Perception équine, comportementaliste pour chevaux

01/02/2024

Une idée très répandue au sein des écuries, c'est qu'il faut faire bouger le cheval, et pour cela, on place le cheval en liberté dans un rond de longe, un manège ou une carrière et on le fait courir, principalement au trot ou au galop.

A l’état semi-naturel, le trot et le galop sont principalement utilisés :

- pour fuir lors d’une situation de menace pour le groupe
- lors des parades sexuels
- lors des combats entre étalons
- pendant le jeu

On peut aussi parfois observer ces allures plus vives lorsque les chevaux accèdent à un élément qui a tout leur intérêt.

(Au hasard) en conditions domestiques, une nouvelle parcelle enherbée qui vient d’être ouverte.

Cependant, c'est bel et bien le pas qui est majoritairement utilisé par les chevaux, lorsqu'ils s'alimentent ou se déplacent Autrement dit, le pas répond à leur besoin de mouvement.

Alors pourquoi pense-t-on généralement qu'il faut faire courir son cheval ?

Probablement car notre oeil a été habitué à voir des chevaux qui partent au trot et au galop après avoir été mis en liberté en sortie d'écurie.
Mais ce phénomène est bien connu sous le nom d'effet rebond. Quand un cheval a été privé de liberté de mouvement (souvent par une détention au boxe qui empêche de répondre à ce besoin), il va exacerber ce comportement (le mouvement) dès lors qu'il en aura la possibilité.

Ce phénomène ne devrait donc pas être pris comme une norme, comme un standard pour les chevaux. C'est une réaction en réponse à un manque.

27/01/2024

Comme un samedi soir où tu t'amuses à écrire le script d'une conversation (presque pas extrapolée) avec ton cheval.

Tout ça pour vous dire qu'à mes yeux les interactions avec les chevaux doivent être basées sur un dialogue, une conversation, où chacun à son mot à dire à parts égales idéalement. Chacun peut proposer, chacun peu insister, chacun peut dire oui, chacun peut dire non.

17/01/2024

Je rencontre souvent des personnes qui perdent confiance en elle et en leur cheval à force d'être confrontées à un problème de comportement qui dure depuis des semaines, des mois, voire des années. Et bien entendu, c'est tout à fait normal, de se décourager alors qu'on essaye d'améliorer la situation sans y parvenir. Le sentiment d'impuissance peut vite pointer son nez.

Si vous ne vous sentez pas d'affronter la situation, alors ne le faites pas !
Vous allez à coup sûr vous mettre, votre cheval et vous-même, en situation d'échec.
Manque de confiance -> situation d'échec -> manque de confiance -> situation d'échec. Et le serpent se mord la queue.

Se mettre en situation de réussite, cela veut dire concrètement AJUSTER des critères et des attentes que l'on avait placé trop hauts !
Ce n'est pas rétrograder. Je le précise car nous avons souvent l'impression "d'être nul(le)" quand on place nos attentes plus bas sur l'échelle de la progression.
En réalité, on ne les place pas plus bas. On les place simplement là où ils ont besoin d'être à ce moment précis.

Nous avons aussi souvent tendance à nous sentir "nul(le)" car le cheval du voisin ne pose pas de problème, Lui.
Oui mais, le cheval du voisin, c'est le cheval du voisin. Une autre histoire, un autre individu, un autre humain en face et certainement d'autres difficultés (Certaines dont vous n'avez peut-être même pas conscience ! Si si je vous assure).

En bref, pour 2024, j'aimerais donc souhaiter mes voeux à toutes les personnes découragées par les problèmes rencontrés avec leur cheval. Commencez toujours par vous mettre en condition de réussite !

Et si vous ne savez pas comment faire, n'hésitez pas à venir échanger 😊

25/12/2023

Je vous souhaite à toutes et à tous d'excellentes fêtes de fin d'année 🤶🎅🥳

On se retrouve à partir du 8 janvier 2024 pour de nouveaux partages autour du comportement et du bien-être des chevaux 🥰

En attendant, prenez soin de vous et de vos chevaux !

