19/07/2024
Un peu de lecture !!!
🌾 Foin 2024 et manganèse 🌾
Abcès, fourmilières, chevaux roussis, dermites, fourbures … Pourquoi ce printemps (ou cet automne 😒) est-il particulièrement compliqué pour nos chevaux ?
🌧 La météo est l’un des facteurs principaux influant sur la qualité et la composition des fourrages, notamment en ce qui concerne les minéraux et les oligo-éléments.
Selon la nature du sol (argileuse, sableuse, limoneuse, etc.), les intempéries des derniers mois auront donc plus ou moins lessivé les sols, généré un manque d’oxygénation, rendant les minéraux plus ou moins disponibles pour les plantes qui poussent dessus.
Si le manganèse a déjà tendance à être suffisamment pourvu dans nos fourrages (plus de 90% des cas), les taux qui ressortent cette année sont particulièrement élevés !
Le manganèse est impliqué dans le métabolisme des glucides, des lipides et des acides aminés. Il est important pour la formation normale des tissus conjonctifs donc des tendons entre autres, mais également pour les cartilages (dont ceux des pieds !), le maintien d’une ossature normale, la reproduction, etc.
Toutefois, en excès, il aura tendance à aggraver les effets toxiques du fer qui rappelons le, lorsqu’il est en excès, est également pro-infectieux, pro-inflammatoire et pro-oxydant et limite l’assimilation du cuivre et du zinc, déjà en déficits dans le fourrage.
🔎 Plus précisément, des études ont montré les effets toxiques de l’excès de manganèse sur le cerveau avec notamment une baisse de la synthèse de dopamine (la destruction des neurones dopaminergiques est une caractéristique du syndrome de Cushing, dont souffrent déjà de plus en plus de chevaux).
Chez l’Homme, l’apport excessif en manganèse est associé à une augmentation de cytokines pro-inflammatoires. La production chronique et excessive de cytokines inflammatoires est de plus en plus reconnue comme un facteur de risque pour une multitude de maladies chroniques.
Pour rappel, la plupart des pathogènes initient une réponse immunitaire classique basée sur la chélation du fer. Comme le fer, le manganèse peut être utilisé par le parasite responsable de la maladie de Lyme comme « agent de survie ».
Lorsque les chevaux décolorent, peinent à cicatriser, présentent des fourmilières ou pourritures de fourchettes persistantes, un système immunitaire dégradé, etc. il faut donc se poser la question d’un excès de fer et/ou de manganèse dans la ration.
🐴 Notre cheval de 500kg en maintenance a besoin d’environ 600mg de manganèse par jour pour fonctionner correctement.
Un fourrage standard (herbe ou foin) apporte en moyenne 115mg de manganèse par kilo, soit une consommation d’environ 1012mg par jour pour 8,8kg de matière sèche (10kg de foin brut).
Cette année, d’après les dernières statistiques des fourrages analysés, il y a peu de demi-mesure :
📍 Les fourrages pauvres en manganèse (environ 10% de cas) le sont vraiment, avec 40 à 80mg de manganèse par kilo de matière sèche (soit un apport compris entre 350 et 700mg par jour pour notre cheval de 500kg).
📍 Les fourrages bien pourvus en manganèse (environ 90% des cas) présentent pour beaucoup des taux à plus de 300mg par kilo de matière sèche (soit un apport d’environ 2640mg par jour pour notre cheval de 500kg).
Que doit-on en conclure :
Au même titre que l’excès de fer, l’excès de manganèse est problématique pour l’organisme du cheval.
Il y a 90% de chance de couvrir les besoins en manganèse via le fourrage : à moins d’avoir effectué une analyse de son fourrage montrant un déficit en manganèse, il est donc plus prudent de limiter tant que possible les apports supplémentaires en manganèse dans la ration via aliments et compléments, et fournir une complémentation adaptée en cuivre et zinc pour limiter l'impact d'un environnement déséquilibré.
🌱 En photo, l’analyse d’une même parcelle et l’évolution de son taux de manganèse entre 2023 et 2024 (même période d’analyse, gestion identique), représentative de ce que nous observons sur de nombreuses parcelles suivies.