14/10/2023
Mon souhait est qu'un jour, plus de personnes pensent comme "nous". Parce qu'aujourd'hui j'ai l'impression d'être un extraterrestre (entourée par quelques autres extraterrestres 🥰) et j'aimerais que je monde soit plus beau 🙃
Le chien, catalyseur des peurs de l’homme, et de son besoin de se sentir libre ?
On le sait, aimer les animaux et aimer l’animalité, ce n’est pas du tout la même chose. Et dans ces deux réalités distinctes, c’est la condition humaine qui est questionnée. Pour accueillir l’animalité du chien, il est utile d’avoir conscience de sa propre animalité. Or, l’homme est la seule espèce à croire qu’il n’est plus un animal, et qu’il n’a pas besoin de l’environnement naturel. Pire parfois, la nature est pour lui, un ennemi à combattre, à contrôler. Dans l’animalité, sont intimement logées les notions de rusticité, de liberté, de connaissance et de respect des besoins de l’espèce qu’on déclare aimer. Or, au regard du degré d’anthropocentrisme qui parasite la vie du chien, on comprend surtout que certains êtres humains aiment l’idée de posséder un animal, plus que celle de s’adapter à lui, et de réunir les conditions pour qu’il soit vraiment bien.
L’animalité du chien dérange…
- sa communication est mal connue, et l’on voudrait souvent qu’elle corresponde à nos clichés et nos interprétations, qui rassurent nos croyances.
- les besoins du chien sont perçus comme pénibles, salissants, inutiles ou idiots.
- le chiens de notre société doit être poli, polissé, politiquement correct, propret, présentable, bien éduqué, et surtout, obéissant.
On aurait de plus en plus tendance à calquer sur le chien de famille le modèle éducatif de nos enfants (qui est loin d’être une référence). Ainsi, de la même manière que dès le plus jeune âge, le petit d’homme devra faire la preuve de compétences, dans certains pays (comme la Suisse), on envisage l’instauration de tests obligatoires pour tous les chiens, travail ou pas, catégorisé ou pas. Dans cette idée, plusieurs épreuves seraient imposées, du « assis » au « pas bouger », en diverses circonstances, toutes moins naturelles les unes que les autres. Ces tests ne sont évidemment prédictifs de rien, et certainement pas de l’éducation du chien, de son adaptabilité, ou de sa stabilité.
Que nous apprennent ces lubies de « tests obligatoires » sur les humains qui les ont ? Que l’obéissance les rassure, surtout quand ils sont inexpérimentés, et peu confiants dans leur rapport à l’animalité. Cela indique aussi la propension désastreuse de l’homme moderne à exécuter, sans se questionner, des pratiques désuètes, et à en faire la publicité. C’est le fameux « ça a toujours existé », alors ne prenons pas la peine d’entrer en réflexion sur ce qu’on demande de plus en plus à nos chiens, ou à nos tout-petits.
Ils doivent obéir, un point c’est tout, parce que nous croyons que l’obéissance et l’éducation sont des synonymes.
C’est donc l’animalité du chien qu’il faut mettre sous contrôle - plutôt que de la comprendre - alors même que la plupart des humains qui prônent l’obéissance crasse comme méthode éducative, ne connaissent pas le strict minimum de l’éthologie canine. Le problème reste que, la peur doublée d’incompétence induit les pires comportements, conduites, réponses, croyances, et que tout cela aura un impact inévitable sur les comportements des chiens. Et ce sera toujours de leur faute, puisque que, non contents de ne rien savoir, il est souvent difficile pour ces humains-là de se remettre en question.
Le contrôle c’est la négation même de l’animalité.
