01/01/2024
J’ai de la chance d’avoir un cheval malade.
C’était ma réalisation de cette fin d’année, alors que je passais la veille du nouvel an à l’écurie pour un rdv médical le concernant, rdv qui a, en plus, terminé en chute pour moi et mauvaise expérience pour lui.
J’ai clairement longtemps pensé l’inverse. Ça fait trois ans qu’Habanero est en rechute d’ulcère plusieurs fois par an, avec, parfois, des coliques plus ou moins violentes. J’en ai pleuré des litres de larmes à le voir si douloureux malgré les efforts immenses que je mets en place pour l’aider. En 3 ans, on a suivi plusieurs protocoles véto, on a rencontré beaucoup de praticiens classiques et holistiques, mon porte-monnaie lui a été entièrement dédié, je suis devenue une spécialiste de sa pathologie à force de lire et relire tout ce que je trouvais sur ce thème, y compris en anglais… A chaque période de mieux j’avais la sensation d’avancer enfin mais il finissait toujours par y avoir une rechute… sans explication réelle.
S’occuper d’un animal malade c’est une charge mentale énorme. Réfléchir au traitement, respecter les dosages, adapter parfois ses horaires, vérifier constamment que tout est ok…
C’est aussi une charge émotionnelle intense. Voir ceux qu’on aime souffrir, être confronté, tout le temps à la possibilité de perdre notre ami, avoir peur de ne pas en faire assez alors qu’on fait tout ce qui est en notre possible…
C’est aussi une charge physique. Veiller un cheval, dans le froid et la nuit, le faire marcher non-stop pour faire passer une colique, l’empêcher de se coucher, batailler pour lui faire prendre son traitement, lui faire une injection…
Ça fait 3 ans qu’il est en rechute régulière et que je ne sais pas quoi faire de plus pour l’aider. Ça fait 3 ans que j’ai accepté, encore une fois, que je ne savais rien.
Régulièrement, je passe de la posture de thérapeute qui aident les animaux des autres à gardienne en détresse pour son propre animal. Alors, je fais appel à d’autres thérapeutes.
Ainsi, j’ai pu faire de super belle rencontre. A l’inverse j’ai aussi eu de très mauvaises surprises.
J’ai pu dresser, au fur et à mesure de mes rencontres, un portrait type du rendez-vous raté.
-En général, c’est un praticien qui ne prend pas vraiment le temps. Ni d’écouter votre histoire, ni d’écouter tout ce qui a déjà été mis en place, parce que lui, il sait.
Dans cette équation, en général, il oublie aussi son premier patient, le cheval. Pas de présentation, pas de temps pour rassurer l’animal, pas de temps pour se remettre en question si l’animal n’est pas coopératif. Le consentement ? Il ne connaît pas !
-C’est un praticien qui a sa grille de lecture et il la déploie devant vous sans prendre en compte l’unicité de la situation, de l’individu, de son patient. Votre détresse et celle de l’animal ne sont pas considérées. Vos efforts mis en place sont parfois balayés d’un revers de la main ou critiqués car ça ne correspond pas à sa grille de lecture à lui.
-C’est un praticien qui abuse de son pouvoir, sa posture n’est pas intègre, juste :
-Il y a ceux qui cherchent à vous en mettre plein la vue… en parlant de combien ils sont réputés, considérés par les autres clients.. ou bien capable de tout régler.
-Il y a aussi ceux qui s’hasardent à emprunter une casquette de communiquant animalier/ shiatsu/naturo et donc a traiter une problématique sans en être spécialiste voir carrément en faisant n’importe quoi…
-Il y a aussi ceux qui « s’amusent » à créer de la dépendance, à se rendre indispensable, à faire peur au gardien… Ex : vous demandez des infos sur le mélanome de votre cheval et on vous raconte des histoires horribles sur les précédents patients qui à la base avait juste un petit mélanome comme votre cheval, heureusement, ce thérapeute a la clé pour vous aider !
J’ai de la chance d’avoir un cheval malade.
Pendant des années, j’ai cru qu’il s’agissait d’une malédiction. Aujourd’hui, je vois que cette épreuve est une initiation. Elle me permet d’être la personne que j’aurai aimé rencontrer lorsque j’étais cette propriétaire en détresse.
Il m’a appris la valeur du consentement et de l’intégrité, de l’écoute profonde et authentique, de l’importance de toujours remettre en question ses croyances et ses certitudes, de ne rien considérer comme étant un acquis, une vérité. Il m’apprend la valeur de l’espace qu’un gardien nous accorde pour interagir avec son animal, il m’apprend la valeur de la confiance qu’un animal nous accorde le temps d’un soin, il m’apprend la nécessité de rester humble face au vivant, d’être toujours celle qui ne sait pas mais essaie.
Merci Habanero, pour tout.
Merci de m’avoir choisi pour avancer ensemble sur ton chemin de guérison, ce n’est plus une malédiction, c’est un honneur. Je sais aujourd’hui que j’ai les ressources même si il m’a fallu du temps pour le comprendre.
Nb: après 3 ans a batailler pour ses ulcères, on avance enfin puisque la cause de tout ça serait lyme... je vous tiendrai au courant.
Nb2: Cette fin d'année a été intense, je ne suis pas à jour dans mes comptes-rendus, notamment car Habanero en lien avec sa dernière crise a sollicité toute mon attention. Je reviens vers vous au plus vite.