19/01/2023
48 HEURES D’ÉTAT DE CRISE 🙂
Dans les situations d’urgence et désespérées, l’Histoire nous a maintes fois montré à quel point l’homme sait employer les grands moyens pour manipuler l’opinion publique. Parmi les solutions de la dernière chance, il a souvent recourt à la peur et à la désinformation. Depuis 48 heures, nous en avons un croustillant aperçu. Le monde de l’éducation canine coercitive s’émeut, et s’est mis en branle. La réactivité, nous sommes accoutumés à l’analyser. Figurez-vous qu’ici, c’est encore plus facile à comprendre qu’avec le chien le plus réactif qui soit.
C’est voté à l’Assemblée (le Sénat doit donc encore voter) : Les colliers étrangleurs, électriques et à pointes sont désormais interdits en France, comme en Suisse, en Finlande, au Danemark, en Slovénie, en Australie, etc. Pour la majorité des professionnels français, c’est une mesure évidente que nous attendions depuis fort longtemps. Il s’agit d’un revirement de nature à préserver le bien-être animal, sur lequel nous avançons. Pour la plupart des particuliers, il était temps que la France se mette au diapason.
Mais pour les professionnels de l'éducation canine n’ayant jamais appris à appréhender l’agressivité (ou la réactivité) autrement que par la contrainte et la violence, c’est une catastrophe.
Mettons-nous un peu à leur place, et tentons de comprendre la raison pour laquelle ils en viennent à des extrémités pour le moins hallucinantes. Comment vont-ils travailler désormais si l’Etat leur interdit d’utiliser des outils pour menacer, contraindre, étrangler, et réussir à détruire toute velléité de colère chez un chien ?
Pour eux, l’heure est grave. Ils jouent le tout pour le tout. Et ils le savent. Alors depuis 48 heures :
- Nous avons ceux qui, pour justifier le recours à ces outils moyenâgeux, répandent allègrement la psychose depuis le vote de la loi. Ils nous publient alors des photos de molosses en pleine agression d’un enfant, arguant que la seule manière de stopper un chien qui verrouille sa mâchoire, c’est de l’étrangler. En désinformation, il s’agit d’une technique assez simpliste qui consiste à transformer une situation extrême en un principe de base, afin de manipuler par la peur. D’un cas isolé, on construit une normalité. Celui qui voit la photo est horrifié (c’est normal), et la peur qu’il ressent l’amènera à penser que finalement, le collier étrangleur est nécessaire. La peur est capable de nous faire changer d’avis, de nous faire réaliser le pire. Ils le savent très bien. C’est sur ce mécanisme qu’ils maintiennent leur existence depuis longtemps.
- Nous avons ceux, un peu plus fins mais non moins retors, qui utilisent la poésie pour tenter de nous faire avaler la pilule. Ils vont alors essayer d’adoucir les moeurs (ou de les endormir), en employant des termes alambiqués qui justifieraient l’existence du « collier en position gourmette » ou du « collier en position musicale ». Non, ce n’est pas une blague. Ces métaphores sont employées pour définir le collier à chaîne, appelé aussi « collier sanitaire ». Après tout, la gourmette est posée sur les nourrissons. Pourquoi pas sur un chiot ? C’est sur cette contorsion des termes qu’ils sont parvenus jusqu’ici à travailler. Ne nous laissons pas duper.
- N'oublions pas ceux qui, au bout de leur argumentaire prônant la recours à la violence, vont tomber dans le machisme le plus décomplexé sans même sans rendre compte. En totale roue libre et, en désespoir de cause, ils vont nous plaindre, nous, "les femmes de petit gabarit". Ils se demandent comment nous allons bien pouvoir continuer à travailler. RIRES DE LA RÉDACTION. Mais c'est une question qui les taraude - eux - en ce moment-même, et du coup, ils en font une généralité. Qu'ils se rassurent. Nous sommes très sereines sur le sujet. Nous n'avons jamais eu besoin de toute cette mascarade pour rééduquer des chiens de tout gabarit. Peut-être parce que, contrairement à eux, nous ne recherchons pas la gloire à court terme. Nous travaillons discrètement, éthiquement et sérieusement.
- Nous avons aussi ceux qui vont manier (assez maladroitement, il faut bien le reconnaître) le levier de l’humour. Ils vont poster la photo d’un collier rose ridicule, et vous annoncer que désormais, c’est ce collier qui sera de rigueur pour votre malinois, ou votre cane corso. En même temps, ils nous font indirectement la grâce de reconnaître d’eux-mêmes que la décision parlementaire les ébranle fortement. Sinon, pourquoi autant de réactivité et d'imagination pour se défendre ? On n’en demandait pas tant.
- Il y a enfin ceux qui tentent de jouer avec notre pitié, expliquant que l’interdiction va augmenter le nombre d’abandons et d’euthanasies des molosses, géants et réactifs. C’est assez capilotracté et poussif d’essayer de faire croire que l’attachement à un chien de grand ou gros gabarit ne tient qu’au type de collier qu’il porte. A la place des personnes concernées je le prendrais mal.
Pour avoir exercé la profession de journaliste pendant très longtemps, je peux vous dire que ces méthodes de manipulation des masses, je les repère dans une pièce noire, les oreilles et le nez bouché. Elles sont employées depuis des lustres par ceux qui se sentent menacés, ou dans les situations d’urgence ultime. Ne nous y trompons pas. Les professionnels dont nous parlons sont en proie à une émotion dont ils essaient tant bien que mal de se débarrasser depuis 48 heures : la panique. Leurs publications ne sont que l’aveu d’une incompétence notoire qui va, à moyen ou à long terme, les empêcher d’exercer un jour, comme c’est déjà le cas dans certains pays très proches de nous. On y vient, doucement, mais sûrement. La France est lente certes, mais elle y viendra. Ce sera grâce à nous tous, et aussi grâce à l’ampleur que prennent les mouvements militants pour les droits des animaux.
Les députés parlent désormais de voter des lois qui instaureront des contrôles réguliers, non seulement des professionnels de l’éducation mais surtout, des formateurs (installées eux-mêmes sans formation aucune).
L’ACACED ne suffira plus à exercer.
Rira bien qui rira le dernier.
Cynoconsult