29/11/2024
Très vrai malheureusement.
LES OUBLIÉS…
J’écoutais cette semaine le philosophe Thierry Paquot, également spécialiste de l’urbanisme. Il affirmait que « Les enfants sont les grands oubliés de l’urbanisme ». J’aurais également ajouté les chiens.
Une fois de plus, je m’autorise une analogie "enfant et chien" car, à plus d’un titre, leurs besoins d’espace et d’aventure sont semblables. Pour bien grandir, pour se développer, pour apprendre, chiens et enfants doivent éprouver ce qu’ils se représentent. Or, « faire la preuve par l’expérience » leur est interdit dans nos villes depuis longtemps.
En effet, dans notre pays riche et « moderne », la place des enfants et des chiens dans nos cités n’est plus plus défendue, rarement débattue. Rien n’est adapté pour favoriser la confiance dans l’environnement urbain et surtout, pour encourager la prise de décision dans l’intérêt de tous. C’est même obstinément empêché. La ville n'est plus une sphère de liberté.
On enferme.
On formate.
On sur-peuple.
On oublie que ce qui protègera l’enfant, le chien, l’être intelligent, c’est avant-tout sa capacité à se protéger lui-même, de manière autonome et réfléchie.
On préfère le moule, l’obéissance, la contrainte, et on se leurre dans les palliatifs superficiels.
Je parle par exemple des parcs urbains et aberrations du genre qui, au lieu de repenser la place du chien dans nos villes, font de lui un instrument politique. Pour l’enfant, c’est la même chose.
Dans les villes « modernes » et « amoureuses du chien », il est de bon ton d’inaugurer à grand renfort d’éducateurs canins (instrumentalisés eux-aussi) des parcs à chiens plus affreux les uns que les autres. Pour la grande majorité d’entre eux, ces lieux se révèlent aussi motivants pour la curiosité des principaux intéressés que le sont les froides et métalliques « aires de jeux » pour l’imagination des enfants.
Si les espaces de jeux pour enfants ne favorisent pas vraiment l’aventure, les parcs à chiens sont eux, très éloignés des besoins de l’espèce. Mal pensés, trop étroits, dévégétalisés et favorisant la promiscuité au lieu de l’éparpillement, les parcs à chiens sont toujours à côté de leur cible. Pourtant, ils continuent à fleurir dans nos villes, et les humains de s'enfermer dedans, avec leur chien, parfois en laisse.
Pour la commune, c’est une manière expéditive et peu coûteuse de régler le problème. Car il y a un vrai problème. Le nombre de chiens dans nos villes ne cesse d’augmenter, mais rien n’est prévu pour eux. Pire, ils dérangent.
Trottoirs trop étroits interdisant de s’éloigner des véhicules et des piétons, boutiques et terrasses proscrites, exploration rarement permise car les arbres sont protégés par des barbelés, des barrières, des grilles, espaces verts non autorisés « même en laisse », dangerosité, vitesse… jusqu’au mobilier urbain recouvert de tessons anti-SDF… Comment parler des chiens alors, quand même les êtres humains n’ont plus le droit de s’allonger en hauteur, de grimper, d’escalader, de jouer ?
Que ce soit pour les chiens ou pour les enfants, il n’est pas bon de n’évoluer qu’en ville - ou plutôt dans nos villes - car on ne tient compte que d’une seule chose : la voiture. Enfant et chien n’ont pas voix au chapitre.
À ce constat s’ajoute celui d'une pulsion saugrenue, devenue tristement banale : plus l’environnement est urbain, non propice aux comportements naturels et éthologiques, plus les citadins adoptent des chiens de races connues pour leur sensibilité et leur exigence. Comment ne pas y voir une compensation ? Un peu comme si le manque viscéral que l’on ressent, ou que les enfants peuvent ressentir dans certains environnements, pouvait être compensé par le fait de posséder un border collie, épris de liberté.
À méditer...
Audrey Ventura
Cynoconsult / Livres disponibles
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Réflexions... Lors de notre balade matinale, par -5 degrés. :-D