07/05/2021
Prenez le temps de lire, c'est vraiment parlant !
Colère noire, désolé, ça va être long.
Il est extrêmement intéressant en ce moment de constater que les gens qui évoquent le plus souvent le comportement social du chien soient des gens qui n’en sont absolument pas spécialistes.
Il y a quelque temps, nos « amis » coercitifs exprimaient, avec la fougue qu’on leur connait, cette fameuse dominance, à grand renfort d’exemple sur le terrain : « Cété parskil son dans la recherche de là iérarchi quil se bate ».
Ok Gogol : cherche-moi une étude prouvant la hiérarchie.
Dans ce cas en particulier, une seule étude a été sortie, par nos amis coercitifs, je n’en dirai rien, nous en avons déjà parlé longuement, il faut juste savoir que la moitié des partages ont été supprimés, simplement parce que leurs auteurs n’avaient pas lu l’étude en question, ce qui est un peu couillon parce qu’elle était particulièrement moisie.
(Si ça vous intéresse, il y a une explication ici :
https://www.facebook.com/ECCeducation/posts/2215040808811342)
On sait depuis longtemps que les éducateurs coercitifs tentent de prouver l’existence de la hiérarchie chez les chiens et d’une dominance intrinsèque de l’individu pour une seule raison : Légitimer des pratiques douteuses, violentes, sous couvert du fameux : « Le maître doit être le chef ».
Ok vieux, ramasses tes théories moisies et retourne jouer au backgammon avec tes amis et une bonne tisane.
Depuis quelque temps en revanche, une nouvelle étape a été franchie.
Même chez les « positifs » (terme que je n’aime pas et dont je ne me réclame pas), il est question maintenant d’affirmer des tas de choses, non pas en fonction de découvertes scientifiques, ni en citant des études ou des résultats d’analyses, mais en proposant un article, un exposé, dont le seul but est de renforcer ou de propager une idée, quitte à raconter des choses qui n’ont aucun fondement, et qui pourraient même présenter un danger certain.
L’idée en question est de prôner la « non stérilisation ».
Si la page en question n’est pas inintéressante d’une manière globale, je pense, ce n’est pas la première fois que je tombe de ma chaise en lisant certains articles.
Voici le passage qui me fait bondir, issu de la page Cynoconsult : « "Quelle que soit l'espèce, les sujets mâles entrent en conflit régulièrement. Cependant on constatera également que ces rixes ne dégénèrent jamais." »
Outre le fait que cette affirmation soit sortie d’un chapeau, elle peut présenter un danger certain pour le maître lambda, parce qu’elle n’a aucun fondement, et que la réalité de terrain tend à prouver qu’on ne peut absolument pas en faire une généralité.
Essayons d’exposer des faits.
Dans une vie de groupe (une dizaine d’individus), et sans dévoiler le contenu de la conférence que nous avons donnée à maintes reprises, il n’est pas question de deux éléments, la reproduction et l’alimentation, il s’agit de dizaines de ressources, de dizaines d’activités, multipliées par des dizaines de contextes.
Il existe mille situations pouvant aboutir à des conflits, toute la journée, et toute la nuit. La vie sociale du chien ne se résume pas, et surtout ne s’étudie pas lors d’une rencontre entre deux chiens dans un parc, ou sur un terrain d’éducation. Il faut arrêter de prendre les gens pour des quiches.
Dire que les rixes entre mâles ne sont pas dangereuses (comme dire que les rixes entre femelles sont dangereuses) est une ineptie. En particulier face au nombre quasi infini de situations vécues.
La notion de socialisation revêt actuellement quelque chose de particulièrement minimaliste, voire inquiétante. Cette socialisation, dans le cadre de l’éducation canine, semble se résumer à permettre à son chien d’en rencontrer un autre sans lui fo**re sur la gu**le, ou de croiser un chien sans s’exciter.
La vérité est tellement plus complexe que ça.
Spoiler : Un chien qui aime tout le monde, et qui s’entend avec tout le monde, ça n’existe pas, qu’il soit stérilisé ou non. Dans le pire des cas, il s’agit d’un chien conditionné à fermer sa gu**le (qu’il s’agisse d’un apprentissage en renforcement positif ou par la tartine dans la courge), et généralement, ce chien ne supporte pas la vie de groupe.
