22/01/2025
La minute chèvre 🐐
Lundi fut une journée forte en émotions… cet ascenseur émotionnel à même commencé dimanche soir, à la fin de ma journée d’accompagnement à la conduire de troupeau pour les chiens de race bergère. Comme tous les matins et tous les soirs, je vais m’occuper des animaux. Ce soir là, j’entends un petit bêlement que j’identifie immédiatement comme celui d’un chevreau nouveau né. Je l’aperçois dans le parc, encore tout mouillé, il venait à peine de voir le jour mais sa maman n’avait pas prit soin de lui… Mes larmes montent, je ne peux les retenir… Et je me doutais, un deuxième devait venir.
Nous avons fait le tour de l’enclos et avons trouver le 2eme chevreau qui était déjà né et aussi tout mouillé. Ni une, ni deux, je comprends qu’une nouvelle mission biberonnage nous attend. Bien que le 1er né ait eu du mal à reprendre des forces, avec l’aide de tata Mona et grâce à la chaleur de notre maison, le frère et sa soeur sont maintenant en pleine forme.
Après cette soirée déjà mouvementée, je ne m’attendais pas à ce que le lundi soit encore plus intense. Ce lundi, ce n’est pas une, ni deux, ni trois mais bien quatre mises bas qui ont eu lieu, environ toutes les 2h… dont une césarienne…
C’était une première pour moi… Césarienne car le chevreau que tentait en vain de sortir la chèvre était mal placé. Malgré toutes les tentatives de manipulation, ni la vétérinaire ni moi n’avons pu repositionner le petit. Sur ce petit format de chèvre, le passage est si étroit que rien n’a pu être fait autrement. La décision s’impose : il faut pratiquer une césarienne. À ce stade, peu de chance que le petit coincé soit en vie mais il faut de toute façon le sortir afin de donner une chance à la chèvre de s’en sortir.
La vétérinaire me demande si je souhaite assister. C’est une telle évidence pour moi que je réponds oui immédiatement. Je me dois d’être là pour soutenir ma belle et tendre Ugénia dans cette épreuve, je me dois d’être un point de repère, un point d’ancrage, quelqu’un en qui elle a confiance…
L’intervention commence, la vétérinaire tond une partie du pelage de ma douce chèvre afin de procéder à l’anesthésie locale et libérer ma belle de cette mise bas interminable. Nous découvrons que le chevreau coincé était dans une telle posture qu’il n’aurait jamais pu sortir naturellement, et malheureusement, comme nous le suspections déjà, le chevreau n’était plus.
Mais ce n’était pas fini… à l’intérieur du corps de ma belle Ugénia, qui m’a fascinée par sa douceur, sa patience et sa gentillesse, bien que je lui connaisse déjà ces grandes qualités qui la qualifie, j’aurai compris qu’elle ne les représente pas dans une telle situation, se trouvait un second chevreau, que nous avons pu sauver.
C’est encore avec grande admiration que j’ai pu observer ma chèvre attendre la fin de son opération. Je voyais bien la gène que cela pouvait lui infliger, et je ne pouvais rien faire de plus que la cajoler de mes caresses et lui chuchoter que tout serait bientôt terminé.
Il était évident pour moi que je nourrirai son chevreau, il a donc rejoint les autres à la maison. Ugénia a besoin de reprendre des forces après cette dure épreuve, elle était fatiguée et avait mal. Nous l’avons installé dans un box à l’abri, avec une lampe chauffante pour qu’elle ait bien chaud et surtout, nous lui avons ramené sa soeur jumelle afin qu’elle ne soit pas seule, qu’elle est un soutien moral et qu’elle se sente suffisamment en sécurité pour se reposer et reprendre des forces.
Le soir, je voyais la douleur qu’elle pouvait ressentir… cela me fondait le coeur… Bien que soulagée que l’opération se soit bien déroulée, ma nouvelle grande préoccupation était de la voir à nouveau se nourrir. À mon grand soulagement, elle s’est rapidement remise à manger. Je l’a sens déjà plus en forme, cela me rassure et me fait plaisir.
Heureusement, toutes les mises bas ne sont pas aussi éprouvantes. Les trois autres de ce lundi se sont bien passées et ont donné de très jolis chevreaux aux belles couleurs rouges principalement.
L’élevage est un ascenseur émotionnelle constant… voilà déjà 3ans que je songes à arrêter… c’est une décision si difficile… Entre la passion, la joie et la fascination de voir ces petites merveilles venir au monde, s’éveiller, découvrir leur environnement, ou encore l’émerveillement face aux incroyables couleurs que produisent les reproducteurs que nous avons soigneusement choisis… Et d’un autre côté, la charge de travail, le stress constant, l’aspect financier, la recherche de l’adoptant idéal…
Bref je ne vais pas m’étendre davantage ce soir… Mais une chose est sûr : je sens qu’une page doit se tourner. Même si je ne sais pas encore (ou ne veux pas l’admettre) ce que ma plume doit y écrire…