17/10/2024
LE MANQUE D’AUTONOMIE ET DE SÉCURISATION
Ou LA VOIE TRACÉE VERS L’ANXIÉTÉ ET L’AGRESSIVITÉ
Pour un chien, interagir tranquillement avec son environnement est naturel et formateur. Pour le chien, l’interaction ne signifie pas forcément qu’il va entrer en contact. Une observation, une prise d’odeur, une communication à distance le met en situation de rester serein et dans un premier temps, rassuré, avec nous, son gardien.
Les concepts d’autonomie, de responsabilisation, de libre-arbitre, d'analyse de l'environnement, de distance, d'intégrité mentale et physique ne sont pas que des mots utilisés pour faire joli. Ils sont la clef de la confiance en soi du chien.
Aider un jeune chien à développer sa cognition, à se développer personnellement, à accéder à la connaissance de lui-même apparaît alors essentiel car ces manques sont des allers simples pour l’anxiété, l’insécurité, l’agressivité.
Par exemple, un chien dont le besoin naturel d’évitement est respecté sait ce qu’il doit faire pour s’adapter à une situation. Il la vivra de mieux en mieux, la maturité aidant. À l’inverse, un chien dont les besoins d’évitement sont ignorés au profit de l’obéissance, perd la faculté de s’adapter de manière pacifique, et peut passer à l’agression systématique.
Connaissance de soi, autonomie et adaptabilité sont indissociables.
Pour l’enfant comme pour le chien, élever (au sens propre du terme) et éduquer, c’est accompagner dans le développement personnel, faire « évoluer » en somme.
Le développement personnel du chien passe obligatoirement par le développement de son autonomie. Dans cette vision de l’éducation que j’aime appeler « éducation développante », l’obéissance n’a aucune place. Ce qui ne veut pas dire que des limites ne seront pas posées. Si l’obéissance n’a pas sa place, c’est tout simplement parce qu’elle n’aidera jamais le chien à accroître ses compétences de décision sur ce qui est bon pour lui. Il attendra que nous lui disions ce qu’il doit faire, nous qui, dans la grande majorité des cas, n’en savons pas plus que lui.
Dans cette optique, sanctionner une émotion est un non-sens.
Inhiber un comportement adaptatif, fut-il dérangeant, est une voie sans issue.
Contrôler nos chiens revient à se tirer une b***e dans le pied.
Comme l’a si bien écrit Noam Chomsky, « L’éducation ne consiste pas à remplir un contenant mais, bien plutôt, à accompagner l’éclosion d’une plante ».
Exemples de difficultés réelles liées au manque d’autonomie et à l’insécurité personnelle, les destructions, malpropretés et aboiements en absence, l’agressivité envers le gardien ou envers les autres chiens à l’extérieur. Une bonne partie du problème demeure la relation bâtie avec le chien et la façon dont il est appréhendé depuis toujours, sans comprendre que l’absence de limite saine et de repères rassurants sont néfastes, tout comme l’absence de maturité. Ici, on ne saisit pas qu’un chien appréhendé comme un bébé, aura son estime de soi en berne.
Chien qui n’a pas appris à apprécier la solitude… Chien qui ne connaît pas ses besoins, ses limites… Chien qui ne se connaît pas lui-même… Chien dont le gardien est le centre de l’univers… Chien si peu sécurisé qu’il prend la charge de la protection de tous… Chien agressif… Chien anxieux… Chien qui se cherche… Chien qui cherche désespérément la sécurité… Chien qui se mesure aux autres pour savoir où il se situe… Chien qui a une mauvaise perception de lui-même… Chien qui n'a pas confiance en lui... en son gardien... en l'homme...
Le manque d’autonomie et de sécurisation peuvent causer une incapacité totale à évaluer la réalité d’une situation, à prendre du recul par rapport à un événement. Quel que soit le problème du chien, et même si d’autres facteurs peuvent entrer en jeu, le manque d’autonomie et de sécurisation est un véritable problème de société. Nous devons absolument réapprendre ce que signifie vraiment « éduquer », « développer » et « sécuriser » l’être que l’on a placé sous notre garde. Et cela ne consiste pas seulement à lui faire choisir ce qu’il veut manger. ;-)
AUDREY VENTURA / Cynoconsult
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