02/01/2024
A lire 🙏
Non pas pour vous dire que vos chiens
Sont dans cette situation.
Mais parceque beaucoup de choses tellement pertinentes dans l'ensemble de l'article.
J'espère que certains mots/phrases raisonnerons pour vous comme elles raisonnent pour moi 🐾
*** LA SUR-ADAPTATION QU’EST-CE QUE C’EST ? ***
La sur-adaptation est un mécanisme insidieux et destructeur à long terme, dans lequel un chien se trouve contraint de modifier son tempérament, ses besoins et ses limites émotionnelles pour s'adapter aux exigences d'une situation régulièrement subie. Ce travers dans lequel beaucoup de particuliers tombent, découle de la croyance qu’un chien doit toujours progresser, surmonter, s’adapter.
Si nous sommes d’accord sur le fait qu’il est possible d’aider un chien à s’adapter à certaines situations, je ne suis pas favorable à ce que des particuliers se lancent dans la gestion environnementale sans aucun accompagnement. La sur-adaptation est en effet l’un des plus grands écueils de la gestion environnementale, pourtant la seule qui peut aider un chien à se sentir mieux en dehors de chez lui, à condition qu’elle soit réalisée correctement.
Le résultat d’une mauvaise gestion environnementale est souvent le même : au bout de quelques mois, le chien présente de nouveaux symptômes comportementaux qui traduisent un épuisement mental à cause de la sur-adaptation qu’il s’impose à lui-même, en partie pour satisfaire sa croyance que c’est ce que son gardien attend de lui. Cela signifie que le chien prend sur lui, constamment. C’est un chien qui n’apprend pas à connaître et accueillir ses limites et ses besoins.
JE SUIS UN BON CHIEN
« Si je m'adapte, mon humain est content. J’aime quand il est fier de moi, il me donne des récompenses. Alors je vais m'adapter tout le temps, pour absolument tout, et parfois, jusqu’à tolérer l’inacceptable ». Le chien entre en conflit avec lui-même, il est fatigué et devient en colère.
Pas de culpabilisation des gardiens s’il vous plaît. La sur-adaptation, ce n’est pas l’immersion. La sur-adaptation ne provoque pas la détresse acquise. Elle provoque le surmenage, l’excitabilité, l’irritabilité croissante, la perturbation du sommeil. S’il n’est pas vraiment difficile de comprendre qu’un chien ne réagit plus parce qu’il est tétanisé par les conséquences que sa réaction aura sur lui (la détresse acquise logée dans l’anxiété et la dépression), il est plutôt difficile de saisir qu’un chien est en sur-adaptation (logée dans la colère et la dépression).
De même, si aujourd’hui, il est plutôt évident d’anticiper qu’un professionnel éloigné de toute notion de psychologie est en train de nous conseiller un protocole d’immersion dans les contextes remplis de la difficulté émotionnelle de notre chien, les particuliers dont le chien est en sur-adaptation se doutent rarement de ce qui se passe. Ce sont des personnes volontaires et impliquées, plutôt rompues à la gestion environnementale, assez bien renseignées sur la psychologie du chien, et sa communication. Elles se sentent souvent capables de tout gérer seules. Parfois, elles le sont réellement. Parfois, non. Et parfois, même si elles sont accompagnées, elles en font trop.
LE MIEUX EST L’ENNEMI DU BIEN, ET DU CHIEN
Ces personnes volontaires, parfois « volontaristes » sont animées des meilleures intentions pour leur chien. Et il est vrai que ce dernier fait des progrès, augmente sa tolérance. À quel point ? Au point de s’oublier lui-même. Depuis peu, son comportement évolue à la maison, dans la mauvaise direction. Des comportements, conduites et habitudes nouvelles apparaissent. Le chien est énervé et excitable. Il est moins tolérant, et se montre irritable. Il dort moins, ou moins bien. Il s’éloigne, ou cherche à s’isoler. La famille dira qu’elle sent que le chien est « borderline ». Après s’être assuré que tout va bien sur un plan médical, il faut envisager la sur-adaptation en faisant une étude de tout ce que le chien fait, tous les jours, du matin au soir.
- Tous les jours ou presque, le chien sort de chez lui pour travailler dans la gestion environnementale en suivant un programme que l’humain s’impose à lui-même pour des raisons personnelles.
