20/01/2025
🔹 Se promener détaché partout, la vraie liberté du chien ? 🔹
Certaines personnes ont cet objectif ou ce rêve en tête : pouvoir balader son compagnon poilu en libre quelque soit l’endroit. Parce qu’un chien détaché est un chien (plus) heureux, (plus) épanoui grâce à sa liberté physique. Cerise sur le gâteau : cela attire l’admiration des passants qui trouvent le.s chien.s « bien dressé.s ».
Pendant de longues années, j’y croyais dur comme fer. Mes chiennes se promenaient sans laisse dans le lotissement, mais aussi en « ville », si je jugeais bon de les y emmener. J’étais persuadée que c’était ce qu’il y avait de mieux, une fois de solides apprentissages ancrés (bien entendu).
Oui parce que se balader partout sans le filet de sécurité que constitue la longe ou la laisse nécessite l’intégration de certaines règles : rester sur le trottoir, ne pas entrer chez les gens dont les cours/jardins ne sont pas fermés, ne pas se laisser distraire par ce qu’il y a sur la route ou en face, se contenter du bas-côté quand il n’y a pas de trottoir, s’arrêter soi-même en autonomie aux intersections etc. En bref, faire preuve d’une obéissance à toute épreuve ou d’une auto-gestion de la situation encore plus fiable.
Est-ce que c’est ça, être libre ? Ou est-ce que cette liberté physique n’implique pas une contrainte psychologique encore plus grande que ne l'impose la longe ?
Le chien qui passe sa balade sous les ordres de son gardien « trottoir, stop, traverse, laisse, attends, vas-y, gauche, stop, traverse, au pied, va devant, attends... » est-il vraiment « libre » ?
Et, pour aller plus loin, celui à qui on n'aurait plus rien à dire, car il marche sans fausse note sur le trottoir ou le côté de la route, s’arrête automatiquement aux croisements, ignore gens, chiens, chats, remonte toujours de lui-même sur le trottoir, profite-t-il vraiment mieux de sa balade ?
Je ne le crois plus aujourd’hui.
Le chien qu’on doit contrôler verbalement sans arrêt ne peut pas réellement profiter d’une promenade sereine. Ni en ville, ni ailleurs. Devoir obéir toutes les dix secondes ne favorise aucune détente, aucun lâcher prise, car aucune véritable connexion avec l'environnement intéressant pour l'animal qu'il est.
Et je crois désormais que le chien qui doit faire attention à tenir compte de tous ses apprentissages, qui est censé gérer en autonomie ses émotions et aller (souvent) contre ses instinct de chien « normal » sur toute une sortie ne profite pas pleinement de sa promenade non plus.
Je n’ai pas de vidéo, mais j’ai souvenir de mes deux blondes trottinant sur les trottoirs de chez nous sans poser le nez au sol. Je crois me rappeler qu’elle observaient peu, reniflaient encore moins, ne s’arrêtaient pas avant de tomber sur une intersection, dans des zones pourtant riches en informations olfactives. Heureusement, notre proximité avec un petit bois, une grande zone en herbe et les stades leur permettaient d’être moins contraintes par l’environnement. C’était sûrement ce qui les aidaient à suivre mes directives et enseignements pourtant très carrés et contre-nature, sans manifester de gêne ou souffrance.
Aujourd’hui, mes chiens marchent au milieu de nos routes de campagne. En lotissement, Sangha quitte les trottoirs si ça lui chante. Il traverse n’importe comment, si une odeur l’attire de l’autre côté. Parfois, il est en liberté, car l’endroit est quasiment désert et qu’il revient automatiquement sur les voitures, chiens, personnes. Parfois, il est en longe, parce que je sais que la zone ne se prête pas à le laisser déambuler sans prise de tête (zones à chats, moutons trop près de la clôture, endroits à conflits de motivation comme un jardin où une chienne se montre agressive alors que l'autre l'appelle et veut le saluer etc.)
Mettre le chien en longe et l’accompagner dans ses déplacements via ce lien, c’est, pour moi, lui offrir plus de liberté – selon le lieu - que si nous avions à l’encadrer vocalement ou que s’il avait à tout respecter seul. Le tenir en longe permet de freiner, rediriger, suggérer, empêcher un accès, soutenir une décision, valider une option sans jamais ordonner, sans être l’humain barbant qui est « contre » les actions et désirs du chien. En plus, le fait de n'utiliser la parole que si nécessaire la sacralise : Toutou y prête davantage attention.
Si la longueur de longe est adaptée, si l’humain reste en arrière, laisse le chien aller le plus à son rythme possible, l’autorise à prendre les pauses d’observation et d’inspection olfactive dont il a envie, se promener en longe n’est pas forcément une contrainte pour le chien. Là encore, c’est surtout une contrainte humaine, car il faut suivre le rythme, être attentif, s’assurer que la longe est bien gérée, anticiper les difficultés dans l’environnement, communiquer différemment.
Ce qui, au début, est un travail peu naturel pourra devenir une routine agréable, pourvu qu’on y mette du nôtre. Avec le temps, nous pourrions réaliser que la longe, si elle nous handicape un peu physiquement, nous libère nous aussi d'une certaine charge mentale.
Pour moi, ces sorties (ou parties de balades) sont complémentaires de nos promenades en totale liberté et nous permettent d’avoir accès à des lieux différents, en gardant tout le monde en sécurité et le chien le plus « libre » possible.