11/01/2022
𝐀𝐧𝐞𝐜𝐝𝐨𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧: 𝐋𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐞𝐦𝐢𝐧𝐬 𝐯𝐞𝐫𝐬 𝐥𝐚 𝐦𝐚𝐭𝐞𝐫𝐧𝐢𝐭é
🌱J’ai rencontré Bones lors d’un déplacement en Normandie, pour donner un stage de CA à The Celtic Horse's Paradise - Elevage d'irish cob et Centre Équestre. Sa gardienne m’a demandé de la consulter; elle lui semblait distante depuis plusieurs mois. J’aime ces occasions de communiquer en direct avec les animaux…ce suivi de Bones restera gravé longtemps dans ma mémoire.
Lorsque je suis arrivée face à Bones au pré, elle était à l’écart des autres. Tout de suite, elle m’a hurlé dans un cri rempli de colère: « Dégage! ». J’ai vite senti des douleurs dans le corps, mais surtout un poids dans le bas ventre. Bones était effectivement gestante de 7 mois. Elle a ajouté « je ne veux pas de ce truc, j’ai besoin de digérer » avant de me redemander de partir. Et puis, elle a bien voulu me livrer un seul mot, remplie d’amertume: « insémination ». J’ai pu sentir sa detresse, le goût amer et l’injustice que provoquaient ce mot chez Bones. J’ai donc compris: ce poulain, il sortait de nul part pour elle. Il lui avait été imposé… Je n’ai pas insisté, j’étais sur place pendant la semaine, on avait le temps de s’apprivoiser.
Les jours qui ont suivi n’ont pas été plus glorieux. De la colère, de la colère, et encore de la colère. Non, vraiment, Bones ne voulait pas dialoguer. A chaque fois que j’arrivais, ce poids désagréable apparaissait dans mon utérus. Bones me faisait comprendre que ce poulain…était pour elle un corps étranger.
Pendant le stage, une des participantes était enceinte. Je me suis dis que ce n’était pas une coïncidence. A la fin, je lui ai demandé d’aller passer du temps avec Bones. Faire en sorte que deux mères en devenir se rencontrent…et ressentent l’une en l’autre les émotions de chacune. Marie est restée une heure avec Bones. Elle a pu lui parler, la laisser toucher son ventre, et communiquer avec elle. Le soir même, Bones était déjà bien plus détendue. On avait déjà fait un grand pas.
Bones a choisi de se livrer entièrement lors de mon dernier jour. Elle mangeait du foin tranquillement, avec les autres chevaux. Déjà, elle se réintégrait. Elle m’a expliqué qu’elle était née pour faire du sport. Que sa gardienne actuelle était la première humaine a s’être réellement connectée à elle: le sport est important, mais leur lien l’est d’autant plus. Bones voyait sa gestation et son poulain comme un poids. Deux éléments qui l’éloignaient de son humaine. Bones a manifesté le désir d’être à nouveau montée (elle a également été très directive sur d’autres aspects de sa vie, notamment sur son colocataire, un étalon selon elle « trop bavard », qui ne fait que lui raconter ses résultats de concours, ce qui m’a beaucoup surprise aussi) . De passer plus de temps avec son humaine au pré, mais aussi d’avoir des morceaux de carottes mélangées à son foin tous les soirs (j’ai tellement ri).
Elle m’a ensuite expliqué qu’elle était exaspérée par les poulinières qui l’entouraient. Ces juments respirent l’amour de la grossesse et des poulains. « Elles vivent pour être mère. Moi, je vis pour sauter des obstacles ». Bones avait peur de « devoir devenir…comme elle ». Alors on l’a rassuré. On lui a expliqué que cette gestation ne serait pas éternelle, et qu’elle ne serait pas condamnée à être poulinière pour le restant de ses jours. Et bien, croyez-le ou non, mais Bones a émis un soupire très long et intense au même moment. Tout son corps s’est relâché…et quelques jours après, son ventre est ressorti. Ça y est, ce poulain, elle l’acceptait.
🍃Toutes les demandes de Bones ont été respectées dès la semaine suivant mon compte rendu, je salue son humaine qui a fait preuve d’une réelle écoute et d’une grande bienveillance à l’égard des demandes de sa jument…et les résultats sont là.
✨Les animaux sont tout aussi sensible que les humains. J’espère que ce partage vous permettra de voir la gestation, les inséminations mais aussi le sport sous un angle différent. Oui, les inséminations artificielles peuvent être vécues de manière difficile par les juments. Oui, certaines ne sont pas prête à être mère; tandis que d’autres transpirent la maternité. Non, le sport n’est pas forcément désagréable pour certains chevaux. Oui, il y en a qui y prennent plaisir, et qui, comme Bones, se languissent de retrouver les barres.
𝘾𝙝𝙖𝙦𝙪𝙚 𝙖𝙣𝙞𝙢𝙖𝙡 𝙚𝙨𝙩 𝙙𝙞𝙛𝙛é𝙧𝙚𝙣𝙩, 𝙖𝙥𝙥𝙧𝙤𝙘𝙝𝙚𝙯-𝙡𝙚𝙨 𝙨𝙖𝙣𝙨 𝙥𝙧é𝙘𝙤𝙣ç𝙪𝙨, 𝙤𝙪𝙫𝙧𝙚𝙯-𝙫𝙤𝙪𝙨 à 𝙦𝙪𝙞 𝙞𝙡𝙨 𝙨𝙤𝙣𝙩, à 𝙡𝙚𝙪𝙧 𝙞𝙣𝙙𝙞𝙫𝙞𝙙𝙪𝙖𝙡𝙞𝙩é.
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(Photo d’illustration)