27/03/2024
Je dis toujours à mes clients que je ne suis pas née avec les connaissances que j'ai aujourd’hui. En me formant, j'ai appris et j'ai pris quelques claques, parce que moi aussi, j'ai fait des erreurs.
Il y a toujours eu des chiens et des chats à la maison, j'ai été bénévole en SPA et j'ai commencé l'équitation quand j'avais 7 ans. L'expérience auprès des animaux, je l'avais, mais l'expertise est venue bien après.
J'avais une option hippologie-équitation au bac. Ce qui nous était demandé ne me correspondait pas. Enchaîner les parcours d'obstacles et les reprises de dressage, ce n'était pas du tout mon truc, et je pense que le début de mes remises en question date de là.
Ma première grosse claque, ça a été la première année d'école ostéo. Je me suis rendue compte de la souffrance physique des chevaux qu'on allait manipuler dans les clubs. Depuis ce jour, je ne suis remontée qu'une fois à cheval.
Plus j'avançais dans les études et plus je voyais la souffrance autour de moi : ce vieux chien traîné au bout de sa laisse parce qu'il ne suit plus le rythme, sans doute rongé par l'arthrose, ces 9 chiens sur 10 qui ont un harnais non adapté, ce chat qui ne saute plus parce qu'il a le bassin verrouillé, ce cheval qui exprime sa douleur en virant ses cavaliers et qui a un harnachement de plus en plus dur. Ça doit être ça, la déformation professionnelle de l'ostéopathe : voir les bassins figés de chaque animal quand on se promène dans la rue.
Et puis, je me suis intéressée et formée au comportement, et j'ai pris une seconde grosse claque. Oui, j'ai crié sur mes animaux quand j'étais à bout, ne comprenant pas cette énième expression comportementale, je les ai punis en les enfermant dans une pièce, ils ont même pris des tapes sur la tête et le bassin.
A force de me former, je me suis rendue compte de la douleur physique et psychologique que j'ai fait subir à mes poilus, comme j'aime les appeler.
Aujourd'hui, avec le recul, je dis souvent que lorsque l'on est "non-sachant", l'erreur est pardonnable par la remise en question. Lorsque l'on a appris, l'erreur devient volontaire et, à ce moment-là, elle n'est plus pardonnable. Parce que je ne sais pas tout, je fais encore des erreurs, j'ai encore à apprendre, mais je fais surtout au mieux, tous les jours.
Aujourd'hui, je n'utilise plus la violence, je me fais accompagner lorsque je rencontre une difficulté qui me dépasse et le suivi santé est régulier.
Aujourd'hui, je sais, j'ai appris.
Aujourd’hui, je culpabilise encore de ce que j'ai pu faire, mais ça me permet de me remettre en question et de me mettre à la place de mes clients, qui tombent parfois de haut quand je chamboule leurs croyances basées sur l'expérience.
Si c'était à refaire, je ferais sans doute le même chemin, parce que c'est celui qui m'a permis d'en être là aujourd'hui.
Aujourd'hui, je remercie chaque poilus, plumus, écaillus qui ont croisé mon chemin, qui m'ont permis de faire des erreurs, de me remettre en question et d'apprendre.
Aujourd'hui, je me pardonne, comme ils m'ont pardonné, parce que je ne savais pas.