11/01/2024
Aujourd'hui parlons de kotwasser chez le cheval, oui vous savez le jus qu'il peut parfois y avoir quand mon cheval fait son crottin, le terme kotwasser désigne notamment les cas de forte diarrhée persistante.
Aujourd'hui nous allons uniquement parler des causes si la publication vous plait alors je vous proposerai un article détaillé sur le blog du site:
Kotwasser ou dysmicrobisme intestinal, c'est le terme vétérinaire officiel (a vos souhaits), plutôt que d'étudier l'éthomologie du terme vétérinaire nous allons surtout nous concentrer sur les causes qui peuvent engendrer ce dysmicrobisme intestinal chez les chevaux? Eh bien, voici une liste des cas principaux chez le cheval que je vois de façon régulière:
- 1. Changement brutal de régime (mon cheval est à l'herbe jusqu'à fin novembre, alimentation qui est totalement inadaptée à mon cheval en raison de la non-activité du sol engendrée par la baisse des températures). Je le rentre pour le nourrir exclusivement au foin = changement brutal de régime. Vous allez me dire oui, mais le foin et l'herbe sont bien pareils, et je vous répondrai que c'est le simple opposé, et que suivant les périodes de l'année, l'herbe n'est pas la panacée (j'y reviens plus t**d). Voici un changement brutal de régime que je vois de façon récurrente.
- 2. Manque de lest : On rentre dans le plein sujet de la problématique de notre année 2023/2024 et de l'impact du réchauffement climatique. J'ai lu le commentaire d'une revendeuse en complément alimentaire qui expliquait (cette année, j'ai une hausse des demandes sur le kotwasser). Outre le fait qu'il faudra un jour réglementer la possibilité aux gens de devenir revendeur de compléments alimentaires et de devoir avoir des formations obligatoires en nutrition équine (oui, je m'égare encore).
Cette année 2023, le foin avait trois semaines d'avance, mais personne n'a pu le faire dans les temps de récolte idéal (je parle en généralité, parce qu'il est très rare que la fauche ait commencé début mai). Donc, au moment de l'épiaison, le foin est récolté pour que ce dernier conserve toutes ses valeurs nutritives optimales pour le stockage. Hors, une fois la pleine épiaison vient la floraison (là où la fécondation de la plante, chute des graines...), mais la plante continue son stade de croissance et une fois que les graines sont germées, cette dernière va se développer en tige et continuer de perdre en qualité nutritive.
Pour vous donner une idée quantifiante, en 2022, avec une année de fauche normale, j'avais une valeur moyenne des fourrages secs de 53% de digestibilité de la matière organique. Cette année, j'ai une valeur moyenne de 45%, tout comme j'ai une baisse importante de la matière azotée totale (protéine), 44grs/kilo contre 51 en 2022. Plus grave encore, l'apport cellulosique moyen de cette année est de 38%, pour vous donner une idée, la paille de blé c'est 42% de celluloses.
Cet excès cellulosique augmente la teneur du fourrage en fibre insoluble et cette diminution de la digestion de la matière organique vont avoir une tendance physiologique à accélérer le transit. Cette accélération va donc sur-stimuler la flore digestive sans pour autant augmenter l'assimilation par l'organisme. Ainsi, cela engendre des inflammations digestives, de la diarrhée, acidité lactique, dysmicrobisme (myosites, coliques, fourbures).
Ainsi, si mon fourrage a une valeur supérieure à 30% de celluloses, il me faudra obligatoirement complémenter avec un aliment ayant une teneur cellulosique maximale de 20% (tiens voilà qu'on peut parler d'aliments floconnés et se dire que ces derniers peuvent améliorer la digestibilité de la ration de mon cheval).
Je ne rentrerai pas dans la guéguerre contre les aliments floconnés et l'aliment céréalier de façon générale, car s'ils sont utilisés à bon escient, ce n'est que du positif! Comme je le disais tout à l'heure, nos chevaux "modernes" sont sédentaires et dépendent directement de l'alimentation que nous sommes en capacité de leur apporter.
- 3 dysmicrobisme par excès de glucides fermentescibles amidon. Voilà une phrase qui vient contredire ma précédente, enfin pas vraiment, les glucides fermentescibles = amidon.
On dit qu'un cheval ne peut pas recevoir plus de 100grs / 100kg de son poids par jour. Cette raison est toute simple, le cheval ne peut digérer et assimiler que très peu de quantité d'amidon en raison de la population de l'amylase (enzyme responsable de la dégradation de l'amidon dans l'organisme). Cet excès de glucide, s'il n'est pas assimilé en totalité, ira augmenter les fermentations microbiennes, augmentant significativement "les gaz", "l'acidité lactique", "les endotoxines" intervenant sur la vasoconstriction (diminution des diamètres des vaisseaux sanguins), pouvant être à l'origine de la fourbure.
Voilà donc pourquoi je milite depuis des années sur une obligation de réguler et d'obliger les fabricants d'aliments complémentaires à faire baisser le taux d'amidon dans leurs aliments, mais sans pour autant le supprimer. Nos chevaux modernes ont besoin de cette source de sucre complexe, puisque 10% de leur alimentation est composé de sucre rapide (fructose glucose = saccharose, qui est un besoin vital pour la plante pour se développer).
