18/08/2024
Ce texte me rejoint à 1000% vivre en harmonie avec un chien ou un chat, un cheval ou tout autre animal, c'est comprendre et favoriser son animalité, laisser parler sa génétique, tout en enseignant à cet animal, l'autocontrôle et en vivant avec lui de façon éthique.
LE CHIEN, CATALYSEUR DES PEURS HUMAINES
Aimer les animaux et aimer l’animalité, ce n’est pas du tout la même chose. Dans ces deux réalités distinctes, c’est la condition humaine qui est questionnée. Pour pouvoir accueillir l’animalité du chien, il est bon que l’humain ait conscience de la sienne. Or, il est la seule espèce à croire qu’il n’est plus un animal et qu’il n’a plus besoin de l’environnement naturel. La nature est parfois même un ennemi à combattre, à contrôler.
Dans l’amour de l’animalité sont intimement logées les notions de rusticité, de liberté, de connaissance et de respect des besoins de l’espèce qu’on affirme aimer. Or, au regard du degré d’anthropocentrisme qui parasite la vie du chien, on comprend surtout que souvent, nous aimons l’idée de posséder un animal, mais beaucoup moins celle de s’adapter à lui et de réunir les conditions de son bien-être.
L’animalité du chien dérange.
- sa communication est mal connue, et l’on voudrait souvent qu’elle corresponde à nos clichés et nos interprétations, qui rassurent nos croyances.
- les besoins du chien sont perçus comme pénibles, salissants, inutiles ou idiots.
- le chiens de notre société doit être poli, polissé, politiquement correct, propret, présentable, bien éduqué, et surtout, obéissant.
On aurait de plus en plus tendance à calquer sur le chien de famille le modèle éducatif de nos enfants (qui est loin d’être une référence). Ainsi, de la même manière que dès le plus jeune âge, le petit d’homme devra faire preuve de compétences, dans certains pays (comme la Suisse), on envisage l’instauration de tests obligatoires pour tous les chiens, travail ou pas, catégorisé ou pas. Dans cette idée, plusieurs épreuves seraient imposées, du « assis » au « pas bouger », en diverses circonstances, toutes moins naturelles les unes que les autres. Ces tests ne sont évidemment prédictifs de rien, et certainement pas de l’éducation du chien, de son adaptabilité, ou de sa stabilité.
Que nous apprennent ces lubies de « tests obligatoires » sur les humains qui les ont ? Que l’obéissance les rassure, surtout quand ils sont inexpérimentés et peu confiants dans leur rapport à l’animalité. Cela indique aussi la propension désastreuse de l’homme moderne à exécuter, sans se questionner, des pratiques désuètes, et à en faire la publicité. C’est le fameux « ça a toujours existé », alors ne prenons pas la peine d’entrer en réflexion sur ce que l’on demande à nos chiens, ou à nos tout-petits.
Ils doivent obéir, un point c’est tout, parce que nous croyons que l’obéissance et l’éducation sont des synonymes.
C’est donc l’animalité du chien qu’il faut mettre sous contrôle - plutôt que de la comprendre - alors même que la plupart des humains qui prônent l’obéissance comme fer de lance de l’éducation, méconnaissent l’éthologie. Le problème reste que, la peur doublée d’inexpérience induit les pires comportements, conduites, réponses, croyances, et que tout cela aura un impact inévitable sur les comportements des chiens. Et ce sera toujours de leur faute, puisque que, non contents de ne pas avoir grand-chose, il nous est très difficile de nous remettre en question.
Le contrôle c’est la négation même de l’animalité.
