12/11/2024
Si le chat devait avoir un QI : quel serait-il ?
Source Le mg du chat du 12/11/2024
L’idée de mesurer le QI d’un chat peut sembler amusante, mais elle soulève des questions sérieuses tant sur notre perception de l’intelligence animale que sur la façon dont nous tentons constamment de l'évaluer à l’aune des critères humains. La notion de QI, les deux initiales pour Quotient Intellectuel, est complexe, et sa pertinence lorsqu'on l’applique à des espèces animales, dont les capacités et comportements diffèrent fondamentalement des nôtres, mérite d’être explorée. Pourquoi cherchons-nous constamment à comparer l’intelligence des animaux à la nôtre ? Qu’est-ce que cela révèle sur notre propre compréhension des capacités cognitives ? Et, si l’on tentait de quantifier l’intelligence d’un chat en utilisant des critères adaptés, quel serait approximativement son QI ?
Qu'est-ce que le QI et à quoi sert-il ?
Le QI est une mesure standardisée de l'intelligence humaine, développée au début du XXe siècle par Alfred Binet et Théodore Simon. À l'origine, le test de QI était destiné à repérer les élèves ayant des difficultés scolaires afin de leur fournir un soutien adapté. Aujourd'hui, le QI est calculé par une série de tests mesurant des capacités cognitives telles que la logique, la mémoire, le raisonnement spatial et la compréhension verbale. Le score moyen est fixé à 100, et les résultats sont distribués selon une courbe de Gauss, avec une majorité des individus se situant autour de la moyenne et des scores exceptionnels aux extrémités.
Toutefois, le QI ne couvre qu'une partie des capacités cognitives humaines et ne tient pas compte d'autres formes d'intelligence, comme l’intelligence émotionnelle ou la créativité. C’est pourquoi de nombreux chercheurs soulignent ses limites, même chez les humains. Alors, comment pourrait-on appliquer une mesure d'intelligence conçue pour les humains à des animaux dont l'intelligence s’exprime de manière très différente, comme les chats?
Pourquoi veut-on toujours comparer l’intelligence animale à celle des humains ?
Notre fascination pour la comparaison des intelligences humaines et animales révèle certainement une volonté de mieux comprendre notre propre place dans le monde. En mesurant l'intelligence d'autres espèces, nous cherchons à déterminer si certaines capacités cognitives humaines se retrouvent ailleurs dans le règne animal.
De plus, cette comparaison nous aide à découvrir comment d’autres créatures perçoivent et interagissent avec leur environnement, tout en mettant en perspective notre propre intelligence. Cela explique pourquoi les animaux ayant des comportements dits intelligents, proches de ceux des humains, comme les grands singes ou les dauphins, suscitent autant d’intérêt dans les études comparatives d'intelligence.
Les chats, tout comme les chiens, sont souvent au centre de ces discussions, notamment en raison de leur proximité avec les humains. Depuis des milliers d’années, ils cohabitent avec nous, s'adaptant à nos modes de vie et développant une forme de communication unique avec leurs propriétaires. Cette proximité nourrit naturellement notre curiosité : nous cherchons à savoir ce qui “se cache” derrière leurs comportements. Mais leur intelligence est-elle réellement comparable à celle de l'homme, et, si oui, comment pourrait-on la mesurer ?
L’intelligence du chat : une question d’adaptation et de survie
Plutôt que de parler de QI, un concept qui s'applique difficilement à l’intelligence animale, il serait plus approprié d’évaluer l'intelligence des chats à travers leur capacité à s'adapter et à résoudre des problèmes spécifiques à leur environnement. Contrairement aux chiens, dont l’intelligence est souvent jugée en fonction de leur obéissance et de leur capacité à suivre des ordres, les chats montrent une intelligence davantage axée sur l’indépendance et la résolution de problèmes. Ils possèdent une capacité à s’adapter aux situations changeantes, à chasser et utilisent leur mémoire pour évoluer dans leur environnement.
Les chercheurs ont d’ailleurs démontré que les chats possèdent une forme de mémoire dite épisodique, leur permettant de se souvenir d’événements spécifiques, un signe distinctif d’intelligence que l’on pensait longtemps réservée aux humains et à certains primates. Cette mémoire épisodique est mise en lien avec une certaine flexibilité mentale. Mais ce genre de capacité est difficilement évaluable avec des tests de QI classiques, car elle repose sur la mémoire contextuelle et non sur des notions abstraites de raisonnement logique.
Si le chat avait un QI, quel serait-il ?
