14/02/2024
Adoptants, amis, connaissances, simples visiteurs de ma page, je vous invite à lire ce texte très parlant.
Éduquer "en positif" ne veut pas dire qu'on ne se fâche jamais, mais qu'on choisit de ne pas utiliser la coercition pour enseigner. La nuance mérite d'être soulignée. 🧐
(Merci de lire jusqu'au bout, ce texte ne cautionne pas le fait de se fâcher sur son chien pour l'éduquer)
Lorsque l'on parle "d'éducation positive", on a cette image de personnes pleines de paillettes, entourées de licornes, qui gambadent dans la vie en sautillant sans jamais colère ressentir. 🧚♀️
Bon, ok, j'exagère un peu... Quoique. 😁
J'aimerais déconstruire aujourd'hui cette idée, parce qu'elle sert de moteur aux coercitifs pour décrédibiliser une approche pourtant très logique et saine, qu'elle nous fait passer pour des lapereaux de trois semaines à la naïveté presque risible et qu'elle pose une pression considérable sur les épaules des personnes qui aimeraient changer de perspective.
Commençons donc en balançant un pavé dans la marre, ça nous détendra :
Je me suis déjà fâchée sur Rune. 🤷♀️
Oui, je me suis déjà fâchée sur ma chienne. Je l'ai déjà fait et je le ferai probablement encore. Non, promis, je ne suis pas en train de vous dire que je suis passée du côté obscur de la force, je fais juste preuve d'honnêteté pragmatique. 🙂
Lorsque l'on éduque nos chiens en veillant à respecter leur intégrité physique et émotionnelle, nous ne devenons pas pour autant des robots exempts d'émotions ou de sensations. Nous ne devenons pas des moines à la sérénité douce qui semblent biologiquement incapables de s'énerver. Nous ne sommes pas Superman, que rien ne semble faire fléchir.
Nous restons, viscéralement, des êtres humains. Des êtres humains avec leurs failles, leurs sensibilités, leur passif, leurs émotions. Et tout ça, ça compte dans l'équation !
Ça veut dire que oui, même quand on éduque nos chiens "en positif", il peut nous arriver de nous fâcher. Non pas par volonté éducative, mais juste parce qu'on a dépassé nos propres limites et que le verre déborde :
🔥 Parce que Dragibus nous a sauté dessus pour la dixième fois et qu'on a la carte autoroutière gravée sur la cuisse.
🔥 Parce que Carembar aboie d'un coup, sans prévenir, pour la troisième fois en plein milieu de la nuit, nous faisant faire un tel bond que notre tronche est imprimée au plafond.
🔥 Parce que Tagada vient de nous démonter l'épaule à vouloir courir après un lièvre alors qu'elle était tenue en laisse.
On peut avoir mal. On peut avoir peur. On peut ressentir de l'irritation, de l'impatience, de la fatigue, de la frustration, de la surprise. Bref, on peut ressentir des émotions négatives, comme n'importe quel autre être humain.
Une personne qui éduque en positif n'est pas un individu magique, dénué d'émotions négatives, mais un individu qui a conscience de l'impact de l'éducation coercitive et de la punition sur l'intégrité de son chien. C'est une personne qui fait le choix conscient de ne pas utiliser ces outils pour éduquer au quotidien.
Qu'est-ce que ça veut dire, concrètement ? Ça veut dire qu'en première intention, cette personne va :
👉 Chercher à comprendre les raisons du comportement de son chien
👉 S'assurer que son chien n'a pas de problème (de santé, peur de quelque chose...)
👉 Tenter de faire en sorte que le comportement n'apparaisse plus en aménageant l'environnement (puisque Carensac mâchouille les chaussons, on va simplement les ranger)
👉 Enseigner un comportement alternatif de façon positive et pédagogique, sans punir ni râler
(Liste non exhaustive, mais je vais tâcher de faire court !)
Bref, qu'en première intention, elle ne part pas du principe que son chien mérite une punition.
La différence ici est donc la volonté éducative derrière la réprimande. Il peut arriver à une personne qui éduque "en positif" de se fâcher, parce qu'elle est humaine tout simplement, mais elle ne va pas se contenter de cette fâcherie. Elle va se demander pourquoi elle s'est fâchée, comment elle pourrait faire différemment. Et chercher, idéalement, à ne plus reproduire ce comportement.
Se fâcher est donc la conséquence d'un débordement émotionnel et non pas un support quotidien pour éduquer son chien. En gros c'est un "oups, pardon, je me suis fâché·e, je vais essayer de t'expliquer autrement" et non pas un "bien fait pour toi, ça t'apprendra !".
Est-ce que ça veut dire que toutes les personnes qui éduquent "en positif" se fâchent sur leur chien ? Bien-sûr que non. Comme nos chiens face à un danger, nous avons nous aussi des tendances naturelles de réaction face au conflit. Certaines personnes vont se fâcher, d'autres s'inhiber, d'autres fuir la situation... Chacun·e réagit comme iel peut, avec ses tendances naturelles, ses outils du moment, son état de fatigue etc.
Éduquer son chien en voulant respecter son intégrité, c'est avant tout une école de vie, un processus. Ça veut dire qu'on essaie, qu'on se trompe, qu'on fait mieux la fois d'après, et qu'on évolue, marche après marche, vers une meilleure version de soi-même. Une version plus apaisée, plus patiente, plus réfléchie, moins impulsive, plus empathique. Mais personne n'a dit qu'il faut commencer ce cheminement en étant déjà une licorne ! C'est un merveilleux chemin qui mérite d'être emprunté, ouverte à toustes, qui demande du temps et des efforts, mais qui permet de voir le monde avec des couleurs bien plus vibrantes.
Et parce que l'éducation "positive", elle passe aussi par soi-même, pardonnez-vous d'avoir un jour débordé émotionnellement, d'avoir eu peur, mal, été fatigué·e, et du coup de vous être fâché·e sur votre chien. Vos émotions comptent autant que celles de votre chien, donc essayez de questionner quel est l'émotion sous-jacente à cette fâcherie, écoutez-la et répondez au besoin connecté à cette émotion. Ensuite, vous verrez, vous pourrez écouter et accompagner votre chien de façon plus apaisée et plus douce.
Bref, comme toujours, prenez soin de vous, prenez soin de vos chiens.
Des bisous sur vos truffes !
Aura - Céline Herrant
PS : Oui, je mets toujours "éducation positive" entre guillemets parce que pour moi ça ne veut pas dire grand chose, mais puisque c'est l'intitulé le plus démocratisé, je l'utilise pour faciliter la compréhension de mon propos.
PS 2 : Qu'on soit bien d'accord, je ne dis pas qu'on doit se pardonner en permanence d'avoir puni/réprimandé son chien si ce comportement se reproduit en boucle. Je dis juste que quand ça arrive une fois de temps en temps parce qu'on a débordé émotionnellement et qu'on n'a pas su faire autrement, il est nécessaire d'avoir la même bienveillance envers soi-même qu'envers son chien. Essayons de faire au mieux, chaque jour un peu plus, mais n'oublions pas que nous ne serons jamais parfait·es et que c'est ok de faire des erreurs parfois.
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