21/12/2023

"Pourtant je ne lui ai pas demandé grand chose"

Combien de fois j'ai dit cette phrase après avoir été surprise de l'état émotionnel d'un cheval (ou du mien) au regard de ce que je venais de faire (c'est-à-dire ce que l'on pourrait considérer comme étant peu de chose).
Et combien de fois je me rappelle à l'ordre ensuite en me disant : Laura, qui es-tu pour juger si ce n'était "pas grand chose" à SES yeux ?

Si le cheval réagit, c'est que ce n'est PAS "pas grand chose", c'est même tout le contraire. Ce que je viens de demander ou de faire a dépassé son seuil émotionnel du moment. Point barre.
Je n'ai pas à juger de son état émotionnel, j'ai en revanche besoin de prendre cette information, et de m'adapter en conséquence.

Alors je ravale mes mots qui n'apportent rien et je réfléchis aux solutions qui vont me permettre de trouver cet équilibre instable : mettre un peu dans le orange sans tomber dans le rouge. Améliorer sans outrepasser.

14/12/2023

Outre la sensation d'avoir rédigé une démonstration mathématique, mes pensées sont pour ma chère (et tendre) collègue qui m'a partagé une vidéo qui illustrait à merveille ces réflexions.

Si un cheval ne répond pas à notre demande, est-ce vraiment parce qu'il n'a pas compris la demande ? Devons-nous être noir ou blanc : nous demandons, le cheval s'exécute ?

Un comportement ne peut être abordé uniquement sous un seul angle de vue.

07/12/2023

Je trouve personnellement que nous avons des attentes énormes vis à vis de nos chevaux.

🚩 Parfois nous ne savons pas ce que nous attendons d'eux.
Nous sommes donc incapables de communiquer à nos chevaux une orientation, puisque nous sommes nous-mêmes perdus. Nous prions alors pour que nos chevaux réfléchissent à notre place et nous proposent LE bon comportement.

🚩 Parfois nous avons une idée de nos attentes mais nous n'arrivons pas à les exprimer à notre cheval, nous sommes confus et vague dans notre communication mais nous voudrions qu'il comprenne instantanément nos gesticulations insensées.

🚩 Parfois nous avons des attentes tellement hautes que nous oublions que notre cheval ne sait déjà pas écrire la lettre A que nous lui demandons de réciter l'alphabet.

🚩 Parfois nous disons un jour Oui, un jour Non. Nous sommes incohérents et inconstants dans notre façon d'être, notre communication ou nos attentes. Un peu comme lorsqu'on interagit avec une personne qui change d'avis comme de chemise, cela ne vous stresse pas vous ?

Les chevaux en apprentissage (ou n'ayant pas eu de bons apprentissages) sont souvent perdus, parce qu'on ne leur donne pas les clés pour nous comprendre.

Par exemple, notre cheval s'impatiente à nos côtés et ça nous agace.
Mais lui avons-nous appris à rester arrêté 4 pieds au sol dans le calme dans cet environnement là ?
Lui avons-nous communiqué ce que nous attendions de lui à ce moment-là ? Sommes-nous raisonnable dans nos attentes ? Notre cheval est peut-être capable de nous attendre "sagement" pendant 1 minute parce qu'on le lui a appris mais pas 10.

Tous ces éléments sont à mes yeux importants à questionner quand nous interagissons avec nos chevaux.
Si nous ne sommes pas vigilants, évidemment que le cheval va "mal se comporter", il peut stresser ou être frustré par ce manque de clarté, de compréhension ou par le niveau d'exigence attendu.

Voici quelques questions que je me pose quand je rencontre une difficulté :

✔️ Sait-il le faire ?
✔️ Lui ai-je dit ce que j'attendais de lui ?
✔️ Quel est son état émotionnel ?
✔️ Peut-il le faire dans ces conditions ?
✔️ Quel niveau d'attente puis-je espérer (délai de réponse, qualité de la réponse, durée de la réponse) ?

Et vous, vous vous posez quoi comme questions pour éviter l'écueil des attentes déçues ?

01/12/2023

Je vous l'avais promis pour Novembre, j'ai un jour de re**rd. Mea culpa.