Notre société est de moins en moins adaptée au chien et à l’enfant, tel le pense vraiment. Il y a bien longtemps que notre environnement, surtout celui des grandes villes, ne favorise plus l’éthologie de qui-que-ce-soit. Nous avons tous cette image magique du parc canin anxiogène, inauguré en grandes pompes par des élus qui se gargarisent de leur initiative "à l’intention de nos amis les chiens". Comment l’éthologie pourrait-elle être respectée dans une société qui encourage autant la promiscuité, l’immédiateté, l’obéissance béate, l’absence de vague, et qui voit d’un très mauvais oeil le naturel, la liberté, le désaccord ou la colère, comme s’il fallait tout accepter. Dans cette dynamique hypocrite, les chiens sont en liberté... dans des parcs mal pensés, et trop étroits.
De l’autre côté, malheureusement à l’extrême, j’observe un grand besoin de révolte, exprimé dans la manière dont chiens et enfants sont absolument non-éduqués, non adaptés. C’est le paroxysme inversé. Ici, la liberté semble ne devoir souffrir d’aucune limite. La parole de l’autre n’a pas d’importance. Les règles doivent voler en éclat, sans respect pour rien ni personne, au prétexte d’une liberté qui n’en a que le nom, de l’éthologie-à-ma-façon, et d’une soit-disant psychologie qui prône le laisser-faire absolu par peur de la frustration.
Alors, quand les humains et les chiens décrits au début de ce texte, rencontrent ceux que je dépeins maintenant, c’est la guerre assurée.
Le juste milieu est-il possible?
Pour espérer l’atteindre un jour et toucher du doigt la nuance qui rend agréables les discussions et les rencontres, il faut connaître les bases, et se forger une expérience en se posant sans cesse des questions. C’est le principe de l’évolution et de la remise en cause constantes, celles qui nous évitent la caricature, les recettes toutes faites, qui nous empêche de suivre les sons de cloche qui nous rassurent, et que nous avons tendance à répéter un peu trop bêtement. C’est ce qui nous protège des extrêmes, tout simplement.
Les professionnels compétents, les auteurs, les scientifiques, tous les humains en général, évoluent dans leurs connaissances et leur pratique tout au long de leur vie, et c’est bien normal. Remettre en question sa propre pensée est une expérience saine et vivifiante. Il n’est par contre absolument pas rassurant, de constater qu’en une ou deux décennies, aucun changement, aucun rétropédalage, aucune prise de conscience, même infime, n’a existé chez quelqu’un.
Ainsi, en France, beaucoup de professionnels ont d’abord oeuvré en méthode traditionnelle et coercitive, pour un jour changer radicalement d’avis, contrairement aux imbéciles, comme le dit l’expression. Et c'est une bonne chose.
Mais souvent, quand on change d’avis, on tombe dans l’extrême inverse.
Alors, de la coercition au laxisme, nous parviendrons un jour à trouver la mesure.
Espérons-le.
Je le dis et le répète, comme le veut la pédagogie :
Non, le chien n’a pas tous les droits, juste parce que nous sommes devenus opposés à l’obéissance, ou adeptes de l’éducation positiviste.
Non, les chiens ne sont pas tous malheureux, maltraités, ou soumis, juste parce que nous avons décidé de consacrer notre vie à les protéger.
Non, l’homme n’est pas forcément un tortionnaire, un maniaque du commandement, ou un tyran désaxé.
Et non, l’homme ne doit pas s’estimer libre de tout, juste parce qu’il a besoin d’exprimer qu’il est en désaccord avec les règles de sa société.
N’utilisons jamais le chien pour faire passer un message à qui que ce soit. Si nous recherchons ardemment une liberté que vous n’avons pas encore trouvée, commençons par nous comporter comme nous ne l’avons jamais fait : dans le respect de l’autre. Nos chiens n’ont rien à voir dans tout ça. Et ce sera le début d’un vrai changement, sans autoritarisme, ou misérabilisme, mais sans laxisme non plus.
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- "Mon chien, mon coach et moi" est disponible ici : https://shorturl.at/cFIV1
- "Le chien, cet animal qui nous échappe" d'Audrey Ventura est disponible ici : https://shorturl.at/afMNQ