21/04/2024
À l’occasion de l’anniversaire de ma Chatterie, une fois n’est pas coutume… je vous écris 😌
Le mot "éleveur" provient du latin "elevare"... Personnellement, cela me fait penser au mot anglais "elevator", soit un ascenseur... haha ! Oui, c'est bien cela, car cette activité passion est un véritable ascenseur émotionnel 😉
En 2024, je célèbre le 10e anniversaire de ma première portée (Horacio, Jazz, Galaad et Brooklyn, joyeux d’anniversaire à eux 🥳) marquant ainsi une décennie d'engagement dans mon petit élevage.
C'est le moment pour moi de réfléchir au chemin parcouru et de raconter la passion qui m'anime, et qui est partagée par d'autres éleveurs qui se reconnaîtront dans ces mots.
C'est avec l’amour du Vivant, des relations humaines et une énergie indéfectible (ou presque) que je vis ma passion.
L'amour, c'est avant tout l'amour des chats qui m'a poussé à me lancer, presque sans m'en rendre compte. C’est une évidence dont on n’est pas Maître. Cet amour nous aide à surmonter les défis fous tels que l'achat de reproducteurs à des prix exorbitants et/ou très éloignés de notre lieu de vie, l'aménagement de notre espace de vie (j’habite chez mes chats !), les démarches administratives, les formations nécessaires et bien d’autres engagements. Cela implique également des bouleversements dans la vie familiale, la planification des congés, les absences ou les invitations en week-end deviennent un casse-tête et une source d'anxiété assurée. Nos proches sont embarqués dans cette aventure, parfois à contrecœur et souvent en difficulté à comprendre les priorités de notre passion.
L'amour inconditionnel nous aide à affronter sans moufter les hauts et bas que l’on rencontre, comme la magie d'une mise bas où l'on voit les chatons téter leur mère, dans un ronronnement mélodieux. Le plaisir de voir évoluer une portée, le suivi des mariages que l’on peut faire.
Mais il y a aussi la souffrance, la maladie, le handicap, la mort, des épreuves que nous ne montrons pas, que nous affrontons en silence, avec des dépenses et des cicatrices souvent invisibles et indicibles.
Je pense ici à mes retraités d’élevage pour qui il n’est pas toujours facile de vivre au milieu de jeunes fougueux entiers.
Les relations humaines sont riches en belles rencontres, que ce soit avec d'autres éleveurs qui partagent leur confiance et leurs petits, ou avec les familles adoptantes qui partagent leur histoire et leurs projets. Je garde en mémoire de nombreux souvenirs, des amitiés précieuses. J'ai eu la chance de rencontrer des familles adoptantes formidables, et le lien que nous avons créé lors de leurs projets et qui perdure me conforte dans l'idée qu'il faut du temps, de l'investissement et de l'écoute.
Cependant, je constate depuis un certain temps une évolution des mentalités dans le camp des éleveurs comme celui des adoptants. Certains éleveurs ne partagent plus par déception, peur des maladies, rivalité ou autres ressentiments.
Certaines personnes adoptantes recherchent plus un animal parfait qu'un compagnon idéal. Il y a des anecdotes amusantes à partager, comme cette personne voulant un chat identique à celui de Karl Lagerfeld (Choupette), ou celle voulant un chat assorti à son canapé, ou encore celle désirant qu'un chaton lui soit livré comme un repas UberEats, car elle vivait mal le confinement... L’individu qui veut le chaton câlin sur commande sans contrepartie… bah oui, si j’achète à ce prix-là, je veux en avoir pour mon argent !
Il y a ceux qui estiment que les refuges regorgent de chats abandonnés et que les éleveurs ne font que produire pour l’argent, comme si leur ch**te n’était qu’une simple planche à billets ! S'ils savaient, ils se tairaient... S'ils étaient à la place de l'éleveur, ils se tairaient.
Entre nous, le prix d’un chaton de race effectivement représente le prix d’un SMIC mensuel. C’est à la fois une valeur absolue élevée mais minime par rapport à l’investissement engagé : de frais en tout genre (vétérinaire, nourriture, achats reproducteurs, équipements d’élevage, recherches génétiques, formations, normes, médiateur, administrations, taxes, pedigrees, logistiques etc…), émotionnel, de formation, d’énergie, de contraintes (nuits blanches, absence de congés, vocalises des reproducteurs, marquages urinaires, mobiliers abimés, absence de plantes/fleurs, compromis familiaux… ) et surtout de beaucoup de temps.
Le chat de race avec pedigree ne veut pas dire seulement qu’il a un arbre généalogique, un chaton de race implique en amont des décennies de travail de sélection par les éleveurs pour garantir telles ou telles caractéristiques physiques ou comportementales.
J’ai souvent entendu : « moi je cherche un chat de telle race parce que j’ai lu que cette race correspondrait à mon mode de vie, mais je n’ai pas besoin du pedigree car ne ferai pas d’exposition ». Mais pour posséder un chat de telle race avec les caractéristiques intrinsèques à la race, il faut bien avoir sélectionné et encore sélectionné pour combler l’adoptant.
Enfin, l'énergie indéfectible de la passion. Après 10 ans, qu'en reste-t-il ?
Elle est semblable à la fragile beauté de la vie !
Il est temps pour moi de dire MERCI à ma famille, à mes proches, à Dame Nature, à ceux qui me soutiennent et à la bienveillance des autres.
Ma lettre est longue mais je n’écris qu’une fois par décennie 😉
À dans 10 ans peut-être …