15/02/2025
Les humains sont-ils devenus fous ?
"En 20 ans, je n'ai jamais vu ça" : le casse-tête des refuges pour chiens et chats, pleins à craquer.
Source France 3 infos du 15/02/2025
"Le mois de janvier a commencé très fort, pour des raisons qu'on n'explique pas", soupire Lily Petit. Directrice du refuge Saint-Jean de Saint-Jean-aux-Amognes (Nièvre) depuis 2005, elle dresse un constat aussi simple qu'alarmant : "En 20 ans, je n'ai tout bonnement jamais vu ça." Sur le seul mois de janvier 2025, son établissement a recueilli pas moins de... 26 chiens.
De moins en moins d'adoptions
Une situation critique loin d'être isolée. Lily Petit l'assure : "pour avoir discuté avec des collègues, c'est partout la même chose". Ce que tend à corroborer le bilan "préoccupant sur la situation dans ses refuges" en 2024, publié par la Société de protection des animaux (SPA) à la fin du mois dernier, qui pointe entre autres la diminution des adoptions.
Si moins d'animaux ont été recueillis l'an passé (43 742 contre 44 844 en 2023), moins ont également été adoptés (39 863 contre 40 587). Près de 26 000 des quelque 28 547 chats accueillis dans des refuges ont trouvé une famille, pour environ 11 700 des 12 253 chiens - ce qui, dans ce dernier cas, représente une baisse de 6,4% par rapport à l'année précédente.
Vie de chien
À la SPA des Cailloux, située dans le sud-est de Dijon, ce sont justement les chiens qui peinent à quitter le refuge. Trois types sont particulièrement mal-aimés : les bergers (malinois, allemands ou tout autre race), les staffordshire bull terriers dits "staffies", et les cane corso.
"Hélas, si c'étaient des abandons de yorkshires ou d'autres petits chiens, ça n'inquiéterait pas tant", explique Jean-Luc Chemin, directeur salarié de la SPA des Cailloux.
"Là, ce sont des gros chiens voire des chiens molossoïdes. Ils ne sont pas faciles à caser, surtout quand ils ont été déstabilisés plusieurs fois." Jean-Luc Chemin, directeur de la SPA des Cailloux
Le directeur de la SPA des Cailloux ajoute : "On n'a pas ce problème avec les chats, parce qu'ils coûtent moins cher à entretenir, prennent moins de place, n'ont pas besoin d'être promenés..."
Comment expliquer l'abandon de ces gros chiens ? En raison notamment, selon Jean-Luc Chemin, de ventes sauvages sur les réseaux sociaux. "Des personnes qui possèdent un staffie ou un malinois femelle vont la laisser faire une portée, puis vendre les petits entre 400 et 600 euros. Quelqu'un achète, pour se rendre compte que finalement ce n'est pas compatible avec son mode de vie."
L'euthanasie, en dernier recours
Conséquence : les abandons se multiplient tout au long de l'année et surchargent les refuges. Avec 71 chiens dans ses locaux au milieu du mois de février, la SPA des Cailloux a atteint sa capacité maximale. Une quasi-surcharge qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur d'autres pensionnaires potentiels.
"Un autre refuge nous a envoyé un mail hier dans lequel il indique être à la recherche d'une "porte de sortie" pour huit de ses chiens. Si aucune solution d'hébergement n'est trouvée rapidement, ils seront euthanasiés", raconte Jean-Luc Chemin. Il déplore par ailleurs que de plus en plus d'établissements soient contraints de recourir à cette solution : "On est là pour la protection animale, pas pour leur destruction."
Pour rappel, l'abandon d'un animal de compagnie est considéré comme un acte de maltraitance et puni par la loi. L'article 521-1 du code pénal prévoit des sanctions allant jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende, ou cinq ans et 75 000 euros en cas de mort de l'animal.