Un groupe d’une dizaine de chiens, vivants ensemble 24h/24, ne peut pas répondre à des conditionnements mis en place par l’humain, parce que l’humain ne peut pas programmer des centaines de situations différentes. Il arrive un moment où la nature doit faire son travail, et parfois la nature reprend ses droits, et c’est à ce moment que l’humain doit réagir, parce qu’il est responsable de l’intégrité physique et psychologique des chiens dont il a la charge.
Moins l’humain intervient, plus le groupe trouve son équilibre naturellement.
Ceci ne signifie pas qu’il ne faut pas intervenir !
L’acte sexuel, n’est pas anodin chez les chiens, et d’après ce qu’on constate sur le terrain, évidemment, les contributeurs les plus actifs sont les chiens non stérilisés, ensuite les chiens stérilisés qui ont déjà goûté au fruit défendu, puis les individus stérilisés tardivement, puis les individus stérilisés précocement.
Ceci ne signifie pas qu’un individu stérilisé sera inintéressé face à la ressource que représente une femelle demandeuse.
Car la femelle en chaleur devient une ressource dans un groupe, et comme beaucoup d’autres ressources, elle peut provoquer des animosités. Contrairement à la nourriture, à un jouet, ou à un trou de taupe, la femelle en chaleur peut créer une animosité durable, voire définitive. Et pas nécessairement entre chiens entiers. (Je ne crois pas que l’organe de Jacobson soit affecté par la stérilisation.)
Je suis en colère contre cet article, parce que son seul but est de propager l’idée selon laquelle il ne faut pas stériliser les chiens, thème récurrent sur cette page.
Partir d’un postulat sans fondement, dans le seul but de vouloir préconiser la « non stérilisation » me paraît hautement hasardeux.
Le comportement social du chien ne se fixe pas au fait que les chiens soient stérilisés ou pas, il y a l’avant, l’après, le vécu, les expériences, etc.
Quand je parle de modèle collaboratif, il ne s’agit pas de chiens fugueurs qui se font la courte échelle pour aller faire un tour en ville, ou de chiens qui lancent une diversion pendant que les autres vont piller le frigo, il s’agit d’un modèle où les chiens trouvent leur place en fonction de leurs domaines de compétences, de leurs affinités, de leurs caractères, de leurs humeurs et de leurs envies.
Dans ce cadre, et dans une situation et un contexte, certaines ressources sont convoitées régulièrement par quelques individus du groupe, et d’une manière générale, ça se passe très bien, mais même dans un groupe très équilibré, il peut se passer des moments où personne ne veut lâcher, et c’est là qu’il faut être vigilant.
En ayant commenté cette publication de Cynoconsult, après plusieurs réponses allant dans mon sens, et avec plusieurs dizaines de likes, puis une réponse de l’auteur, mon commentaire a été supprimé, et j’ai été bloqué de la page. Ce n’est pas vraiment grave, ça m’évitera de lire d’autres inepties. C’est curieux ce besoin viscéral de discuter chez certains...
Il a évidemment été question d’une mauvaise compréhension de ma part, qu’il ne s’agissait pas du comportement social dans un groupe de chiens établi, mais lors de rencontres entre chiens… Comment noyer le poisson.
Figurez-vous que pour qu’un groupe de chien existe, il faut que des chiens se rencontrent, donc par définition, ils ne se connaissaient pas avant.
Si je suis d’accord a priori sur le fait que les chiens doivent pouvoir s’exprimer, il ne faut jamais minimiser les conséquences possible d’un vrai conflit. Oui, moi aussi j’ai vu des mâles faire un barouf incroyable sans qu’il n’y ait la moindre égratignure, oui, moi aussi j’ai vu des chiens sortir des dents de six pieds de long sans qu’il n’y ait aucune morsure.
J’ai accueilli des centaines de chiens, en famille d’accueil, et en pension familiale à une époque, on ne peut faire aucune généralité, et le concept de la liberté totale a déjà à maintes reprises prouvé sa dangerosité dans certains endroits.
