25/09/2023
Hier, j'étais en séance avec des personnes et leur chien lorsque nous sommes passés à proximité d'une personne et de ce qui semblait être une jeune chienne Braque Allemand. Cette dernière, en voyant le chien qui se trouvait en longe à une vingtaine de mètres, s'est mise à sauter au bout de sa laisse, visiblement fortement excitée à l'idée d'une rencontre avec un congénère. C'est à ce moment que des cris ont commencé à se faire entendre : « ça suffit », « non », « tu arrêtes », « c'est quoi ce bo**el » et autres joyeusetés verbales, sur un ton de voix bien grave, histoire de marquer encore davantage le mécontentement de l'humain. Ça a duré dix minutes. Le temps d'arriver au bout de la rue. Dix minutes de réprimande, de statique, de laisse tendue... A quel moment se rend-on compte que c'est inutile ?
Que se passe-t-il dans la tête de cette chienne ? « Mon humain est capable de m'agresser gratuitement » ? « Quand un congénère arrive, c'est un moment négatif comme mon humain s'énerve » ? Au lieu de prendre de la distance pour lui permettre de se calmer, la personne est restée en statique, en raccourcissant la laisse et en se penchant bien devant elle pour mieux qu'elle comprenne que : « je suis pas content hein ». Bien entendu, tout ceci n'a servi à rien, la chienne a encore davantage bondi dans tous les sens, de sorte à décharger cette excitation doublée de stress face à ce que son humain était en train de faire sur le moment.
Alors qu'on se le dise : s'énerver de cette façon sur un chien ne sert absolument à rien. Ce n'est pas une punition, ça n'a pas vocation à lui apprendre quoi que ce soit, c'est une décharge émotionnelle de l'humain, ni plus ni moins. Ceux qui justifieront d'une réprimande comme apprentissage ne comprennent pas que la fameuse réprimande ne signifie rien, que tout au plus certains chiens cesseront le comportement parce qu'ils craindront cet énervement.
Nous vivons dans une société qui nous fait comprendre que la coercition est la seule façon d'apprendre quelque chose, qu'il faut « engueuler » pour que « ça rentre » alors forcément... Le chien subit tout autant d'autres individus cette culture de la punition. En réalité, le fait de disputer, de « punir » fait partie d'un bagage culturel qu'il est nécessaire de déconstruire pour mieux comprendre à quel point il est éloigné de ce dont un chien a vraiment besoin dans ses apprentissages. Plus vous vous énerverez, plus vous viendrez nourrir un sentiment d'insécurité et moins votre chien sera en capacité d'apprendre quoi que ce soit.
Une décharge émotionnelle peut arriver quand l'humain est à bout mais dans ce genre de moment, apprenez à prendre du recul directement : ce n'est pas votre chien qui est responsable de vos actions. Prenez la responsabilité de vos émotions, de votre agacement, de votre colère même parfois. Ne justifiez pas d'un « il a besoin de comprendre » pour mieux pouvoir les décharger sur lui car ce n'est pas un argument valable. Ne vous laissez pas avoir par la pression sociale et par ces personnes qui s'attendent à ce que vous réprimandiez votre chien s'il a des « comportements indésirables ». Au lieu de ça, prenez de la distance, respirez, laissez votre chien vaquer à ses occupations pendant que vous reprenez contenance. De la même façon que vous ne crieriez sur une autre personne parce que vous êtes énervé(e), votre chien est un individu à part entière qui n'a pas à subir vos accès de colère.
© Toutougether - Nicoline Droogmans
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