18/06/2023
Intéressant
TSA, TDA(H), Neurodivergence vs. Neurotypique & (neuro)Ordinaire 🙀
Trouble du Spectre de l’Autisme, Trouble de Déficit d’Attention (avec/sans Hyperactivité)…
Trouble ? 🤔
Pourquoi ‘trouble’ ? 🤔
Il y a ‘trouble’ quand il y a difficulté à s’adapter, (dis)stress, avec ses répercussions sociales, psychologiques et physiologiques, c’est-à-dire ‘’maladie’’.
80% des chiens et des chats que je vois pour des difficultés psy-comportementales compatissent avec les TSA et TDA(H) et autres neurodivergents parce qu’ils ont du mal à s’adapter au milieu dans lesquels ils sont forcés de vivre (emprisonnés ?).
Pourquoi ?
Parce que le milieu de vie, l’environnement, la société, sont conçus par et pour les Humains (Ordinaires) NeuroTypiques droitiers. 🥱
Plus on dévie de la moyenne du 'Spectre Ordinaire', plus on a des difficultés à s’adapter, plus on est marginalisé, ostracisé et désigné sous le nom de ‘trouble’.
Dans un monde d’Asperger ou d’Hyperactifs (*), les neurotypiques seraient ils classés, marginalisés, ostracisés dans le Trouble du Spectre de l’Ordinaire ? 😅
La neurodivergence (neurodiversité) est bien une divergence (diversité) de structure et de fonction neuronales.
Je parle pour les humains, les chiens, les chats, les primates, les chevaux… tous les animaux.
Les ganglions de la base (Basal Ganglia, BG) (les ‘’puppet masters of the brain’’ (Chantel Prat)), trient et réduisent l’information sensorielle des noyaux occipitaux (vision) envoyée au Préfrontral chez les neurotypiques, mais intensifient cette information sensorielle envoyée au Préfrontal chez les (T)SA et probablement aussi chez les (T)DA(H).
Le Préfrontral neurotypique a 2-3 informations pertinentes sur lesquelles choisir ses décisions d’action (en conscience), le Préfrontal neurodivergent est noyé de 40-50 informations dans lesquelles il doit faire le tri, ce qui prend du temps et beaucoup d’énergie, avant de choisir une action la plus pertinente dans le moment présent (qui est déjà passé quand la décision tombe). Le DA réagit à toute information, ou quand il est focalisé (ce qui coute de l’énergie) il est frustré de toute distraction. Le SA entre dans des routines et stéréotypies, le temps de trier l’information ; le SA va fuir les lieux où il y a beaucoup d’interaction sociale parce que c’est juste indigeste pour son cerveau.
‘’Qui se ressemble s’assemble’’ est une vérité pour les cerveaux : les cerveaux sont attirés par les cerveaux qui fonctionnent de la même façon qu’eux. C’est démontré en fMRI (chez les humains).
Mais faut-il pour autant être ‘raciste’ envers les cerveaux qui ne fonctionnent pas de la même façon que le nôtre (ils ont une autre Nature-structure et une autre Culture-structure), les nommer ‘’trouble’’, parce qu’ils troublent notre bonne vision-organisation de la vie?
Le chat haret, solitaire, avec tolérance sociale des humains, avec ses (intolérances de perturbation de ses) routines, et avec ses stéréotypies de frottement (à tout) et d’auto-léchage, et avec sa sensibilité aux patterns (info extra dans un ‘bruit blanc’) est-il un Aspie, un modèle de SA (Spectre de l’Autisme, moi je dis Spectre de l’Artistisme 😉)?
Le chien avec ‘gain de fonction’ comme [attaque + mordant tenu], comme [approche + contournement + poursuite = (shep)herding], comme [courir + aboyer = chien ‘courant’], comme [je bouge + je bouge + je bouge + … = Hyperactif, souvent HP, parfois DA], etc. peut-il échapper à ses structures neuronales (neurodivergentes) modifiées par spécialisation de fonction ?
Peut-on changer les structures (et donc fonctions) neuronales d’un neurotypique ou neurodivergent ? Non ! La neurodiversité est structurelle et peu modifiable (après l’adolescence, parce qu’avant l’adolescence, il est possible d’influencer la structure).
Quelle résilience possible pour un neurodivergent dans un monde neurotypique ?
On peut faciliter les connexions entre les (modules de) neurones : ‘’neurons that fire together, wire together’’ (Hebb). Créer et faciliter les connexions entre neurones (neurobique, conditionnement associatif,…) permet aux cerveaux XYZ de s’adapter (devenir résilient) dans une certaine mesure aux environnements inhabitables (pour XYZ). On peut renforcer les connexions entre structures neuronales résilientes par activation des voies neuronales à dopamine (R+, conditionnement opérant, shaping…). On peut faciliter le triage d’information sensorielle par médication, désensibilisation (DS), pour faciliter l’habituation (= résilience).
Je plaide pour
-la compréhension de la neurodiversité,
-la reconnaissance et l’acceptation des neurodivergences,
-la sortie des neurodivergences de la pathologie (arrêtons de parler de ‘trouble’)
-l’optimalisation de l’environnement à chaque individu dans le respect de sa typologie neuro dans l’idée d’un ‘spectre de’ X, dans le sens d’une ‘continuité’ entre plus-adaptatif et moins-adaptatif
-la collaboration de tous les animaux (humains et bonobos** inclus) dans la facilitation de la résilience des neurodiversités…
Cela fait plusieurs mois que je voulais parler de la neurodiversité, des neurodivergences, que je cherche (et trouve) les chiens et chats neurodivergents, et que je constate que quand un propriétaire apprend que son chien est (T)SA, il le comprend et le respecte, et l’aime plus facilement.
Dr Joël Dehasse, le 18 juin 2023 🥳
Notes :
* : le % de neurodivergents dans la population humaine ne cesse de croître : les neurotypiques seront bientôt minoritaires 😉
** : voir mon Post du 6 juin 😅
À lire absolument : Chantel Prat. The Neurosciences of You. Dutton, Penguin, 2022.
Découvert en browsant Internet à la recherche d’images : Kathy Hoopmann. All cats are on the Austism Spectrum.
Image © Binniecat. Tumblr.com, extraite de : https:/aspergerhuman.wordpress.com/2018/02/27/visual-feelings-asperger-emotion/