15/08/2024
Divorce ou séparation : quelles conséquences pour son chat ?
Source Le mag du chat du 15/08/2024
Une séparation ou un divorce est quasiment toujours un événement traumatisant. Il arrive qu’en ces circonstances, le sort du chat ne devienne qu’un détail pour certains couples défaits. Or c’est un être doué de sensibilité, dont les besoins ne doivent pas être ignorés. Plusieurs questions méritent d’être posées. Quelles sont les conséquences juridiques quant à la propriété de l’animal ? Comment attribuer la garde ? Comment gérer les conséquences sur le mental du petit félin ? Nos réponses.
Quelles sont les conséquences juridiques ?
Bien que l’article 515-14 du Code civil, reconnaît l’animal comme être sensible, il considère que ce dernier est soumis au même régime que les biens en l’absence de disposition spécifique. Or en cas de séparation, aucune loi particulière ne prévoit son sort en particulier. Il est donc soumis aux mêmes règles que la table basse, le canapé ou la télévision ! Ce ne sont d’ailleurs pas les mêmes selon que vous étiez mariés, pacsés ou en concubinage.
Quel sort pour le chat lors d’un divorce ?
Si vous étiez mariés, tout dépend de la présence ou non d’un contrat de mariage. Si vous avez opté pour le régime légal, la communauté réduite aux acquêts, c’est-à-dire que vous n’avez pas conclu de contrat, le chat revient à celui qui en était propriétaire avant de se mettre en couple. Si vous l’avez adopté pendant le mariage, il est un bien commun. Il vous appartient donc à tous les deux, même si un seul l’a acheté ou adopté. Vous devez donc vous mettre d’accord pour la garde. À défaut, ce sera au juge aux affaires familiales de trancher.
S’il existe un contrat de mariage, c’est sur la base de ce dernier que se fera la distribution des biens et donc… du chat ! En cas de séparation de biens, par exemple, si vous avez acheté ou adopté seul le chat durant le mariage ou si vous l’avez payé intégralement et/ou avez fait rédiger le contrat de vente ou d’adoption à votre nom, il vous appartient. Sous le régime de la communauté universelle, en revanche, il vous appartient à tous les deux, quel que soit le moment de l’achat ou de l’adoption.
Quelles conséquences lors d’une séparation après un PACS ou un concubinage ?
Quand l’animal a été acheté par un seul, que ce soit avant ou pendant la vie commune, il appartient à l’acheteur. Ce dernier est en droit de garder le chat après la séparation. Cependant, s’il a été acheté ou adopté par un seul membre, mais que celui-ci ne peut pas le prouver (il a perdu le contrat, par exemple, ou n’en a pas fait établir), et que l’autre en revendique la propriété, le chat appartient aux deux. Il est un « bien indivis » c’est-à-dire qu’il est détenu en indivision.
Si les deux membres du couple ont adopté le chat ensemble, le chat est également en indivision.
Il faudra donc trouver un accord concernant la garde. À défaut, seul le juge peut trancher.
Comment attribuer la garde ?
Comme le dit l’adage « mieux vaut un mauvais arrangement qu’un bon procès ». Demander au juge de trancher peut s’avérer stressant, coûteux et long. Cependant, si vous ne trouvez pas d’accord et que le chat est détenu en indivision, ce sera la seule solution.
L’idéal est de laisser le chat dans sa maison si l’un de vous la conserve. Cela lui évitera le stress d’un déménagement. Les chats n’aiment pas changer de repères, de routines et surtout de territoire. Cependant, l’attachement est important. S’il s’est toujours montré plus attaché à l’un qu’à l’autre, il est essentiel, pour son bien-être, d’accepter qu’il continue de vivre avec celui qu’il a choisi. Si le principe d’un droit de visite peut tout à fait s’adapter, celui d’une garde alternée n’est pas du tout source d’équilibre pour un petit félin. C’est un animal trop routinier et habitué à ses petites habitudes, à son environnement, ses odeurs… pour changer d’environnement fréquemment (sauf exceptions). Ce n’est pas un enfant, même s’il arrive qu’on le considère comme tel.
Prenez également en compte des critères comme la disponibilité : un chat n’est pas heureux quand son humain est sans arrêt absent. Même s’il se montre détaché, on sait aujourd’hui qu’il a besoin d’interactions, d’attention et de caresses. En outre, les moyens financiers ne doivent pas être négligés, car l’animal a besoin d’un suivi vétérinaire régulier, d’une alimentation de qualité et peut même devoir être soigné, ce qui peut influencer fortement la situation économique de son gardien.
Les questions à se poser sont donc les suivantes :
Auquel des deux le chat est-il le plus attaché ?
Quel est celui qui peut le mieux pourvoir financièrement aux besoins du chat ?
Lequel des deux peut apporter le plus de temps et d’attention au chat ?
Qui est le plus attaché à l’animal et s’occupe le plus de lui depuis son entrée dans le foyer ?
Quelle est la surface du nouveau logement ? Pourra-t-il accueillir l’animal et son matériel ?
