
16/02/2025
LE DRESSAGE COMME UN ACTE SACRÉ
Aujourd’hui j’aimerais vous proposer une réflexion, qui s’adresse aussi bien aux cavaliers avancés qu’à ceux qui s’interrogent sur l’intérêt de “faire du dressage” ou même à ceux qui ont une vision définitive sur le fait que ce n’est pas naturel et mauvais pour les chevaux.
Car avant de penser à “dresser” votre cheval (ou à le rejeter en bloc), il me semble qu’il est important de se demander quel intérêt le cheval lui-même peut y trouver.
Si vous n’avez pas la réponse à cette question, commencez par chercher ce que le dressage peut apporter au cheval et à mieux comprendre ce qu’il y a derrière les exercices, attitudes et équilibres.
Sans cette compréhension, vous allez accumuler les frustrations, les résistances du cheval et vous en arriverez probablement à vous culpabiliser de le monter.
A mes yeux, le dressage, ce n’est pas faire des exercices difficiles avec un cheval.
Ce n’est pas mettre de beaux habits, serrer la muserole, et justifier des abus en disant que c’est ce que veulent les juges.
Ce n’est pas non plus laisser les rênes flotter et satisfaire son égo surdimensionné avec un cheval creux et de grands discours.
Le dressage, je le vois comme le développement d’une relation harmonieuse, profonde et sacrée avec le cheval.
Cela implique un développement physique, pour qu’il sache comment porter un cavalier sans effort et sans douleur, mais il s’agit aussi de communication, de compréhension, de découverte et d’écoute mutuelle, qui permet la création d’un partenariat profond et authentique.
Cela implique d’aider le cheval à trouver un équilibre, une attitude et un relâchement mental et physique adaptés à sa morphologie et à son tempérament.
D’être à son écoute et de sans cesse chercher à mieux le comprendre. Et d’oser nous confronter à nos peurs, nos démons, nos croyances, nos masques et nos incohérences, pour construire une relation qui ait du sens.
Alors le cheval gagnera en force, en souplesse, en décontraction, en équilibre.
Il va aussi apprendre et satisfaire sa curiosité et verra le monde des humains comme un terrain de jeu et d’expérimentation plutôt qu’un endroit effrayant rempli de zombies dont le coeur est écrasé par la culpabilité et emprisonné par les jugements et par leurs propres limitations.
Et il pourra vivre pleinement la profondeur du lien que nous allons créer avec lui, qui ne remplacera pas le lien qu’il aura avec les autres chevaux mais qui peut enrichir sa vie et lui permettre de se révéler, comme il peut nous permettre de le faire par sa présence.
Le dressage est fait POUR le cheval.
Il est censé être un cadeau que vous lui faites et certainement pas une source de souffrance.
Et en offrant ce cadeau, vous vous ferez aussi le cadeau d’évoluer, d’apprendre à mieux gérer vos émotions, de vous révéler, de prendre vos responsabilités, d’avoir confiance en vous et de devenir un meilleur être humain.
Pour votre cheval, faire une simple balade le dos creux, en déséquilibre et avec un cavalier qui n’est pas à sa place peut être extrêmement pénible.
Lorsque j’entends des cavaliers dire qu’ils n’ennuient pas leur cheval avec du dressage parce qu’ils ne font que de la balade, je me dis qu’il y a un énorme problème avec la conception même de ce qu’est cet Art.
Le dressage classique, tel que je le conçois, c’est du horsemanship, de l’équitation éthologique, de la gymnastique équestre, de la communication, du développement personnel, de l’Art, la redécouverte du lien à l'Autre et à Soi et surtout beaucoup d’Amour et de Respect.
C’est la reconnexion dont notre société a terriblement besoin à quelque chose d’ancestral et de sacré vers lequel les chevaux nous emmènent lorsque nous allons ensemble dans la même direction.
Alors les exercices difficiles deviennent évidents et faciles, aussi bien pour le cavalier que pour le cheval.
Et surtout, loin d’être, comme on l’entend parfois, un plaisir égoïste de l’humain au détriment du cheval, cela peut devenir un partenariat où chacun apporte quelque chose à l’autre.
Pierre Beaupère
Photo par Céline Bo****no - Photographe Équestre