La question de la fonction (du pourquoi) du jeu entre chevaux adultes n'est pas encore vraiment élucidée.

Si jeu social il y a entre adultes, il prend souvent la forme de "jouer à la bagarre", c'est pourquoi on peut parfois le confondre avec du combat.

Et vous, dans quel contexte observez-vous des chevaux adultes jouer ?

23/11/2023

Derrière chaque mot il y a toujours les définitions que chacun s'en fait.
Si on demande à une personne de définir la notion de choix, elle le fera comme ceci, l'autre comme cela. Idem si vous demandez à des personnes de vous définir ce qu'est le contact en équitation ou la légèreté.

Alors au-delà des mots, ce qui semble surtout important c'est de s'accorder sur la définition que l'on donne à chaque mot. Et là encore, ce n'est pas toujours chose aisée.

J'ai souhaité aujourd'hui vous partager des définitions que j'ai trouvé très intéressantes sur certaines notions qu'on entend souvent dans l'industrie du cheval et qui ne seraient, à priori, pas toujours en adéquation avec les définitions utilisées dans une perspective d'étude du bien-être animal (BEA).

Ces définitions sont issues d'une conférence sur le choix et le contrôle dans la vie des animaux. Si le sujet vous intéresse cette chouette conférence est disponible sur Animal Welfare Expertise (en anglais).

20/11/2023

Un grand merci à toutes les personnes qui m'ont fait confiance cette année et qui continuent de me faire confiance.

Voilà tout juste 1 an que j'ai lancé une activité de comportementalisme pour les chevaux en parallèle de mon autre travail.

Ma motivation principale était de pouvoir apporter une meilleure lecture et compréhension des chevaux à ceux qui se posent des questions (ce qui arrive souvent quand on rencontre une problématique qui perdure et qu'on n'arrive pas à résoudre).

Derrière chaque problématique ce qui m'intéresse avant tout c'est de comprendre les motivations du cheval à produire ce comportement plutôt qu'un autre. Il est difficile d'avoir la réponse en une fois, mais ce qui est certain c'est que c'est par là que tout commence.

Je vous retrouve donc pour une nouvelle année avec je l'espère plein de nouveaux outils de travail et des projets qu'il faut désormais mener à bien !
Je n'oublie pas non plus de continuer à me former (mais je crois que ce genre d'oubli m'est impossible).

Prenez soin de vous et de vos chevaux.

Laura.

16/11/2023

Un autre point essentiel : se sentir bien soi-même, car je remarque que c'est souvent quand on se sent impuissant ou qu'on est à bout émotionnellement qu'on finit par y avoir recours.

12/11/2023

Excellent article résumé par l'APDSE sur le sommeil des chevaux hébergés individuellement versus en groupe.

Les chevaux ont besoin de vivre en groupe mais ils ont aussi besoin d'espace (et de sommeil).
Malheureusement la majorité du temps les abris sont trop petits pour permettre à tous les chevaux de s'abriter / se reposer / dormir en même temps. Si le temps de repos est perturbé cela a nécessairement un impact sur leur bien-être.

Les hébergements en groupe sont de plus en plus préconisés pour le bien-être des chevaux, mais quelle est la taille de la zone de couchage requise pour que chaque individu puisse se reposer convenablement ?

09/11/2023

Parce qu'il élabore des stratégies machiavéliques pour me compliquer la vie ?

Non.
Simplement, parce que son côté du pré est moins sympa à ses yeux que l'autre côté.

Reste plus qu'à savoir pourquoi il trouve que son côté est moins sympa et trouver un moyen de l'aider :-)
(ou de lui apporter un peu de joie comme dirait ma chère amie .entente)

29/10/2023

Les chevaux n'ont pas fini de nous surprendre 🥰

22/10/2023

Dans le milieu du cheval, on a tendance à croire que c'est en laissant galérer les chevaux qu'ils vont apprendre.
Pourtant, en facilitant les choses, on les mets en situations de réussite, on les rends plus confiants pour les prochaines situations similaires à venir et on renforce notre relation.

