02/04/2022
Le microbiote intestinal correspond à l’ensemble des bactéries, virus, champignons qui vivent en symbiose avec le corps humain dans la lumière de notre tube digestif. Longtemps circonscrit à un rôle nutritionnel, il est désormais identifié comme un organe à part entière en Médecine Humaine. Il éduque notre système immunitaire, renforce nos défenses, distille nutriments et composés essentiels à notre santé. Mais il interagit aussi avec notre système nerveux et notre cerveau ; il façonne, module nos comportements et réactions. On parle de l’axe microbiote cerveau-intestin !
En regard de ces éléments de contexte, les tortues marines sont en péril ! Les tortues marines sont, par leur alimentation et leurs cycles de vie, hyper-exposées à la pollution plastique; elles ingèrent de manière massive macro et micro-plastiques, vivent longtemps et donc les bioaccumulent. Or, de nombreux travaux scientifiques révèlent déjà l’impact délétère des microplastiques sur les microbiotes. Mais les tortues pourraient être encore plus vulnérables par un second mécanisme. Le trait d’histoire de vie le plus remarquable des tortues marines réside dans leurs aptitudes cognitives hors normes et les modalités de leur cycle reproductif, qui inclut de longues phases de migrations entre zones de reproduction et d’alimentation. Dotées d’un système d’orientation magnétosensitif (détection du champ magnétique terrestre), les tortues marines s’orientent et naviguent en pleine mer sur plusieurs milliers de kilomètres dans une trajectoire d’une extrême précision qui les conduit jusqu’à leur plage de naissance. Ces aptitudes cognitives spectaculaires semblent héritées de magnétobactéries sensibles au champ géomagnétique terrestre, clef de ce super-sens.
Leur vulnérabilité à la pollution plastique peut donc être indexée à 2 mécanismes : le risque d’interférences sur la communication cerveau-intestin et/ou une perturbation de la symbiose avec ces magnétobactéries. Le programme de recherche TORPP vise précisément à répondre à ces questions dont l’impact est majeur sur les dynamiques de population et la survie des tortues marines.