- 4. Dysmicrobisme par excès de matière azotée. Celui-ci, j'aurais dû le mettre en numéro 1 dans la liste des exemples, car c'est celui qui touche 99% des chevaux que j'ai en consultation, et notamment Pompom nourri exclusivement au foin à volonté à l'année, parce que je ne lui donne pas à manger, il est trop gros.
Le foin est à la nutrition du cheval ce que McDo est à la gastronomie française. Vous avez bien compris, je sais c'est un peu extrémiste parce que le foin est nécessaire pour l'apport de fibre notamment et pour respecter les besoins digestifs de nos chevaux, mais pour autant le foin c'est beaucoup de problématiques chez les chevaux "modernes" encore une fois, qui ne peut pas choisir sa propre alimentation en raison de sa captivité. Oubliez les bars à selles, les équipes pistes, les projets de permaculture... Ces pratiques ne pourront jamais offrir au cheval des milliers d'hectares de pâtures permettant à ces derniers de s'adapter aux saisons et de migrer en fonction du mauvais temps (plaine), de la période estivale (zone vallonnée).
Le foin c'est beaucoup de matière azotée en règle générale (exceptée cette année), au point qu'à 10 kilos de foin assimilés (ms), j'arrive à couvrir dans une fourchette comprise entre 90 et 100% des besoins protéiques d'un cheval au travail par jour. Alors ces chiffres varient en fonction de pas mal de facteurs bien sûr : le type de cheval, la zone géographique, la race, l'activité...
Mais c'est vraiment la cause principale, et voilà pourquoi le fourrage sec en accès libre est problématique dans le cas d'un fourrage qualiteux, sur des chevaux avec une activité faible ou chevaux aux faibles besoins d'entretien (PRE, islandais, shetland, connemara et tous les types de chevaux qui sont également sujets à la dermite, l'emphysème, le cushing, sme...).
Pour tirer un parallèle plus parlant, le foin en consommation en grande quantité, c'est un peu comme l'herbe que vous feriez pâturer fin février début mars à votre cheval, beaucoup trop riche en protéines et beaucoup trop pauvre en autres éléments nutritionnels, alors que la même herbe deux mois plus t**d (mi-avril) offre des proportions parfaites en vitamines, minéraux, acides gras essentiels... Pour résumer, l'excès de matière azotée qui est vraiment l'élément déclenchant de ses diarrhées, coliques, mal au ventre, colique ovarienne chez les juments.
Un excès de protéines dans l'alimentation peut favoriser la croissance de bactéries indésirables dans le tractus intestinal, perturbant l'équilibre de la flore intestinale. Cela peut entraîner des problèmes digestifs, tels que la fermentation excessive, la production de gaz et les coliques. Plus grave encore, une surconsommation azotée va perturber la libération ammoniacale de l'organisme et engendrer une libération intempestive, non contrôlée, favorisant le développement d'endotoxines au pouvoir pathogène, entraînant une alcalose caecolique favorable à la prolifération d'agents pathogènes (salmonelles). Cette alcanophile de la flore intestinale favorise les endotoxines responsables des accidents d'entérotoxémie (diarrhée aiguë), pouvant entraîner la mort subite chez les bovins.
Voilà pourquoi il est important de prendre le problème à la racine qu'est l'alimentation raisonnée du cheval et de faire appel à un nutritionniste équin indépendant (réellement formé). Voilà pourquoi il ne faut pas venir sur ce type de groupe uniquement à la recherche d'un complément alimentaire, et voilà pourquoi 80% des aliments complémentaires et compléments alimentaires ne sont pas adaptés aux besoins physiologiques du cheval.
Je ne parle pas volontairement des mycotoxines du fourrage qui généralement ne survivent pas à la barrière des acides chloridriques de l'estomac et qui sont un faux problème. Une alimentation excessive en protéines peut contribuer à des déséquilibres dans le métabolisme des nutriments, notamment dans le rapport calcium/phosphore. Un déséquilibre prolongé peut affecter la santé des sabots et augmenter le risque de maladies du pied, comme la fourbure associée à la vasoconstriction citée plus haut.
- 5. Dysmicrobismes par stress ou antibiotiques.
On a tous l'image d'un cheval, quel qu'il soit, qui se met à avoir une diarrhée subite au moment de l'embarquement dans un camion (endroit clos et exigu). Le cheval est une proie, chaque stimulus externe inconnu ou mal désensibilisé engendrera une réaction de stress pouvant modifier les fonctions digestives, augmentant la production de corticoïdes et de catécholamines (dopamine, la noradrénaline, adrénaline...).
Je ne rentrerai pas dans les détails des antibiotiques parce que je ne suis pas vétérinaire et je ne maîtrise pas ce sujet-là, mais certains antibiotiques peuvent ainsi engendrer des diarrhées.
Je m'arrêterai là pour les causes. Je pense que mon texte est beaucoup trop long et que pas grand monde, au final, le lira. Ou que ceux qui le liront trouveront le moyen de commenter en disant, "oui, mais mon cheval ceci" ou "c'est faux, le cheval de mon oncle qui réside chez ma mère et qui vit avec des bovins et qui a eu une ration adaptée faite par un marabout, couplée avec une communicatrice animale qui fait de la biorésonance et formée en naturopathie par le moine chaoulingue ming-su, a fait une alimentation sur mesure et ce n'est pas la cause du kotwasser de mon cheval.
Belle journée à vous, Loïc