Alors pourquoi leur compliquer la tâche alors qu'on peut la rendre simple ?

15/10/2023

Un comportement ne sort jamais de nul part.

En psychologie comportementale, on dit qu’un comportement a une fonction.

Un comportement se produit soit pour :

- éviter quelque chose (ex: un prédateur),
- obtenir quelque chose (ex: pomme tombée d’un arbre).

Ce quelque chose peut être d’origine interne (ex: une sensation de faim) ou d’origine externe (ex: quelque chose qui bouge dans le buisson d’à côté).

Quand votre cheval exprime un comportement, vous pouvez vous posez la question suivante :

- Qu’est-ce-que mon cheval cherche à éviter ?
- Qu’est-ce-que mon cheval cherche à obtenir ?

Associées à ces comportements, il y a aussi des émotions. Quand on cherche à éviter quelque chose, l’émotion associée est souvent déplaisante. Quand on cherche à obtenir quelque chose, l’émotion associée est souvent plaisante.

Une première étape vers une meilleure compréhension de notre cheval est donc de savoir quel message se cache derrière son comportement. Cherche-t-il à éviter ou à obtenir quelque chose ? Quelle émotion vous semble associée à ce comportement ?

Crédit photo : Sarah H.

08/10/2023

Autrement dit, les compléments calmants sont tels que leurs noms l'indiquent destinés à être des compléments. Ils ne sont pas une fin en soin. Ils sont là pour vous apporter du soutien temporaire, si nécessaire, mais la solution est à trouver ailleurs que dans leur utilisation prolongée.

Et ceci vaut pour les chevaux comme pour les humains 🙂

01/10/2023

Et croyez moi, je les ai toutes faites ces entourloupes 😅

Et vous ? 🙈

25/09/2023

Le mois dernier je vous annonçais un changement dans mes prestations, je vous explique enfin pourquoi.

En réalité, ce n’est pas tant dans la forme que les prestations vont changer, mais plutôt sur le fond.

Quand j’ai lancé l’activité de comportementaliste équin, j’avais bon espoir de pouvoir vous apporter le maximum en une séance de bilan de 2h, en voulant tout dire et tout faire, mais je m’aperçois que ce n’est pas un fonctionnement optimal.

Grosso modo, sur un bilan je dois :

Vous découvrir, découvrir votre cheval, son environnement, identifier ce qui peut être en cause dans la problématique, tester des hypothèses, vous voir en pratique, vous expliquer toutes les notions en jeu et comment mettre en œuvre la ou les premières stratégies proposées.

Pour faire tout ça, une seule séance ne suffit pas car ni le temps, ni la concentration ne permettent de réaliser tout cela. Aussi, un problème comportemental ne se résout malheureusement pas en une seule séance.

Le Bilan Comportemental sera ainsi dédié au bilan strict, c’est-à-dire faire le point sur votre situation à date et identifier les causes possibles du problème de comportement rencontré (si on ne sait pas d’où vient le problème, on ne peut pas le traiter) et les axes de la stratégie de modification comportementale.

Les séances de suivie quant à elles permettent de développer, notamment d’un point de vue pratique, les axes de la stratégie proposée qui concernent mon champ de compétence. Les exercices et protocoles éventuels sont détaillés un à un en séance de suivi de façon à se concentrer sur un seul axe d’amélioration à la fois.

Le tarif ne change pas : 80 € le bilan et 40 € la séance de suivie. Il y aura toujours un compte-rendu à l’issu du bilan (qui sera plus court et plus digeste).

Vous pouvez retrouver toutes ces informations sur mon site internet que j’ai remis à jour pour la rentrée et qui j’espère vous plaira. Seule la page intitulée ‘Comprendre la modification comportementale’ n’est pas encore disponible, elle est en cours de réécriture.

17/09/2023

Bah c’est qui alors ?

Vous avez déjà remarqué comme nous humains avons toujours tendance à rejeter la faute sur un tiers ?

Prendre notre responsabilité dans les résultats que l’on obtient, pour nous, avec les gens, avec les chevaux, c’est super difficile.

C’est comme si notre cerveau était branché sur “C’est pas moi qui ait fait !”.

