17/05/2023
Une fois n'est plas coutume, parlons chien.
Je partage avec vous ce texte bouleversant et vous invite comme toujours à choisir avec vigilance les professionnels à qui vous faites appel.
On ne soigne pas le mal être d'un animal par le rapport de force, jamais. 🐕🦺🐈🚶🏼♀️
Lui, c'est Néo.
Néo, il n’a pas eu une vie facile facile. Adopté, puis délaissé, ré-adopté.
Sa nouvelle famille fait les choses bien : école du chiot, club, éducateur canin. Personne ne dit rien sur Néo. Beaucoup de directives éducatives voire d’obéissance, rien sur le reste.
Néo, il a une immense énergie. Et un environnement peu adapté à ses besoins : des sorties hypo-stimulantes, un cadre de vie trop réduit, un espace à partager parfois avec trop de congénères, des indications pas assez claires pour lui.
Personne ne dit rien sur ce fait. Simplement qu’il faut cadrer Néo.
Collier étrangleur. Cours d’obéissance. On ne change rien à la routine, on ne réaménage pas l’environnement. Néo prend sur lui.
Trop d’énergie, pas assez de dépense. Même routine.
La cocotte minute commence à donner des signes de saturation.
Et ça n’a pas raté. Néo a mordu. Une première fois.
Plainte. Procédure chien mordeur. Vétérinaire.
Classé 3 sur une échelle de 4 et diagnostiqué en "trouble de la hiérarchie". Mis sous anxiolytique et obligation du port de la muselière.
Les cachets sont donnés et une muselière tissu type sncf est mise de manière systématique.
1 an plus t**d, Neo voit un vétérinaire comportementaliste.
Diagnostiqué "sociopathe interspécifique au stade réactionnel du fait d’un trouble lié à la place du chien dans la famille".
Une thérapie de "restructuration sociale dirigée" est préconisée cela signifie que Néo doit être travaillé dans un objectif de "régression sociale dans le groupe" : on doit lui retirer toutes ses "prérogatives" ( la gamelle est retirée au bout de 3 minutes, il dort dans une pièce isolée, sorties attaché systématiquement, bloc des humains contre lui en cas de conflit, muselé à chaque sortie toujours avec cette muselière tissu qui l’empêche de faire à peu près tout sauf respirer).
Néo a vu une autre éducatrice. Qui ne dit rien sur le collier étrangleur, sur la muselière inadaptée ou encore l’environnement absolument délétère. Rien sur le programme de travail. Rien.
Cela fait 2 ans que Néo est sous ce régime. Il a remordu. Et rien n’a changé sauf que désormais sa famille en a peur. Vous savez, cette peur qui cisaille le ventre, celle qui inhibe, qui fait douter de tout et qui empêche.
Alors, je pourrai faire un écrit sur le diagnostic, en m’appuyant sur les excellentes analyses des docteurs Bedossa, Bouvresse, ou encore Girault sur ce type de diagnostic qui vient expliquer un comportement par un défaut de "hiérarchie sociale" interspécifique. Mais leurs écrits sont en libre accès et bien mieux formulés que je ne pourrais le faire. Je vais juste reprendre les conclusions : ce type de diagnostic n’explique rien, ne se fonde sur rien et n’apporte rien.
Je pourrais aussi dire deux ou trois choses sur la prise en charge par des éducateurs canins qui ont raté l’essentiel du travail : mettre en place un contexte aidant et sécurisant pour entamer un travail comportemental, préconisant en revanche de l'obéissance en veux-tu en voilà, comme si cela pouvait permettre de travailler un problème de comportement.
Je pourrais dire le désarroi de la famille à vivre avec un chien qui fait peur, le voir malheureux et ne plus savoir quoi faire.
Je pourrais parler de cette place que l’on a parfois en tant qu’éducatrice canin : savoir que l’on est le dernier maillon. Que si ça rate, le chien sera proposé à l’euthanasie. L’immense pression que cela fait peser, simplement parce que d’autres n’ont pas fait le travail avant.
Je ne vais rien en dire. Je vais faire. On revoit tout, on remet tout à plat, on va chercher les partenaires de confiance et compétents, et on s’y met.
je ne sais pas si le temps imparti sera suffisant pour faire bouger assez Néo, mais on s’y met. Et c'est peut être de cela que Néo a manqué le plus dans tout son parcours de vie : de gens qui décident qu'il fallait travailler avec lui.