11/01/2025
Équitation et conscience : quand le savoir devient un devoir
Dans l’univers équestre, l’ignorance n’est pas une excuse : elle devient une limite, une injustice, non seulement envers soi-même, mais surtout envers le cheval, cet être noble et généreux qui nous offre sa confiance. Aujourd’hui, à l’ère de l’information accessible, chacun a les moyens de se former, d’apprendre et de progresser. Pourtant, malgré les nombreux outils disponibles – podcasts, vidéos, stages, livres – certaines pratiques maladroites persistent, laissant place au doute, à l’incompréhension, et parfois à l’inconfort pour le cheval.
Un paradoxe troublant surgit souvent dans les conversations : « Pourquoi certains cavaliers, avec une équitation clairement erronée, obtiennent-ils du succès ? » On observe des chevaux contraints dans leur physique, semblant se plier à des méthodes rigides, et pourtant, les résultats sont là. Ce genre de spectacle peut troubler l’observateur. « Est-ce vraiment la bonne voie ? », se demande-t-il. Mais en réalité, ces chevaux, d’une résilience remarquable, s’adaptent. Ils cherchent à bien faire, non parce qu’ils sont épanouis, mais parce que c’est dans leur nature d’accepter et de coopérer. Ce succès apparent cache souvent un fonctionnement mécanique, loin de la véritable harmonie que chaque cavalier devrait rechercher.
C’est ici que la remise en question devient cruciale. Être cavalier, c’est porter la responsabilité d’éduquer son cheval dans le respect de son bien-être, tant moral que physique. Cela exige un effort constant de réflexion, d’apprentissage et d’écoute. Pourtant, le changement est difficile. En tant qu’enseignant, on le constate régulièrement : certains élèves peinent à modifier leurs habitudes, même lorsqu’ils savent qu’une autre voie est possible. Résistance, inconfort, doute : ces émotions surviennent souvent lorsqu’on demande à un cavalier de revoir sa posture, sa main, ou sa façon de communiquer avec son cheval.
Parfois, l’insistance de l’enseignant est perçue comme une critique. Les cavaliers peuvent se sentir accablés, surtout lorsque l’instructeur pointe leurs erreurs pour les aider à progresser. Mais l’intention de ces-derniers est toujours empreinte de générosité. Insister, c’est croire au potentiel de l’élève. Et quand le déclic se produit, la magie opère : le cavalier comprend, le cheval répond différemment, et ensemble, ils accèdent à une forme de compréhension et d’harmonie jusque-là insoupçonnée.
Cependant, cette quête de progrès demande une posture humble et réfléchie. Une bonne équitation ne se mesure pas uniquement à des résultats immédiats ou à des trophées, mais à la qualité de la relation avec le cheval. C’est un art délicat qui mêle savoir-faire, empathie et respect. Le chemin est exigeant, mais les fruits sont d’une richesse incomparable : un cheval qui fonctionne librement, fièrement, et avec confiance aux côtés de son cavalier.
Alors, pourquoi ne pas se poser cette question fondamentale : voulons-nous être ceux qui imposent, ou ceux qui accompagnent ? Accompagner, c’est écouter, chercher à comprendre, et accepter de se remettre en question pour évoluer. Chaque cavalier, chaque jour, a ce choix à faire : suivre la voie de la facilité, ou celle de l’excellence, où l’harmonie prime sur la performance brute.
La véritable réussite ne réside pas dans un ruban ou dans les applaudissements d’un public, mais dans le regard du cheval, ce regard sincère qui dit : « Je me sens bien avec toi. Je te fais confiance. »
Et vous, cavalier, quelle empreinte laisserez-vous ? Celle de la contrainte ou celle de la lumière ? La réponse se trouve dans le chemin que vous choisissez aujourd’hui.
Sportivement votre, Éric