l’attention et du comportement, comportements agressifs ou violents, difficultés relationnelles, signes d’hyperactivité, mauvaise gestion ou expression de leurs émotions, troubles oppositionnels avec provocation, angoisses, séparation, liens fraternels difficiles, inhibition, introversion ou timidité, etc. Nous pouvons également intervenir dans des situations d’abus et/ou de maltraitance, ainsi qu’auprès de parents qui souhaitent renforcer le lien parental avec leur(s) enfant(s). L’homme et le chien entretiennent des relations qui reflètent souvent de nombreux aspects de la vie quotidienne et notre travail consiste à développer ces relations. Nous cherchons à créer et maintenir le contact dans une relation de confiance (responsabilité, constance, respect…), à travailler ensemble avec une méthode basée sur le renforcement positif (attitude cohérente, concentration, maîtrise de ses actes…), à aider la personne à apprendre à poser des limites (oser dire NON et OUI, cohérence du langage verbal et non verbal…), à expérimenter la séparation (attachement, détachement, retrouvailles), à établir ou rétablir des liens avec ses émotions (joie, tristesse, peur…), à retransmettre son savoir à d’autres participants (oser, valorisation, reconnaissance…), etc. Les personnes ou les enfants utilisent leur propre chien ou le chien de la Fondation comme partenaire thérapeutique. Après avoir établi un bilan initial, nous construisons avec chaque personne des objectifs individuels ou de groupe et nous offrons, autour d’une approche douce, un travail et une réflexion qui amènent les gens à puiser dans leurs propres ressources. Notre approche vise à permettre à chacun de transposer dans sa vie quotidienne les acquis et les compétences qu’il a découverts dans la relation qu’il a avec son chien. Nous travaillons dans le cadre de nos compétences et de nos limites et ne nous substituons en aucun cas aux psychiatres et aux psychothérapeutes. Une histoire… Suite à un grave accident de cheval (TCC), Jeanne, jeune fille de 12 ans, était en difficultés pour exprimer, extérioriser ses émotions, maintenir ses capacités d'attention (mémoire) et gérer les situations d'échec. Elle semblait subir en permanence certaines stimulations provenant de l'extérieur, de manière stressante, ce qui l'amenait à limiter ses actions et rigidifier ses modes de fonctionnement. Dans un premier temps, Jeanne a manifesté une attention variable et peu soutenue; elle nous montrait peu de persévérance, optant pour l'abandon plutôt que la confrontation à l'échec. En l'aidant à puiser dans ses propres ressources à travers l'utilisation du chien (non jugeant donc moins de pression), elle a su faire preuve de curiosité. Elle a alors exploré différentes stratégies qu'elle a pu expérimenter et vérifier (réaction directe du chien qui perçoit tel un miroir les émotions de l’enfant). Actuellement, face à une situation "d'échec", Jeanne est capable de réagir seule et avec assurance, alors qu'auparavant elle s'enfermait dans une relation de type "plaquée" avec l'adulte ; elle donnait alors l’impression de ne pas exister, « d’être vide ». De plus, elle a su laisser exprimer sa grande sensibilité vis-à-vis du chien de la fondation, qui tient souvent un rôle de confident. On apprend à travers lui, de manière naturelle, à mettre des mots sur ce que l'on ressent (peines, joies, séparation, angoisse, mal au cœur, plaisir ou non, etc.). Jeanne a pu renouer des liens entre son ressenti et des événements qui ne sont pas uniquement liés au présent, car ces moments d'échanges avec "Mocca" le chien de la fondation ont favorisé son équilibre émotionnel et lui ont permis de relater des événements vécus. La relation entre Jeanne et ce chien a été un support très aidant. Notre travail permet également une approche concrète de la communication verbale et non verbale, autre axe important pour Jeanne, qui était en difficulté pour faire des choix, émettre une opinion ou s’opposer. Elle a appris peu à peu à parler en son nom. A travers le chien, elle a pu également aborder des thèmes plus secrets, qui la touchaient émotionnellement. Nous avons alors pu l’accompagner par rapport à son histoire de vie et reprendre avec elle certaines situations, afin de l’amener à une compréhension plus adéquate de ce qu’elle vivait et ressentait. Le chien, dans son environnement, représente un ensemble de données visuelles et attire le regard et l’attention de manière naturelle et spontanée. Dans ce contexte et au fil des séances, Jeanne s’est montrée capable d'observer de façon durable et de relater ce qu'elle voyait. Nous avons pu observer d’importants changements chez cette jeune fille. La présence du chien et les réponses qu’il donne sont de bons points de repères pour elle. Elle a pu en effet prendre conscience de certaines choses et rectifier ses réponses ; elle a alors montré des comportements plus adéquats par rapport au contexte et surtout, elle a été de plus en plus à l’écoute de ce qu’elle ressentait, en elle et pour elle. De plus, Jeanne a transposé les outils qu’elle a acquis au sein de la fondation Per Canem dans la vie de tous les jours. Elle utilise ainsi adéquatement ce qui a du sens pour elle, qu’elle a pu expérimenter et vérifier. Son évolution est constante et nous montre qu’elle est capable de progresser encore, tout en sachant qu’il faut respecter et intégrer son rythme, ses peurs et ses croyances.