30/04/2024
« 𝐀𝐩𝐫𝐞̀𝐬 𝐭𝐫𝐚𝐮𝐦𝐚, 𝐥𝐞 𝐭𝐚𝐮𝐱 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐫𝐭𝐢𝐬𝐨𝐥 𝐫𝐞𝐬𝐭𝐞 𝐡𝐚𝐮𝐭 𝐩𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐭 𝟓 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬, 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐠𝐫𝐚𝐯𝐞 »
J’entends dire par des leaders d’opinion, et répéter par leurs followers, que le taux de 𝒄𝒐𝒓𝒕𝒊𝒔𝒐𝒍 monte et reste élevé jusqu’à 5 jours après un trauma unique, et que c’est sérieux à grave, parce que témoin de la souffrance de l’animal (humain).
Qu’en est-il ?
Après un trauma / stresseur conséquent unique, l’organisme répond pour retrouver son équilibre (homéostasie) : cette réponse s’appelle le stress. Il y a plus de 40 modifications bio-électro-chimiques qui commencent par la libération d’adrénaline, suivie de libération de cortisol, puis de DHEA, etc. Par simplification (abusive), les scientifiques ont décidé de se limiter au cortisol (facile à tester au niveau salivaire, sanguin, ou urinaire) comme témoin / indicateur du stress.
Mais que fait le cortisol ? Essentiellement, le cortisol active la transformation de glycogène en glucose, augmente le glucose sanguin, et augmente le glucose accessible aux mitochondries, pour fabriquer de l’ATP, la monnaie énergique universelle des cellules : plus d’ATP permet de booster le mécanisme de réparation de l’organisme après stresseur.
Dans une étude, quand on compare un groupe d’humains stressés par le même trauma, ceux qui ont un taux de cortisol bas à 08:00 h le lendemain du trauma, montrent plus de SPT (syndrome post-traumatique)que ceux qui ont un taux de cortisol élevé. Dans une autre étude, le traitement des traumatisés avec taux de cortisol bas, par 10 mg d’hydrocortisone pendant plusieurs jours après trauma, permet de réduire le risque de SPT.
Dès lors 𝑙𝑒 𝑐𝑜𝑟𝑡𝑖𝑠𝑜𝑙 𝑒́𝑙𝑒𝑣𝑒́ (𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑛𝑜𝑟𝑚𝑎𝑡𝑖𝑓) 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑞𝑢𝑖 𝑠𝑢𝑖𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑢𝑛 𝑡𝑟𝑎𝑢𝑚𝑎 𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛 𝑡𝑒́𝑚𝑜𝑖𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑟𝑒́𝑝𝑎𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙’𝑜𝑟𝑔𝑎𝑛𝑖𝑠𝑚𝑒 qui revient en homéostasie, donc un témoin de stress positif, et pas un témoin de souffrance.
Je parle ici d’un trauma aigu, d’une maltraitance aiguë, et pas de trauma / maltraitances répétées et chroniques. Des stresseurs répétés entraînent un stress répétitif et génèrent un cortisol élevé réactivé à long terme, suivi d’un épuisement de la corticosurrénale avec burnout / hypocortisolisme.
Arrêtons de diaboliser le cortisol 😉
Après un trauma unique, une crise de colère, une insomnie, une intoxication, une inflammation, n’importe quel trauma physiologique… ce n’est pas le cortisol qu’il faut suivre, mais l’𝐈𝐋-𝟔 : 𝐥’𝐢𝐧𝐭𝐞𝐫𝐥𝐞𝐮𝐤𝐢𝐧𝐞-𝟔 est une cytokine produite par la formation réticulaire du cerveau médian (ex-système limbique, actuel noyaux de la base) : le pic d’IL-6 peut durer plusieurs jours. L’IL-6 est inflammatoire (pour le cerveau) et active la plasticité négative du stress, sensibilisant le cerveau à répondre à des stresseurs de plus en plus mineurs. Ici, sensibilisation et SPT sont synonymes.
𝑄𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑙𝑒 𝑐𝑒𝑟𝑣𝑒𝑎𝑢 𝑠’𝑒𝑛𝑓𝑙𝑎𝑚𝑚𝑒, 𝑖𝑙 𝑓𝑎𝑡𝑖𝑔𝑢𝑒. 𝐸𝑡 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑙𝑒 𝑐𝑒𝑟𝑣𝑒𝑎𝑢 𝑓𝑎𝑡𝑖𝑔𝑢𝑒, 𝑖𝑙 𝑠’𝑒𝑛𝑓𝑙𝑎𝑚𝑚𝑒. 𝐸𝑡 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑙𝑒 𝑐𝑒𝑟𝑣𝑒𝑎𝑢 𝑠’𝑒𝑛𝑓𝑙𝑎𝑚𝑚𝑒, 𝑖𝑙 𝑠𝑒 𝑑𝑒́𝑔𝑟𝑎𝑑𝑒. 𝐸𝑡 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑙𝑒 𝑐𝑒𝑟𝑣𝑒𝑎𝑢 𝑠𝑒 𝑑𝑒́𝑔𝑟𝑎𝑑𝑒, 𝑖𝑙 𝑟𝑒́𝑑𝑢𝑖𝑡 𝑠𝑜𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑜̂𝑙𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑎𝑠𝑦𝑚𝑝𝑎𝑡ℎ𝑖𝑞𝑢𝑒 (𝑟𝑒𝑝𝑜𝑠, 𝑑𝑖𝑔𝑒𝑠𝑡𝑖𝑜𝑛, 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑎𝑙𝑖𝑡𝑒́) 𝑒𝑡 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑒 𝑙’𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡𝑒́ 𝑜𝑟𝑡ℎ𝑜𝑠𝑦𝑚𝑝𝑎𝑡ℎ𝑖𝑞𝑢𝑒 (𝑎𝑑𝑟𝑒́𝑛𝑎𝑙𝑖𝑛𝑒, 3𝐹, ℎ𝑦𝑝𝑒𝑟𝑒𝑥𝑐𝑖𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛, ℎ𝑦𝑝𝑒𝑟𝑟𝑒́𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡𝑒́), 𝑒𝑡 𝑙𝑒 𝑐𝑜𝑟𝑝𝑠 s’𝑒𝑛𝑓𝑙𝑎𝑚𝑚𝑒…
Et donc, c’est bien de surveiller le cortisol réparateur après trauma, ce serait mieux de surveiller l’IL-6 inflammatoire. Mais c’est compliqué. Alors sachant que l’IL-6 augmente après trauma, et enflamme le cerveau, pourquoi ne pas ‘’jeter de l’eau sur ce feu’’, réduire le risque d’inflammation avec de la phosphatidylsérine, et panax ginseng, ashwaganda, rhodiola rosea, etc.
Et surveillons le cortisol et son cycle circadien. Et associons le cortisol, dans ce contexte d’un trauma unique, avec notre ange gardien, l’ange qui veut du bien.
🧔🏻Dr Joël Dehasse, le 24 avril 2024.
--------
Image © Dr Joël Dehasse