- Tous les jours ou presque, le chien se concentre, observe, analyse, surmonte, s’adapte. Son gardien est heureux de cette réussite qui semblait impossible il y a encore quelques semaines. Le chien est fier d’être gratifié, félicité par son gardien, son parent, son humain d’attachement.
- Tous les jours ou presque, la gestion environnementale se révèle cavalière. Souvent, la faiblesse est la même : si aujourd’hui les particuliers savent que la distance est nécessaire, la trajectoire elle, reste la grande oubliée (ou négligée), et la distance n’est pas toujours cohérente.
- Tous les jours ou presque, l’humain, lui aussi, s’inflige un travail, une obligation de progression, une contrainte. S’il pleut, s’il est malade, s’il n’a pas envie, il se fait violence et sort avec son chien, car il craint d’être estampillé « mauvais gardien » pour son animal qui a tant de difficultés émotionnelles.
- Tous les jours ou presque, lentement mais sûrement, le chien apprend à oublier ses besoins et ses limites, car son humain aimant lui montre l’exemple. S’adapter c’est rester social, sociable, et être accepté par la société. Certes, mais pas tous les jours, et pas comme ça.
- Etc.
OÙ SE TROUVE LE SALUT ?
Souvent, les deux êtres sont très fatigués. Ces dernières semaines, j’ai solennellement prié certains de mes clients de ralentir, de faire une pause, de réfléchir, voire de tout arrêter jusqu’à nouvel ordre. Mon travail lors des derniers rendez-vous a davantage consisté à les soulager de cette charge mentale incroyable qu’ils s’imposent, plutôt qu’à leur conseiller ce qu’il faut faire.
Pour vaincre ou lutter contre la sur-adaptation, il n’existe que deux solutions, deux amis qui s’invitent souvent avec grand bonheur, pour le chien et son humain : le repos émotionnel régulier (pour éviter l’épuisement) ou jusqu’à nouvel ordre (pour retrouver l’apaisement) et la sécurisation.
Dites-vous que plus votre chien est protégé, entendu, écouté, compris, plus il se sent digne d’être apprécié comme il est, avec ses difficultés, et plus le risque de sur-adaptation s’éloigne. Le chien va naturellement accueillir et respecter ses besoins émotionnels. En parallèle, vous veillerez à les lui assurer. Plus votre chien vous verra répondre à ses besoins, moins il accèdera à la croyance qu’il doit subir. Vous l’aiderez ainsi à atteindre la sécurisation.
Je ne dis pas de ne RIEN FAIRE. Je vous assure que ce que je viens d’expliquer n’a rien à voir avec le fait de ne rien faire. Voilà pourquoi je passe tant de temps à expliquer en étude ou en conférence à quel point il est fondamental, essentiel, nécessaire, de protéger nos chiens, sans pour autant les couver comme de petites choses fragiles. Cela peut être complexe à comprendre, je le sais. C’est la raison pour laquelle un coach individuel en comportement peut être utile.
Ainsi, aujourd’hui, avec les réseaux et les formations techniques en trois jours, tout le monde peut apporter son conseil, donner un tuyau, des exercices complexes, ou des "trucs" pour faire travailler le chien et son gardien. Un coach individuel en comportement ne devrait jamais devenir un éducateur qui donne du travail difficile pour justifier ses tarifs et montrer ses compétences. Il n’est pas là pour vous apprendre des ordres, des exercices ou des protocoles, et vous donner le sentiment de FAIRE ou d'ACCOMPLIR. Il est présent pour vous accompagner, vous guider et vous conseiller avant tout dans l'intérêt émotionnel du binôme. Et parfois, il vous conseillera de NE PAS FAIRE.
Ne le consultez pas trop t**d. La sur-adaptation est une conséquence de trop de gestion environnementale, trop de renforcement positif, trop d’entraînement, trop d’attentes. Pourtant, la gestion environnementale, le renforcement positif, et l’entraînement sont des vertus à part entière, à condition qu’ils maintiennent la stabilité émotionnelle du binôme. Et même si le but n’est pas de culpabiliser qui que ce soit, il faut quand même bien reconnaître que la responsabilité de la sur-adaptation revient souvent à l’humain du chien (ou à son éducateur), en ce que bien souvent, ils sont les premiers à se les infliger.
Audrey Ventura / Cynoconsult
*** ACTUALITÉ ***
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