
22/10/2024
Natural performance c’est finit !
Après plusieurs années de pratique en tant que nutritionniste équin, il est temps de tirer ma révérence. Cette année, vous l’avez sûrement remarqué, je n’étais pas vraiment présent. Cette décision a été difficile à prendre, mais j’en ai pris pleinement conscience il y a deux ans maintenant.
J’ai toujours aimé faire les choses à 200 %. Pour moi, s’investir, c’est la preuve que nous agissons avec conviction, une alchimie mêlant passion et compétences. Mais que reste-t-il quand la passion s’efface ?
J’ai aimé me former, m’ouvrir à de nouvelles choses, et aider des centaines de chevaux chaque année à aller mieux. J’ai apprécié éclairer, sensibiliser et former leurs propriétaires aux bons gestes à adopter pour une nutrition équine raisonnée.
Le terme “raisonnée” me trottait dans la tête depuis longtemps, sans que je comprenne vraiment pourquoi je l’avais choisi pour qualifier mon approche de la nutrition équine. Pendant plusieurs années, je me suis formée, j’ai cherché à développer une méthode qui respecte le plus possible la nature du cheval. Mon but était d’aller au-delà des approches classiques et de proposer quelque chose qui soit réellement bénéfique, notamment en prenant en compte les besoins spécifiques des différentes races, leurs modes de vie, et leurs conditions de travail.
Cette approche, qui semblait simple au départ, m’a permis d’être avant-gardiste sur de nombreuses pathologies comme le SME, le cushing ou encore la dermite, qui sont, j’en suis convaincue, des maladies d’origine alimentaire. Si seulement nous prenions le temps d’analyser les régimes alimentaires des chevaux en fonction de leur environnement, de leur race, et des conditions dans lesquelles ils vivent, nous pourrions prévenir bien des maux. Pourtant, on continue souvent de traiter ces pathologies de manière isolée, sans accorder assez d’importance à la nutrition qui, à mon sens, est la clé de bien des problèmes.
Je rêve qu’un jour, au lieu de simplement restreindre des chevaux ou de prescrire des traitements à la chaîne, on puisse mettre en place des commissions qui permettraient de communiquer chaque année sur les valeurs nutritionnelles des fourrages conservés, adaptés aux régions. Si nous pouvions normaliser ce métier de nutritionniste équin, souvent non réglementé, et si les professionnels de santé équine étaient mieux informés sur l’importance d’une nutrition raisonnée, alors nos chevaux se porteraient bien mieux.
Mais comme le disait si bien Voltaire : « Les médecins administrent des médicaments dont ils savent très peu, à des malades dont ils savent moins, pour guérir des maladies dont ils ne savent rien. »
Aujourd’hui, alors que je décide de tourner une page, je comprends enfin pourquoi j’avais choisi ce terme de “raisonnée”. Cet adjectif reflète, en réalité, une réponse à ma propre approche, à ce besoin de revenir à l’essentiel, de prendre soin des chevaux en tenant compte de tout ce qui les entoure, et de ne plus ignorer les leçons que j’ai apprises en chemin, parfois de manière douloureuse. Je suis arrivée à la nutrition équine par la perte d’un de mes chevaux, et c’est en prenant conscience de ce que j’avais alors ignoré que j’ai voulu ne plus commettre les mêmes erreurs, pour lui et pour tous ceux qui suivraient.
Aujourd’hui bien que l’on ne peut pas plaire à tous le monde je suis fier de tous le chemin parcouru et de tous ce qui me reste à parcourir, mais j’en suis sûr maintenant cela sera maintenant sans être nutritionniste équin, j’ai trouvé toutes les clés et l’expérience qui me manquait il y a une dizaine d’année pour offrir à mes chevaux ou aux chevaux qui me seront confiés prochainement (professionnellement ou personnellement), et je dois apprendre à me focaliser sur mes véritables passions.
Je ne conclurai pas ce texte parce qu’il n’y a pas de fin à tout cela. Je décide simplement de refermer un livre de ma vie qui m’a passionné, mais qui m’a également permis de mieux me connaître, de mieux me comprendre, et d’en apprendre davantage sur cet être si symbolique à mes yeux : le cheval.
Merci à vous pour toutes ces années d’échanges, de partages, de bienveillance, et merci de m’avoir tant apporté sur le plan émotionnel dans mon approche.
Prenez soin de vous, de vos chevaux, et de votre approche, quelle qu’elle soit. Il y a du bon dans n’importe quelle démarche.