31/03/2021
Il est plus facile de fermer sa gu**le que de pousser un coup de gu**le !
Je crois que mon âge, mon expérience et une certaine reconnaissance que j’ai dans le métier me donnent la légitimité d’aborder un sujet qui me tracasse !
Je consulte de plus en plus de chevaux infiltrés dans 8 ou 10 articulations et avec des soins de dos , de l’oreille au bout de la queue.
Des chevaux infiltrés en raison d’images radiographiques discrètement anormales … Où est le sens clinique , où est le bon sens simplement ?
Je suis horrifié.
Je ne suis pas naïf . Je ne suis pas né de la dernière pluie... j’ai infiltré beaucoup de chevaux et j’en infiltrerai toujours…Un grand sportif se fait mal, et a besoin d’être aidé. Nous devons gérer des arthropathies et des dorsalgies. Un propriétaire et un entraineur ont besoin de faire tourner leur entreprise.
Mais là, trop c’est trop !
C'est totalement irrespectueux du cheval, sa santé et son bien être, et limite escroquerie pour le propriétaire.
Certains confrères deviennent des techniciens en imagerie et des techniciens en infiltration… Bourgelat doit se retourner dans sa tombe !
L’art Veterinaire est un métier extraordinaire, fait de subtilité, de recherche, de palpation, d’écoute, de compréhension et de beaucoup de modestie.
Très proche d’une équitation légère je crois !
Si un cheval a mal partout c’est que quelque chose dans son environnement ne lui correspond pas !
La douleur est un témoin, un signal utile permettant d’éviter d’aggraver une pathologie.
Enlever les voyants rouges, c’est vouloir continuer en faisant fi des alarmes, d’où entorses, stress fractures, fractures, tendinites ...
Réduire la compréhension d’un cheval à des images en 2D c’est mépriser la complexité du monde.
C’est oublier tout ce qui fait un bon cheval : ce qu’il mange, ce qu’il boit, ce qu’il respire, l’amour et la compréhension qui l’entourent, une bonne ferrure, un bon sol de travail, une bonne selle, un bon cavalier avec une bonne technique, une bonne écoute de son cheval, de ses forces et ses faiblesses !
En reprenant l’expression d’un entraîneur bien connu, "il n’y a pas de mauvais cheval, il n’y a que des chevaux mal compris!"
Je vous en supplie très chers confrères, arrêtez d’inonder nos bons chevaux d’anti-inflammatoires et remontez en amont vers les causes multiples qui expliquent la dégradation de ce sportif !
Cavaliers ou entraîneurs, cherchez à comprendre un peu mieux vos chevaux avant de les accuser de tous les maux !
Enfin propriétaires, restez l'Homme de cheval qui respecte sa monture et sait l'économiser !
Le bien être animal devient une valeur sociétale essentielle !
Nous devons être tous solidaires pour conserver la confiance du public en nos compétitions !
Dr Jean Servantie Veterinaire