“C’est pas ma faute si je suis en re**rd, il y avait des bouchons”

“C’est pas moi qui ait laisser la porte du congélateur ouverte, ça ne peut que être toi!”

“C’est pas ma faute si je n’arrive pas à galoper, il comprend rien ce cheval”

Aucune notion de psychologie humaine ne va étayer ce post car ce n’est pas mon métier, je souhaitais simplement vous partager comment je considère les résultats - bons ou mauvais - que j’obtiens dans mon rapport avec les chevaux.

Je considère simplement que le cheval n’est pas le problème. En réalité peut-être que sa responsabilité a lui aussi est engagé dans 10, 20, 40% de l’affaire mais je fais l’effort (je n’ai pas dit que c’était toujours facile !) de ne pas en tenir compte pour :

1) Ne pas être injuste avec le cheval car je trouve que lorsqu’on tient son cheval responsable de nos mauvais résultats on a envie de le punir sans aucune rationalité

2) Ne pas prendre les choses personnellement si mon cheval ne fait ou n’est pas ce que j’aimerais

2) Prendre en compte tout ce sur quoi je peux avoir de l’influence pour améliorer la situation, y compris moi

Finalement, la question de trouver un coupable n’est pas le sujet.

Le sujet c’est : comment puis-je aider mon cheval ?

Et vous, qu’en pensez-vous ?

10/09/2023

L’été est bientôt fini mais les insectes ne vont pas nous quitter si vite.

Offrir un abri aux chevaux passant tout ou partie de leur journée au pré ou au paddock permet d’améliorer leur bien-être selon une étude parue en 2022 dans le journal Applied Animal Behaviour Science.

En pratique cela n’est pas toujours possible, soit parce que les chevaux sont hébergés dans des structures n’en disposant pas et que les horaires de sortie des chevaux ne sont pas aménagées en fonction, soit parce que la mise en place d’abris nécessite un certain investissement aux personnes en auto-gestion.

A minima, pensez à protéger les chevaux avec des masques contre les insectes, voire des couvertures d’été pour les chevaux qui sont sujets à la dermite estivale.

On entend parfois dire qu’il ne vaut mieux pas protéger son cheval sinon il risque de devenir sensible aux insectes. Est-ce vrai ou faux ? Je n’ai pas de réponse scientifique à ce jour (mais si quelqu’un souhaite la partager n’hésitez pas ).

Toutefois, si vous voyez que votre cheval exprime des comportements coûteux en énergie pour “fuir” les insectes, comme par exemple agiter sa tête de haut en bas, courir dans le pré ou se rouler, soyez sympa, protégez-le.

PS : Si vous souhaitez en lire un peu plus sur le sujet (et en français), allez voir le résumé d’article intitulé “Tous aux abris !” rédigé par des membres de l’association pour le développement des sciences équines (sciencesequines.fr)

06/09/2023

Les chevaux savent décrypter nos émotions. Savons-nous lire les leurs ? 🙂

Nouvel article : Les chevaux sensibles à notre tristesse ! (1/2)

Avec ma doctorante Plotine Jardat, nous continuons à investiguer la sensibilité des chevaux à nos propres émotions. Après avoir travaillé sur la joie, la colère et la peur, nous étudions la sensibilité des chevaux à nos états de tristesse😓.
Dans ce nouvel article paru dans la r***e « Animal Cognition », nous montrons que les chevaux sont capables d’associer mentalement les expressions faciales de tristesse avec des intonations de voix triste. Cela montre qu’ils ont une reconnaissance multimodale de cette émotion (on l’avait déjà montré pour la joie et la colère).
Pour cela, nous avons testé les chevaux dans un protocole de reconnaissance multimodale. Les chevaux étaient installés dans une salle équipée de vidéo-projecteurs. On projetait devant eux deux photos en même temps : l’un d’un visage triste et un autre d’un visage joyeux, pendant qu’on émettait des voix pré-enregistrées soit tristes soit joyeuses. On répétait plusieurs fois de suite ce test pour chaque cheval, avec des visages et des voix de personnes différentes.
Les chevaux étaient filmés par plusieurs caméras afin d’analyser leurs comportements. Conformément à notre hypothèse, les chevaux n’ont pas regardé au hasard l’un ou l’autre des visages, en fonction de la voix émise. Cela montre qu’ils sont capables d’associer un visage avec la voix qui correspond à la même émotion.
>> On peut conclure qu’ils savent quelle expression faciale, mais aussi quelle voix l’humain fait lorsqu’il est triste ou joyeux. Pas mal, non ? Les humains savent-ils toujours en faire autant avec leurs animaux ?
Dans le prochain post, je vous donnerai la suite des résultats, car ce n’est pas tout ;)

