19/09/2024
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IMPACT DE L’ALIMENTATION SUR LE PARASITISME 🪱
Comme promis voilà une synthèse de l'étude publiée tout récemment (début avril 2024) autour des effets du régime alimentaire sur le parasitisme. 🪱
L'étude est en libre accès et vous pourrez la retrouver facilement avec la recherche suivante afin de compléter cette synthèse : Laroche N, Grimm P, Julliand S, Sorci G (2024) Diet modulates strongyle infection and microbiota in the large intestine of horses.
Ou en suivant ce lien : https://swll.to/txPsVB
Les éléments mis entre guillemets sont des citations directes de l'article que j'ai traduit.
🚨 À noter : Compte tenu de la dépendance contextuelle de l’effet du sainfoin sur l’excrétion des oeufs, l’équipe de recherche insiste sur "la nécessite d’une interprétation prudente autour de la généralité des propriétés vermifuge du sainfoin".
Bonne lecture 😀
▸ Synthèse des éléments mis en avant en introduction :
Les helminthes (vers parasites) peuvent entrainer des problématiques de santé chez nos chevaux.
Les infections gastro-intestinales parasitaires ont des impacts à la fois sur la santé et le bien-être des chevaux mais ont également des impacts économiques.
Pour gérer cette problématiques l’utilisation des vermifuges ( = anthelminthiques) est répandue.
Néanmoins, aujourd’hui des résistances sont observées chez les chevaux mais aussi chez d’autres animaux d’élevage. De plus, les impacts sur l’environnement de ces molécules sont non négligeables.
Il est aussi précisé que ces médicaments ne sont pas sans conséquence sur le microbiote des chevaux avec notamment une réduction de la diversité du microbiote après certains traitements.
Par rapport à ce constat, différentes études notamment chez les ovins et les bovins se sont intéressées à l’impact de l’alimentation sur les infections parasitaires.
Deux voies sont explorées :
-> les effets directs de certains composants alimentaires (études chez les ruminants, on parle ici notamment de l’effet des tanins condensés de certaines légumineuses fourragères)
-> les effets indirectes de l’alimentation qui peut agir sur l’immunité et la composition du microbiote.
▸ Objectifs de l’étude
Plusieurs objectifs étaient mis en avant dont notamment :
Étudier le potentiel de certaines pratiques alimentaires par rapport à l’administration de vermifuge.
Explorer les effets directs et indirects de l’alimentation via l’immunité et le microbiote.
▸ Protocole de l’étude
Différents régimes alimentaires ont été mis en place :
Riche en fibres / Riche en amidon /Avec ou sans ajout de sainfoin.
▸ Paramètres étudiés :
La quantité de œufs de strongles excrétés dans les crottins et motilité des larves.
La diversité, la composition, la fonction et l'activité du microbiote du gros intestin.
Marqueurs immunitaires.
12 hongres TF ont été intégrés dans l’étude de mai à septembre 2021. Les périodes expérimentales duraient 21 jours.
Quels résultats ?
Le nombre d'œufs de strongles excrétés par les chevaux des groupes “alimentation riche en fibres” n'a pas varié au cours des 21 jours de chaque période expérimentale, tandis que le nombre d'œufs excrétés a augmenté avec le temps chez les chevaux nourris avec l’alimentation riche en amidon.
Le taux d'augmentation d’oeufs excrétés au fil du temps a été freiné chez les chevaux nourris avec une alimentation riche en amidon et supplémentée en sainfoin par rapport à ceux non supplémentés.
L'effet du sainfoin sur l'excrétion des œufs est limité au groupe “alimentation riche en amidon”.
“Les propriétés vermifuge du sainfoin sur la fécondité des parasites dépendraient donc du contexte, notamment du régime alimentaire”.
La motilité ne différait pas entre les larves récupérées sur des chevaux nourris avec une alimentation riche en fibres VS une alimentation riche en amidon.
Les larves des chevaux complémentés avec du sainfoin étaient moins mobiles que les larves des chevaux nourris avec le complément témoin (mélange granulés de foin + tournesol) indépendamment des régimes.
Les chevaux recevant un régime riche en fibres avaient une diversité plus importante au niveau du microbiote présent dans les crottins. L’étude n’a pas mis en avant d’élément suggérant que l’alimentation aurait un effet sur les marqueurs de l’immunité durant la période d’étude.
L’équipe de recherche met en avant le fait que l’excrétion augmentée des oeufs avec le régime HS (riche en amidon) pourrait être la conséquence d’une augmentation de la fécondité des vers ( = plus d’oeufs produits par hôte du tube digestif).
Citation : “Les régimes alimentaires peuvent avoir un effet direct sur la fécondité par hôte s'ils fournissent davantage de ressources que les vers pourraient allouer à la production d'œufs.”
L'amidon peut également modifier l'écosystème intestinal. Un régime riche en amidon induisait une perte de diversité. Les proportions des différents acides gras volatiles produits par le microbiote ont été affectées par les régimes alimentaires.
Citation : “La fermentation microbienne résultant de l’ingestion d’amidon, associée à une réduction du pH, pourrait donc représenter un trait environnemental clé sous-tendant l’augmentation du nombre d’œufs excrétés”.
Dans cette étude, nourrir les chevaux pendant 3 semaines avec un régime riche en amidon n’avait pas d’effet pro-inflammatoire.
➡ Conclusion de l’étude
Un régime riche en amidon augmentait rapidement le nombre d’oeufs excrétés. Cela peut avoir un impact direct sur l’environnement de vie du cheval avec notamment la contamination des pâturages.
Citation : “La première étape de la stratégie de contrôle des infections parasitaires consiste à fournir aux animaux une alimentation qui préserve un écosystème intestinal sain”.
La suppression de la totalité des vers parasitaires est illusoire et conduirait à des effets plus négatifs. L’équipe suggère “qu'une stratégie plus sûre pour contrôler l'infection par les helminthes serait d'améliorer la tolérance de l'hôte à l'infection plutôt que de poursuivre une stratégie d'éradication médicamenteuse et toxique pour l'environnement”.