Notre société est de moins en moins adaptée au chien et à l’enfant, j’ose le dire. Il y a bien longtemps que notre environnement, surtout celui des grandes villes, ne favorise plus l’éthologie de qui-que-ce-soit. Nous avons tous cette image magique du parc canin anxiogène, inauguré en grandes pompes par des élus qui se gargarisent de leur initiative "à l’intention de nos amis les chiens". Comment l’éthologie pourrait-elle être respectée dans une société qui encourage autant la promiscuité, l’immédiateté, l’obéissance béate, l’absence de vague, et qui voit d’un très mauvais oeil le naturel, la liberté, le désaccord ou la colère, comme s’il fallait tout accepter. Dans cette dynamique hypocrite, les chiens sont en liberté... dans des parcs mal pensés, et trop étroits.
De l’autre côté, malheureusement à l’extrême, j’observe un grand besoin de révolte, exprimé très clairement dans la manière dont chiens et enfants sont absolument non-éduqués, non adaptés. C’est le paroxysme inversé. Ici, la liberté semble ne souffrir aucune limite, la parole de l’autre n’a pas d’importance, les règles doivent toutes voler en éclat, sans respect pour rien ni personne, au prétexte d’une liberté qui n’en a que le nom, de l’éthologie-à-ma-façon, et d’une soit-disant psychologie qui prône le laisser-faire absolu dans une optique éducative.
Alors, quand les humains et les chiens décrits au début de ce texte, rencontrent ceux que je dépeins maintenant, c’est la guerre assurée.
Le juste milieu est possible...
Pour espérer l’atteindre, et toucher du doigt la justesse qui rend agréable les discussions et les rencontres, il faut connaître les bases, et se forger une expérience digne de ce nom, en se posant sans cesse des questions. C’est le principe de l’évolution et de la remise en cause constantes, celles qui nous évitent la caricature, les recettes toutes faites, qui nous empêche de suivre les sons de cloche qui nous rassurent, et que nous avons tendance à répéter un peu trop bêtement. C’est ce qui nous protège des extrêmes, tout simplement.
Les bons professionnels, les auteurs, les scientifiques, tous les humains en général, évoluent dans leurs connaissances et leur pratique tout au long de leur vie, et c’est bien normal. Remettre en question sa propre pensée est une expérience saine et vivifiante. Il n’est par contre absolument pas rassurant, de constater qu’en une ou deux décennies, aucun changement, aucun rétropédalage, aucune prise de conscience, même infime, n’a existé chez quelqu’un. Ainsi, en France, beaucoup de professionnels ont d’abord oeuvré en méthode traditionnelle et coercitive, pour un jour changer radicalement d’avis, contrairement aux imbéciles, comme le dit l’expression. Et c'est une bonne chose.
Mais souvent, quand on change d’avis, on tombe dans l’extrême inverse, jusqu’à trouver le juste milieu…
Et de la coercition au laxisme, nous parvenons un jour à trouver la mesure.
Et c’est tant mieux.
Alors je le dis et le répète ici, comme le veut la pédagogie :
Non, le chien n’a pas tous les droits, juste parce que nous sommes devenus opposés à l’obéissance, ou adeptes de l’éducation positiviste.
Non, les chiens ne sont pas tous malheureux, maltraités, ou soumis, juste parce que nous avons décidé de consacrer notre vie à les protéger.
Non, l’homme n’est pas forcément un tortionnaire, un maniaque du commandement, ou un tyran désaxé.
Et non, l’homme ne doit pas s’estimer libre de tout, juste parce qu’il a besoin d’exprimer qu’il n’est pas toujours d’accord avec les règles de sa société.
N’utilisons jamais le chien pour faire passer un message à nos congénères. Si nous recherchons ardemment une liberté que vous n’avons pas encore trouvée, commençons par nous comporter comme nous ne l’avons jamais fait. Le chien n’a rien à voir dans tout ça. C’est le début d’un vrai changement, sans autoritarisme, ou misérabilisme, mais sans laxisme non plus.
Tous droits réservés
- "Mon chien, mon coach et moi" est disponible ici : https://shorturl.at/cFIV1
- "Le chien, cet animal qui nous échappe" d'Audrey Ventura est disponible ici : https://shorturl.at/afMNQ