lien de l'article ici :
https://rdcu.be/dlsij

[1] Jardat, P., Liehrmann, O., Reigner, F., Parias, C., Calandreau, L. & Lansade, L. 2023 Horses discriminate between human facial and vocal expressions of sadness and joy. Anim Cogn 26, 1733-1742. (doi:10.1007/s10071-023-01817-7).

03/09/2023

Le seuil de déclenchement, aussi appelé seuil de tolérance ou seuil de peur, est le moment à partir duquel le cheval est en réaction face à un stimulus. En général, c’est le moment où le cheval exprime les premiers signaux de peur (source: IFCE).

NB : Il est facile d’outrepasser ce seuil sans s’en rendre compte par un manque de connaissances sur les signaux qu’expriment le cheval ou des difficultés dans leur lecture.

Sauf que lorsqu’on dépasse le seuil de tolérance du cheval, il y a de grande chance qu’on le sensibilise.
Autrement dit, au lieu de lui apprendre à réagir moins fortement à un stimulus on lui apprend au contraire à y réagir plus fort. Cette forme d’apprentissage s’appelle la sensibilisation.

Il n’y a qu’un pas pour dire que c’est un apprentissage qui se fait dans la peur, tout du moins dans le stress.

Deux issues sont possibles :

- soit votre cheval sur-réagira de plus en plus (ce qui peut être le cas des chevaux dits “rétifs”),
- soit il se résignera. C’est ce qu’on appelle la résignation acquise. Acquise parce que l’humain apprend à son cheval à se résigner ou à sa soumettre plutôt qu’à collaborer. Quid de son état émotionnel ?

Cet apprentissage existe aussi chez nous humains !

L’exemple que j’aime bien utilisé est le suivant :

Si vous avez le vertige et que je vous dis de monter tout en haut de l’échelle je vais vous sensibiliser (et en plus vous allez finir par me détester) car j’aurai clairement outrepassé la hauteur à laquelle vous pouvez en temps normal vous situez sans stress. Et si je répète cette situation encore et encore, la vue de l’échelle finira par vous faire paniquer alors qu’initialement vous pouviez monter jusqu’à la 3e marche.

La sensibilisation est très certainement le phénomène qui se produit quand vous avez le sentiment que le comportement de votre cheval s’empire de plus en plus.

Il n’exagère pas son comportement, son seuil de tolérance n’a peut-être tout simplement pas été respecté.

Crédit photo : Lise M.

28/08/2023

Que vous ayez passé l’été avec les dauphins à Moorea, les goelands à Saint-Malo ou votre cheval à Strasbourg, je suis ravie de vous retrouver pour une nouvelle année (scolaire - oui, j’ai toujours préféré raisonner en année scolaire, nostalgie quand tu nous tiens).

Au programme pour Perception Equine :

💇‍♀️ Un changement de look

Toujours du fait maison, ne vous affolez pas, mais j’espère que vous y verrez plus clair (et moi aussi d’ailleurs).

Chaque thématique de post aura une couleur définie. Je vous le détaillerai en story car Instagram me signale que la totalité de mon texte dépasse le nombre de caractère autorisé. Oups.

⏰ Un changement de rythme de publication

Publier 2 fois par semaine c’est un peu la course dans mon emploi du temps, il y aura donc une publication par semaine uniquement à partir de Septembre.