En présence de plusieurs chats, ce n’est pas toujours une bonne idée de répartir les animaux. S’ils sont attachés l’un à l’autre, mieux vaut qu’ils traversent ensemble cette période sensible plutôt que séparément. Certains petits félins peuvent faire une dépression lorsqu’ils sont séparés de leur congénère, ne plus manger ou, au contraire, devenir boulimiques, développer de l’anxiété voire des troubles du comportement (malpropreté, apathie…).
Les conséquences psychologiques : quel impact émotionnel sur le chat ?
Parfois, les conséquences psychologiques sur les humains sont si lourdes qu’ils en oublient celles qui affectent leur chat. Pourtant, c’est un animal sensible aux changements. Profondément attaché à son territoire, il se sent en sécurité dans son environnement, avec ses routines. Un changement de domicile ou l’absence brutale d’un membre de sa famille peut provoquer de la détresse. Il peut perdre ses repères durant un certain temps. S’il est attaché au lieu, il l'est aussi aux humains et peut ressentir un grand vide au départ de l’un d’eux. De même, les changements de routines, comme les modifications des horaires de repas, par exemple, entraînent, chez certains petits félins, de l’insécurité. L’animal peut s’isoler, refuser le contact, fuir la maison s’il a le droit de sortir et décider d’aller habiter chez un voisin, ou, au contraire, devenir pot de colle. Certains se mettent à marquer en urinant hors de leur litière ou deviennent agressifs. À la recherche de l’humain ayant quitté le domicile, le chat peut miauler beaucoup plus et traverser un véritable deuil. Il peut aussi rechercher son odeur, se placer là ou son humain était le plus souvent.
Un cas fréquent est le transfert d’attachement : le chat remplace son humain par celui qui reste, lui demandant alors beaucoup plus de câlins et d’attention. Dans de rares cas, des petits félins développent de l’anxiété de séparation, surtout s’ils n’ont pas été préparés : destructions, malpropreté, vocalises dès qu’ils sont seuls. De même, un déménagement est souvent une grande source de stress.
Comment préparer le chat au départ d’un membre ou au déménagement ?
Deux types de grands changements peuvent affecter le chat et doivent être préparés. L’absence d’un humain auquel il était attaché ou le changement de domicile.
Comment préparer le chat à se séparer de l’un de ses humains ?
Si le chat reste dans son domicile, mais qu’une personne s’en va, essayez de maintenir ses routines comme si tout était normal : repas aux mêmes horaires, moments de jeu, câlins… laissez-lui les mêmes droits pour qu’il garde un sentiment de normalité. Si vous réduisez ses possibilités (interdiction de la chambre ou du jardin, etc.), l’absence va constituer une double perte pour lui : celle de l’humain et celle de ses privilèges. Au contraire, montrez-lui la vie de façon positive. Éventuellement, ajoutez une routine « friandises », faite de petits jeux et de récompenses pour qu’il associe sa nouvelle vie à des éléments agréables.
Avant de quitter la maison, la personne doit s’éloigner progressivement de l’animal. Elle peut, par exemple, partir un jour par semaine, puis de plus en plus. Si le futur absent laisse des vêtements portant son odeur, cela rassurera l’animal qui s’y réfugiera lorsqu’il aura besoin de réconfort.
Comment préparer un petit félin à changer de maison ?
Le chat perd ses repères, le territoire auquel il était attaché et les odeurs. Parfois, il perd également de l’espace voire l’accès à un jardin.
Vous devez donc créer un environnement sécurisant : essayez de reconstituer une configuration semblable à celle de l’ancien domicile. Apportez des meubles contre lesquels il avait l’habitude de se frotter. Ainsi, vous transférez ses odeurs familières. L’idéal est de choisir le fauteuil sur lequel il aimait dormir, le canapé où il se couchait, etc.
Prévoyez-lui une zone dédiée avec ses jouets habituels, son panier, son arbre à chat et ses griffoirs, imprégnés de ses propres phéromones.
Les premiers jours, laissez-le explorer une seule pièce. Attendez qu’il se sente à l’aise avant de lui ouvrir l’accès au reste du logement. Cela sera plus rassurant pour lui de commencer sa visite dans un petit espace. Ensuite, laissez-le explorer progressivement, à son rythme, sans le brusquer. Évitez tous les mouvements brutaux et bruits forts durant la première semaine. Il doit se sentir au calme.
Utilisez éventuellement des phéromones artificielles pour l’apaiser et l’aider à traverser cette étape. Certains chats sont suffisamment attachés à leur humain pour supporter le changement de lieu.
Soyez attentif à tous les signes de mal-être, à son appétit, son énergie. Jouez avec lui, offrez-lui des friandises.
Si votre chat est autorisé à sortir, ne lui permettez pas d’aller à l’extérieur avant 3 semaines. Il risquerait de chercher à retourner chez lui. Il doit d’abord prendre ses marques, comprendre que sa nouvelle maison n’est plus la même et la considérer comme son territoire. Cela prend du temps. Veillez à bien fermer portes et fenêtres pour qu’il ne tente pas de s’enfuir les premiers jours.