En tentant une analogie simplifiée, certains chercheurs estiment que les capacités cognitives des chats se rapprocheraient de celles d'un enfant de 2 à 3 ans, en termes de reconnaissance d’éléments de leur environnement et de comportements. Mais cela prête à confusion car cela ne signifie pas qu’un chat possède la même intelligence qu'un enfant de cet âge. Cela veut davantage dire que certaines de ses compétences cognitives se situent dans une gamme comparable.
Les chats sont capables d’interagir de manière significative avec leurs propriétaires, de reconnaître leur voix et de répondre à des gestes simples, tout en gardant une distance lorsqu'ils le souhaitent, ce qui montre un certain niveau de compréhension sociale. De son côté, un enfant de 2-3 ans est davantage dans une logique de dépendance vis-à-vis des adultes.
Si l’on tentait de quantifier cette intelligence en un score de QI, on pourrait spéculer sur un chiffre autour de 70 à 80, un niveau comparable à des compétences limitées de raisonnement et de résolution de problèmes, mais qui reste éloigné des niveaux moyens humains. Cette estimation reste bien sûr approximative et repose sur des analogies, car les capacités d'un chat ne peuvent pas être mesurées avec la même précision que celles d'un humain.
L’intelligence émotionnelle et sociale des chats
L’intelligence des chats ne se limite pas à leur capacité à mémoriser des lieux ou à résoudre des problèmes pratiques. Elle inclut également une forme d’intelligence sociale, bien que plus subtile que celle des chiens. Les chats, bien qu’indépendants, développent des liens avec leurs propriétaires, reconnaissent leur voix et leur visage, et peuvent même ressentir leurs émotions.
Une étude menée en 2019 par l’Université d’Oakland a montré que les chats sont capables de détecter les expressions faciales de leurs propriétaires et d’adapter leur comportement en fonction de l’état émotionnel de ceux-ci.
Contrairement aux chiens, qui cherchent souvent à répondre activement aux émotions humaines, les chats ont une approche plus passive, ce qui conduit certains à penser qu’ils sont moins intelligents sur le plan émotionnel. Pourtant, cette forme d’intelligence sociale reste significative et démontre une capacité de reconnaissance et d’adaptation aux humeurs humaines. Leur comportement pourrait être interprété comme une forme de réserve, mais il s’agit en réalité davantage d’une façon différente de répondre à l’environnement social.
Les limites du concept de QI pour évaluer les animaux
L’idée d’appliquer un QI aux chats – ou à tout autre animal – montre ses limites, car l’intelligence animale est souvent spécifique à l’espèce et adaptée aux besoins de survie propres à chaque créature. Le QI, tel que défini pour les humains, mesure des compétences comme le raisonnement abstrait, la logique, ou encore la compréhension verbale, des concepts peu applicables aux animaux. Les chats n’ont pas besoin de développer une logique mathématique ou un langage complexe ; en revanche, ils possèdent des compétences pointues de perception sensorielle, de mémoire spatiale et d’adaptabilité, qui sont les clés de leur intelligence.
De plus, les comportements observés chez les chats sont souvent le résultat de millénaires de cohabitation avec les humains. Les chats domestiques sont capables de comprendre certaines règles de la maison, de reconnaître leur nom, et de mémoriser des trajets dans des espaces complexes, autant de comportements qui traduisent une forme d’intelligence, toujours en lien avec l’adaptation à l’environnement, ici domestique, mais qui serait difficile à quantifier dans un test de QI standardisé.
Les recherches actuelles sur l’intelligence des chats
La recherche sur l’intelligence des chats en est encore à ses débuts, mais de nombreuses études continuent d’explorer leurs capacités cognitives. Les scientifiques cherchent à comprendre comment les chats résolvent des problèmes, mémorisent des informations, et interagissent avec leur environnement. Par exemple, une étude récente menée en 2023 a montré que les chats peuvent lire les gestes de pointage humains pour localiser la nourriture cachée et suivre le regard humain pour obtenir des informations de référence.
Ces découvertes montrent que les chats possèdent une intelligence bien plus élaborée que ce que l’on imaginait auparavant, et bien qu’il ne soit pas possible de leur attribuer un score de QI directement comparable à celui des humains, ils démontrent des capacités cognitives sophistiquées dans des domaines spécifiques. Ces recherches permettent aussi de mieux comprendre comment les chats perçoivent leur monde, et de démystifier certains comportements que l’on interprète à tort selon nos référentiels humains.