On se retrouve toutefois en story pour des partages plus spontanés mais pas pour autant réguliers😊

🐴 Un changement dans les prestations

Je dédierai un post courant Septembre pour vous expliquer ce qui change et pourquoi je mets en place ce changement.

🤓 Les dernières formations de l’année

Il y en a tellement qui ont l’air génial que j’aimerais toutes les faire mais j’ai choisi pour cette fin d’année de continuer à me former en technique de renforcement positif

🍻 Une soirée papote avec vous autour d’un sujet pour l’hiver 2023-2024 (on en reparle bientôt)

🤩 Un stage en préparation pour 2024 avec Hélène Roche (pour la thématique exacte, je vous mettrai à contribution)

Ce qui ne change pas c’est ma motivation à vouloir accompagner les propriétaires de chevaux à mieux les comprendre afin de construire une relation équilibrée et positive pour chacun.

Bonne rentrée à tous ! 😊

Crédit photo : Sarah H. (ce mignon 🥰)

09/08/2023

Comment avoir une belle relation avec mon cheval ?
Cette question brûle les lèvres de tous (ou presque) propriétaires de chevaux.
Je vous donne la réponse ci-dessous.
Non, je rigole.
S'il y avait une réponse miraculeuse, ça se saurait 😅

Cela dit, je vous partage un élément qui m'a permis d'enrichir fortement ma réflexion autour de la construction d'une belle relation.
Il s'agit tout simplement de commencer par en comprendre la définition.

Qu'est-ce-qu'une relation ?
C'est la somme des interactions entre deux individus.
Ce qui veut dire que plus les interactions sont nombreuses et vécues de façon positive, plus la relation sera forte et perçue comme bonne.

Il y a donc ici deux notions essentielles.

Pour commencer à construire une belle relation, on peut :

- Aller voir le plus souvent possible son cheval (faire partie de sa vie quoi !)
- Maximiser les émotions positives perçues par son cheval lorsqu'on interagit avec lui (ce qui veut dire oser lui proposer une interaction :-))

Bonne réflexion.

06/08/2023

En théorie et selon le Robert (le dictionnaire), oui, c'est un choix, car l'individu peut décider à quel élément il donne sa préférence (selon les conséquences qu'il apporte).
En soit si A apporte plus de confort (ou de trucs chouettes dans ma vie que B), alors je choisis A.

En pratique, c'est une autre affaire car si A, me fait super peur, vais-je toujours avoir envie de choisir A ?
Je vais certainement faire la balance entre :
A me fait trop peur mais m'apporte un peu de confort
versus B ne m'apporte rien de chouette, mais c'est toujours plus chouette que de choisir A qui me fait trop peur.
A moins que B ne devienne tellement pas chouette que je me décide à choisir A, soit pour le confort que je vais retrouver, soit parce que la conséquence de B est devenue pire que ma peur de A, soit parce qu'aucun des choix ne me plaît et que je vais finir par faire ce qu'on me dit de faire (choisir entre la peste et le choléra, ce n'est plus vraiment un choix avantageux - mais c'est vrai Robert, ça reste un choix !).

Si vous m'avez suivi jusque là, vous voyez certainement où je veux en venir.

Se dire qu'on laisse le choix alors que les conséquences des éléments de choix ne sont pas les mêmes, ce n'est pas vraiment, selon moi, laisser le choix.

Autrement dit, se dire que le van qui fait très peur est une zone de confort versus hors du van est une zone d'inconfort (car d'effort), ce n'est pas ce que j'appellerai en pratique "laisser le choix".

Et en soit, c'est ok de se dire, je choisis de ne pas laisser le choix à mon cheval parce qu'il n'aura pas toujours le choix que de monter dans le van.

Mais si on y réfléchit vraiment, laisser "vraiment" le choix, c'est proposer des éléments de choix qui ont des avantages équivalents. Et il existe des moyens pour proposer des "vrais" choix dans la vie de nos chevaux.

Je finirai ce long discours sur cette phrase géniale que m'a partagée un jour :
"Si tu ne veux pas laisser le choix, alors ne pose pas la question".
Et j'ajouterai : "ou ne fais pas comme si tu la posais". Et sincèrement, on se sent bien mieux après.