30/01/2024
*** LE CONTRÔLE ET LA VEILLE ***
LE CONTRÔLE, c'est lorsque nous avons peur d'être incompétent, quand notre anxiété dirige le chien, et nous conduit à exiger de lui l'obéissance aux ordres, et des comportements "sous contrôle". C’est l’exemple que je donne dans le post précédent, celui de Madara, cette pauvre chienne sans problème, démolie par des gens qui croient bien faire, et n’écoutent rien.
LA VEILLE, c'est lorsqu’en pleine confiance, nous nous inscrivons dans la vie de notre chien comme un accompagnant, un guide qui sera présent avant-tout pour le sécuriser, le rassurer, lui donner des repères fiables et justes, mais aussi lui indiquer des limites, les mêmes d’ailleurs que lui opposeront ses congénères.
Soyons clairs, la présence du contrôle et l'absence de veille font autant de ravages. Ce ne sont pas les mêmes dommages, mais leur gravité est égale sur la psychologie du chien. Ainsi, lorsqu’on adopte un chien, les repères de la sécurisation ne sont pas une option. Malheureusement aujourd’hui, je vois autant de chiens affaiblis par la présence de l’un (le contrôle) et l’absence de l’autre (la veille).
Si vous avez peur d'être jugé maltraitant, et que cette angoisse de la tyrannie de la majorité qui confond et amalgame les termes, les ré-invente, les utilise à mauvais escient, vous amène à ne plus oser demander quoi que ce soit à votre chien, à ne plus vous opposer (et non pas vous imposer) par peur de commettre le sacrilège de la maltraitance employée à toutes les sauces (et qui minimise la maltraitance réelle par la même occasion), pensez à vos enfants, à la manière dont vous les avez accompagnés, éduqués, guidés, en leur permettant de s'adapter doucement, de prendre des décisions à leur rythme, et d’être prêt à cette vie en société qui n'est pas une option. Ils ont eu besoin de vous, de votre posture parentale, de l’exemple à suivre, et surtout de la sécurité que vous leur inspirez.
C’est exactement la même chose pour nos chiens.
- Confondre l’obsession du contrôle et la nécessité de la veille n’est plus possible.
- Amalgamer le besoin éthologique de sécurisation et la fantaisie de la hiérarchisation est une erreur grossière.
La dominance homme-chien est l'invention de ceux qui ne trouvent jamais la posture adaptée avec cet animal. Elle n’existe pas. Le savoir, en être convaincu en son for intérieur, devrait être suffisant pour ne pas éprouver le besoin d’en faire la preuve sociale, en remettant en question les fondements de la psychologie, de l'éthologie, et en tombant dans l’extrême inverse : le laisser tout faire.
Pour que le chien et l’enfant puissent s’épanouir et accéder à l’âge adulte au libre-arbitre, il ont besoin d’une figure d’exemple qui leur indique humblement le chemin, sans autoritarisme, ni laxisme. C’est aussi difficile avec le chien que ça l’est avec l’enfant. C’est ce juste milieu qui nous pousse toujours à nous demander si nous faisons les bon choix, si notre accompagnement est juste. Le simple fait de nous interroger régulièrement sur nos propres conduites et nos décisions, devraient suffire à nous rassurer sur notre humilité et notre volonté de bien faire. La réflexion sur soi est la plus belle chose au monde. En général, elle nous protège des extrêmes.
Lorsqu’il y a 30 ans, je niais déjà la posture hiérarchisante et dominatrice adoptée par la majorité du monde canin en France, j’étais décrite comme une fille rêveuse, naïve et surtout incompétente par mes pairs (que j’évitais). J’étais une petite jeune qui apprendra le métier quand elle aura à faire à des chiens difficiles. De toute ma carrière, je n’ai jamais usé d’un collier "sanitaire" (lol) sur un chien hyper-réactif, ou d’une remise en place hiérarchique chez un chien récalcitrant. Je n’ai jamais travaillé en méthode traditionnelle. J’ai pourtant 46 ans, et il fut un temps où c’était la norme imposée par les "Tontons éducateurs" qui ont formé des légions de tortionnaires.
Et aujourd’hui - c’est à mourir de rire - ce sont ceux qui ont découvert il y a cinq ans que le chien avait des émotions, qui viennent nous raconter maintenant qu’il faut le laisser en totale roue-libre, sans limite ni repères, sinon nous commettons un acte de maltraitance.
D’un extrême à un autre, c’est toujours la même histoire. Un jour, le juste milieu sera trouvé. Et là, nous pourrons discuter.
En attendant, je le répète, coercition et laxisme provoquent des dommages importants sur la psychologie du chien adulte, tout simplement parce que dans ces deux travers paroxystiques, le gardien ne prend ni conscience du manque de maîtrise qui le pousse à contrôler, ni la mesure du rôle de protection qui lui incombe, et dont il démissionne. Dans les deux cas, le chien est perdu, abîmé. Mais il trouvera l’énergie de s’en sortir avec les moyens que son gardien lui a laissés, ou infligés. C’est en général à ce moment précis que l’on nous appelle.
Cynoconsult / Audrey Ventura
*** ACTUALITÉ ***
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