Des rencontres entre chiens, j’en ai vu des milliers, et j’ai toujours une appréhension, parce que si vraiment ça part en quenouille, c’est pas le moment d’écrire un livre.
Pour pouvoir généraliser, il faudrait avoir une quantité de données absolument démente, et personnellement, j’ai un peu plus de douze ans de relevés, de notes, de cas, qui concernent des centaines de chiens, de races, d’âges et de sexes différents, stérilisés ou non. Tout ce que j’ai pu conclure, même si ça n’a aucune valeur scientifique (pour l’instant), c’est que la dominance intrinsèque d’un chien n’existe pas, et qu’il n’y a aucune hiérarchie dans un groupe. Mais en aucun cas, ces données n’ont pu mettre en évidence un « non risque entre mâles » (entiers ou non, qu’ils se connaissent ou non).
Il va falloir assez vite arrêter d’essayer de comprendre le comportement social du chien sur un terrain d’éducation, je croyais que c’était l’apanage des coercitifs ça… Certains se mettent d’ailleurs à proposer des cours sur la question, ce qui promet d’être assez exotique.
Pour finir, il va falloir assez vite également arrêter de se baser sur « la nature » pour comprendre le comportement canin. Le chien n’est pas un animal sauvage, il n’a aucun comportement « dans la nature », le chien est un animal domestique, point.
Le chien n’est ni un loup, ni un chacal, ni un dingo, ni un renard, le chien est un chien, il n’a pas la somme des compétences de ces animaux, il n’en a que certaines, et très souvent partiellement seulement.
J’avais cru constater que la comparaison avec la nature, la comparaison chien/loup était aussi l’apanage des coercitifs, mais manifestement, quand on veut faire passer une idée, on y a recours aussi dans le « positif ».
Toutes ces généralités, ces poncifs, ces clichés, ces idées toutes faites, pour simplement faire passer l’idée selon laquelle il ne faut pas stériliser les chiens, ça me paraît extrêmement douteux, et extrêmement éloigné d’une démarche scientifique.
Si je peux comprendre qu’on soit contre la stérilisation, car j’admets sans aucun problème qu’il s’agisse d’une mutilation, et d’une intrusion violente, j’ai quand-même dans l’idée que les gens qui prônent la « non stérilisation » devraient peut-être aller faire un tour dans les refuges, et observer un peu.
Entre les portées complètes de chats ou de chiens, déposées dans un carton devant le portail et les soirs d’hiver où tu plaques un plexi sur la grille du box, pour qu’ils n’aient pas trop froid, là tu penses bien que la stérilisation…
Quand tu récupère une portée de cinq chatons, largués, et que tous meurent, sauf un, dans les bras de ton épouse, qui a tout fait pour les nourrir, les réchauffer, les soigner, leur faire faire leur besoin, tu penses bien que la stérilisation…
Quand tu vois que des gens, qui ont une femelle malinois, et qui n’arrivent pas à satisfaire ses besoins, lui font faire une portée volontairement, tu penses bien que la stérilisation...
Moi j’ai une idée, interdisons la stérilisation, et accueillons tous les individus en refuge, toujours sans les stériliser, mettons-les tous ensemble, (ben oui, dans la nature, ils se débrouillent, et entre mâles les rixes ne dégénèrent jamais), et attendons.
Ha merde… Les rixes entre femelles, ça ne dégénère jamais non plus ou c’est fixé, genre une fois sur trois ?
Une dernière petite chose, un certain Jean-Marc, a émis une idée complètement f***e, je vais essayer de l’exposer sans la trahir : « La stérilisation étant souvent présentée comme un remède face aux problèmes d’agressivité, une partie des chiens stérilisés étaient agressifs avant avant d’avoir été stérilisés ». En plus clair, les secoués du bulbes stérilisés l’étaient peut-être déjà avant… De là à conclure que la stérilisation rend les chiens débiles, il n’y a qu’un pas, que certains n’hésitent pas à franchir.
Remettre les pieds sur terre serait peut-être une bonne option, ou alors aller faire un tour dans la nature, parce que dans la nature, il n’y a pas de chien.