
02/23/2025
L’élevage de l’âne miniature : une passion bien loin de l’appât du gain
Dans l’élevage de l’âne miniature, l’appât du gain est une véritable malédiction.
Beaucoup de naisseurs pensent qu’il suffit d’avoir un mâle et une femelle pour faire de la reproduction. Mais c’est bien plus complexe que cela.
La nature est notre meilleure enseignante. Par ses lois rigoureuses, elle sélectionne les individus les plus aptes à transmettre une génétique saine et pérenne. C’est un processus strict et implacable.
Soyons humbles, observons et essayons de comprendre en quoi cette sélection naturelle est bénéfique pour la longévité et la santé de nos animaux. Après tout, notre objectif est de les garder en bonne santé le plus longtemps possible.
Sélectionner sans discernement un mâle et une femelle, sans tenir compte des aplombs, de la santé ou du caractère, dans l’unique but de reproduire rapidement des animaux pour en tirer des bénéfices immédiat , est une pratique de plus en plus courante mais désastreuse pour l’avenir de la race.
L’obsession de la taille minimale, au détriment des autres critères fondamentaux, mène inévitablement à une production d’animaux de plus en plus fragiles, sujets à des handicaps, à des maladies génétiques et à des complications lors de la mise bas ou de la reproduction. Les extrêmes ne sont jamais bénéfiques.
Le registre américain, d’ailleurs, refuse catégoriquement de reconnaître une catégorie « micro miniature », afin d’éviter les dérives d’une sélection basée uniquement sur la taille, avec toutes les conséquences néfastes que cela pourrait engendrer.
Un âne n’est ni un élément de décoration pour un jardin, ni un petit chien d’appartement. Il a des besoins spécifiques, et les ignorer ne fera que conduire à des drames pour ces animaux extraordinaires.
S’il vous plaît, soyez responsables dans vos projets, que vous soyez futur éleveur ou simple acquéreur.
L’âne miniature : une manne financière ? Vraiment ?
Certains pourraient croire que l’âne miniature – voire l’âne dit « micro miniature » – est une opportunité financière juteuse. Un nouvel animal à produire pour le marché ? Prenons quelques instants pour réfléchir.
Une ânesse miniature ne peut être mise à la reproduction qu’à 5 ans.
Elle ne donne naissance qu’à un seul petit tous les 3 ans (dans le meilleur des cas).
Son bien-être nécessite :
• Du foncier (terrain adapté)
• Du matériel pour entretenir les installations
• Un suivi vétérinaire régulier (vaccins, soins)
• Un maréchal-ferrant et un dentiste équin
• Un système de surveillance en période de mise bas
• Et bien d’autres dépenses…
À cela s’ajoute un taux de mortalité de 25 % (mère et petit confondus) en élevage.
Voici une idée des prix de vente :
• 7 000 € pour une femelle micro miniature Wooly (moins de 76 cm au garrot, poils longs toute l’année)
• 3 800 € pour un mâle castré miniature MDR (moins de 91 cm, papiers américains)
• 2 800 € pour un âne miniature ADR ou ONC (moins de 96 cm, sans papiers américains)
Même en vendant au prix fort, voici le gain brut annuel par femelle :
2 300 €.
Et dedans, il faut inclure :
• Nourriture
• Matériel
• Taxes foncières
• Éventuels remboursements de crédit
• Soins vétérinaires, maréchalerie, assurances…
En moyenne, les charges s’élèvent à 170 € par âne et par mois (hors achat de terrain), soit 2 040 € par an.
Résultat : un bénéfice net de seulement 360 € par femelle et par an.
Et chez un éleveur sérieux, cet argent est immédiatement réinvesti dans le bien-être des animaux.
Comparez cela avec un élevage de chiens dans certaines races : (avec leurs charges qui leur sont propres)
• Mise à la reproduction dès 18 mois
• Deux portées par an
• 8 à 12 chiots par portée
• 1 500 € en moyenne par chiot
• Les chiots quittent l’élevage après 2 ou 3 mois seulement
Conclusion ? Si vous voulez élever des ânes pour l’argent, abandonnez l’idée immédiatement.
Élever des ânes demande une passion profonde, une rigueur inébranlable et une véritable éthique.
Le vrai credo d’un éleveur :
Accompagner, s’instruire, partager, améliorer, aimer.
Et pour vivre, il faut un autre métier à côté.