13/11/2022
🐴 Équidés en prairie et dénonciation 🐴
Bonjour à tous,
Chaque année, je vous partage des articles concernant la maigreur et les vieux chevaux, insistant sur le fait qu’un vieux cheval n’est pas forcément un cheval maigre et qu’un check up et un suivi sérieux de nos compagnons est indispensable, encore plus quand ils vieillissent.
Mais cette année encore, j’ai encore eu l’occasion de voir passer des publications qui malgré quelques hésitations, m’ont décidée à écrire sur un sujet qui concerne tous les propriétaires d’équidés au pré, mais également les promeneurs étrangers au monde équin : la dénonciation pour maltraitance. Alors, je vous propose à nouveau cet article écrit l'an dernier.
C’est une pratique qui part d’une bonne intention, certes. Être sensible au bien-être des animaux est une bonne chose, mais ça ne donne pas tous les droits et ça ne signifie pas que vous êtes aptes à juger des conditions de vie ou de l’état d’un animal en passant devant son pré sans poser la moindre question au gardien de l’animal en question.
👐 Alors avant d’aller plus loin soyons clairs, cet article n’encourage pas la maltraitance, il n’est pas là pour vous demander de passer votre chemin devant un animal en souffrance, mais bien de chercher un peu avant d’envoyer une association de protection animale au gardien ou encore de balancer des photos sur les réseaux sociaux en hurlant à la maltraitance.
🐴 Parce que parfois, on peut faire tout ce qui est possible, des bilans sanguins aux visites de tous les professionnels du soin, nos compagnons peuvent dépérir. Sous les coups répétés d’une maladie chronique, par des problèmes que l’on constate mais que le corps médical ne parvient pas à expliquer. Des équidés, vieux ou jeunes, qui vous paraitraient sous nourris, à l’abandon, et qui pourtant sont choyés comme des princes par leur gardien, ça existe.
Derrière le corps usé que vous voyez dans la prairie, il y a peut-être un humain désemparé de voir son compagnon s’étioler petit à petit malgré tous les soins qu’il lui apporte. Qui souffre et qui pleure à l’idée de ne pas réussir à redonner la santé à cet être qu’il aime de tout son cœur. Qui cherche, encore et toujours, de nouvelles solutions, des pistes d’espoir quelconque qui permettrait d’améliorer la situation, de rendre à son ami sa forme d’autrefois. Qui se lève aux aurores, à l’heure où vous dormez encore, pour déposer des soupes ou une ration avant de partir au boulot, qui revient le soir à la nuit tombée pour redonner une autre ration, après le boulot, loin des regards de ceux qui passent autour de la pâture la journée, maudissant la personne qui laisse se cheval à l’abandon. Et soyons bien clairs, aucun gardien n’est à l’abri de devenir un jour cet humain désespéré.
Derrière le poilu hirsute aux cotes saillantes qui hennit quand vous passez, il y a peut-être un(e) adolescent(e) devenu(e) adulte et qui a gardé son compagnon de jeunesse. Si l’humain est en forme, l’équidé de 35 ans est marqué par les années et la maladie. Un cushing et d’année en année, la mue ne se fait plus, le système immunitaire faiblit, les problèmes s’enchainent, l’organisme dépérit malgré tous les soins apportés. Alors tant que notre compagnon veut continuer, on continue, on cherche, on déplace des montagnes pour essayer de lui rendre la vie agréable. C’est un combat qui se mène à plusieurs, équidé malade, copains équins et gardien. Et la dernière chose dont ils ont besoin, c’est que quelqu’un, en passant devant la pâture, se permette de juger que cet équidé est maltraité, et envoie sans chercher plus loin des gens pour remettre en question la façon dont l’humain s’occupe de ses compagnons. En particulier quand une simple discussion avec le gardien aurait réglé la question.
🐴 Je pourrais parler également des gens bien intentionnés qui passent devant une prairie, y voient des chevaux dehors, sans couverture en plein hiver et envoient un contrôle parce que « les chevaux vont avoir froid » et qu’il s’agit de maltraitance. Il s’agit ici surtout d’anthropomorphisme et si couvrir certains équidés peut s’avérer nécessaire, petit tonnerre est fait à la base pour vivre dehors, se déplacer en permanence en mangeant du fourrage et non être enfermé dans 9m² « au chaud ». Ou de ceux qui s’insurge devant un équidé dont on devine les côtes mais qui s’extasient devant un obèse. Avant de vouloir sauver un animal, il est essentiel de se renseigner un minimum sur les besoins physiologiques fondamentaux de son espèce, qu’on soit simple passant ou qu’on intervienne pour une association. Parce qu’il y a des tonnes de gens extrêmement compétents dans les associations de protection animales, qui font un travail fantastique. Mais ce n’est pas le cas de la totalité d’entre eux. Et j’ai déjà eu personnellement l’occasion de devoir expliquer à des personnes effectuant des contrôles que mes équidés n’étaient pas malheureux dehors et que non, ils n’étaient pas maltraités.
Certains me diront qu’il n’est pas si terrible d’être visité par une asso, qu’il vaut mieux ça qu’un équidé qui souffre. Ce qui vaut mieux en réalité, c’est de faire venir une asso une fois qu’on a contacté le propriétaire ou au moins qu’on a essayé. Ça évite de faire perdre du temps à l’association qui pendant qu’elle vient voir petit tonnerre qui n’est pas couvert n’intervient pas sur des cas de réelle maltraitance et ça évite aussi de mettre un sérieux coup au moral du gardien, parce qu’un contrôle ça peut avoir l’air anodin mais ça ne l’est pas. Pour ceux qui ont des enfants posez-vous la question : une petite visite des service sociaux pour vérifier que vos enfants ne sont pas maltraités parce qu’un passant les a vus jouer dehors dans les feuilles d’automne sans bonnet sur la tête, ça vous tente ? Peu probable.
🐴 Pour finir, il est aussi tout à fait possible que l’équidé que vous voyez dans la pâture, maigre, aux pieds longs, le regard vide, vienne d’être récupéré pour être soigné. Et retaper un équidé ca prend du temps. Parer des pieds sur un cheval qui n’est pas éduqué pour le faire ca peut prendre du temps. Faire avaler un médicament à un cheval qui n’en veut pas ca peut être compliqué. Et tout ca peut faire qu’il se passe un certain temps avant que le cheval ne soit à nouveau « présentable ».
Personnellement, je suis la gardienne de quatre équidés, tous avec une pathologie. Et la peur d’être dénoncée pour maltraitance ne m’a pas quittée quand Looker est arrivé à la maison. En plus de gérer ma peine et ma peur devant l’état de mon cheval de cœur, mes craintes de ne pas réussir à lui rendre la santé et le moral, j’ai installé immédiatement des pancartes (qui ont été très vite détruites par les passants et la météo) pour éviter de me voir accusée de maltraitance. Je n’avais pas d’énergie à consacrer à cette peur-là pourtant, j’avais besoin de tout ce que je pouvais donner pour lui, pas pour gérer les potentiels « sauveurs », même si leurs intentions étaient bonnes.
Alors, la prochaine fois que vous passez devant une prairie et que l’état du cheval, de l’âne ou du poney dans la prairie vous inquiète, tentez de contacter le propriétaire, laissez un mot, qu’importe. Ne condamnez pas un humain et son compagnon sans avoir cherché plus loin.
Belle journée à tous
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Prochain webinaire le foin et les plantes toxiques le 16 novembre à 20h !
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