20/05/2021
*** PRUDENCE ET BIENVEILLANCE ***
Qu’est-ce qu’on l’aura attendu ce moment ! Sept mois pour être exact. 200 jours. Nos amis belges (qu’on embrasse au passage) ont eu un peu d’avance sur nous. Hop, un rayon de soleil timide, George chez belle-maman, direction un de nos endroits préférés dans l’une de nos villes de coeur : Courtrai.
C’est comme si on s’était vu hier. A part que c’était il y a 200 jours. Une place en terrasse libre, un soleil de plus en plus timide, pas bien grave. On retrouve vite ses petites habitudes lorsqu’il s’agit de se régaler. Et soudain, l’apéro arrive. Un apéro qui a un goût de liberté retrouvée, d’espoir aussi, raisonnable, mais espoir quand même. Sérieusement, on aurait pu me servir des rollmops que j’aurais eu le même ressenti. Peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse de la vie qui reprend.
Rapidement, un truc me saute aux oreilles : la fille de la gérante (qui assure le service) s’excuse pour la troisième fois depuis notre arrivée, et en français s’il vous plait : « vraiment désolée, ça fait trois jours qu’on a repris, on est encore un peu rouillés après une si longue absence ». Sourire complice et réponse qui se veut la plus rassurante possible : « pas d’inquiétude, on est à peu près du même métier, on comprend tout à fait, on n’est pas pressé et on sait ce que c’est, un service chaud ». C’est fou comme on est moins exigeants (ou plus compréhensifs) depuis qu’on est de l’autre côté de la barrière. Elle nous explique que le week-end de reprise a été fou, tout était plein partout malgré une pluie battante. Elle nous parle de « guerre », de marathon après 200 jours sans même une course à pieds de 20 minutes. Elle nous souhaite bon courage à nous, les restaurateurs français.
Depuis, je cogite à ce « bon courage ». Ou du moins à l’équilibre qu’on va tous devoir trouver dans les prochaines semaines et sans doute les prochains mois. L’équilibre entre la population (dont nous faisons partie), les commerçants (au sens super large du terme et ça inclut les restaurateurs) et la réalité sanitaire.
Une population avide de sorties, de plaisirs, de rencontres qui s’est sentie comme un lion en cage et privée de libertés fondamentales pendant plus d’un an. Des commerçants qui ont vécu une situation que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi. Certains ont tout perdu et ont passé la main, d’autres ont frôlé le dépôt de bilan, été touchés par le COVID de près ou de loin (et ça concerne bien entendu tous le reste de la population), ont perdu des proches. Certains ont maintenu un semblant d’activité et de lien avec leurs clientèles via le click and collect, d’autres ont attendu que des jours meilleurs arrivent. Je peux vous garantir que tous ont eu peur et que beaucoup sont sortis brisés, lessivés ou durablement transformés par cette période.
Tous aspirent à vous accueillir, à vous faire plaisir, à vous contenter dans les meilleures conditions. Mais il va falloir du temps, que la machine se dérouille, que les automatismes reviennent, que les nouvelles recrues prennent leurs marques, que l’espoir de lendemains meilleurs renaisse. C’est là qu’il va tous falloir se montrer compréhensifs, bienveillants, patients. Humains, quoi : vous aurez en face de vous des gens qui feront au mieux.
Enfin, il y a une situation sanitaire toujours préoccupante, une réalité qu’on aimerait tout mettre sous le tapis (moi le premier) mais qu’on aurait tort de prendre à la légère. Il y aura des protocoles à respecter, des règles qui n’amusent personne et que nous devrons (faire) appliquer. Là aussi, il faudra jouer le jeu.
Bon courage à tous pour les nombreuses réouvertures du 19 mai. Il y aura de la pluie, des sourires, des contents, des frustrés, des pintes de bière, des plats réconfortants, des retrouvailles, des secrets à partager. Et bo**el, qu’est-ce qu’on l’aura attendu ce moment !
En ce qui nous concerne, le poney-club rouvrira ses portes à emporter et en click and collect le 26, avec une terrasse à disposition. Et on a de la chance : les 14 derniers mois, vous avez été super compréhensifs, bienveillants, patients. Humain, quoi. Et merci pour ça.
Bisous bienveillants et profitez bien.
Alexandre