03/06/2024
- Avoir un cheval et l’entretenir correctement coûte cher -
J’ai longtemps été du côté propriétaire de mes chevaux pensionnaires, à trouver que je dépensais beaucoup (trop ?) d’argent pour payer mes pensions.
Mais aujourd’hui je réalise que tout ça est très relatif.
Cher? oui je suis d’accord, payer une pension représente un budget important.
Mais n’est-il pas finalement bien souvent plus que justifié?
Depuis peu, j’ai mes chevaux à la maison, et je propose quelques places de pension pour d’autres propriétaires qui n’ont pas cette chance. Oui oui j’écris bien CETTE CHANCE, car malgré l’investissement financier et temporel colossal, c’est un bonheur quotidien de les voir dès que j’en ai envie et de m’en occuper selon mes convictions, et je souhaite à tous d’avoir les moyens de le faire un jour.
Seulement voilà, même si c’est très plaisant de s’occuper de chevaux au quotidien, des miens comme de ceux des autres, il faut bien avouer que cela représente :
> Une charge mentale bien plus importante que lorsque je payais une (bonne) pension pour s’occuper de tout ça à ma place.
> Des coûts qui finalement n’ont pas vraiment baissés, c'est même presque le contraire. De nombreuses charges «cachées» auxquelles je n’avais jamais songées quand j’étais propriétaire-pensionnaire apparaissent chaque jour.
> Un investissement temporel qu’il ne faut vraiment pas essayer de compter. Héberger des chevaux par passion, oui. Héberger des chevaux en espérant vivre de cela, ce n’est pas encore pour demain.
Alors, j’ai essayé de détailler dans le graphique suivant les frais d’un cheval hébergé (correctement) en formule classique bien connue: le Pré + Box.
Les postes de dépenses sont rangés dans l’ordre d’importance :
1. La location ou le remboursement de l’écurie louée ou achetée: En moyenne 600€ pour une écurie qui peut accueillir 8 chevaux. Ce budget variera évidemment du simple ou double en fonction de votre localisation, de l’état des bâtiments, de la surface de pâturage, des installations disponibles etc.
2. La litière. Ici je suis partie sur une litière en granulés de bois, qui représente l’avantage d’être confortable, adaptée aux chevaux qui présentent une sensibilité respiratoire, ou une prédisposition aux bouchons de paille. Une litière de paille vous reviendra moins cher à l’achat mais vous demandera d’avantage de travail et de stockage du fumier. Une litière sur copeaux vous reviendra plus cher. Nous sommes donc ici sur une moyenne.
3. Le foin: Méfiez vous des écuries aux tarifs trop alléchants qui rogneront sur ce coût. Pour moi, c’est LA dépense inévitable. Celle sur laquelle il ne faut pas lésiner: Le foin, c’est à volonté, de bonne qualité, et d’un format adapté à notre matériel et notre structure pour une distribution qui ne doit pas être une corvée. C’est une des principales clés d’entrée pour garder des chevaux en bonne santé.
4. Les aliments complémentaires: Peut-être qu’un CMV suffira, peut-être pas. Selon l’activité et la nature du cheval, une, deux ou trois rations complémentaires adaptées à ses besoins sont souvent distribuées. Tout ça se paie (et aussi se range, se prépare, se distribue...)
5. L’entretien des infrastructures: C’est là que débute la partie immergée de l’iceberg, celle qu’on ne soupçonne pas lorsqu'on est du côté des pensionnaires-propriétaires. Une écurie c’est bien quand c’est beau, propre, fonctionnel, sécuritaire… Et tout ça, encore une fois, ça se paie (et ça prend du temps).
6. Le matériel: Hé oui, pour travailler et entretenir, il faut s’équiper… Pour éviter que la gestion des chevaux deviennent une corvée, mieux vaut réfléchir à ses besoins et s’équiper de sorte à se faciliter un peu la vie. Tout faire à la brouette et au seau est souvent un passage inévitable au début, mais c’est aussi le meilleur moyen pour se bousiller le dos ou les poignets et finir par ne plus pouvoir rien faire du tout.
Et ce matériel (tracteur, quad, débroussailleuse…) qu’on le loue ou qu’on l’achète, hé bien ça coûte… cher.
7. L’eau et l’électricité.
8. Les vermifuges et les coproscopies: Chez nous, c’est inclus, et je pense que ça devrait l’être partout. Une gestion efficace passe par un raisonnement global du troupeau, mais bon, ce n’est pas le sujet ici.
9. Les assurances: Assurer les bâtiments, le matériel, les activités de l’entreprise ou de l’association, la protection juridique.
10. Se faire remplacer de temps en temps. Oui oui, on a beau adorer les chevaux, on n’est malheureusement pas des sur-hommes (ni des sur-femmes!), et de temps en temps, on ne dirait pas non à une journée OFF. (Comme n’importe qui en fait… Garder des chevaux ne devraient pas faire de nous des esclaves…). J'ai compté ici 1 journée par mois, soit 12 jours par an... On est encore loin des 218 jours de travail de nos contrats de travail classiques 😅
11. L’achat du petit matériel courant: Hé oui, il manquera toujours un petit truc qui permettra d’améliorer le confort des pensionnaires et/ou de leurs propriétaires…
J’arrive déjà à 300€ mensuels de coûts par cheval. J’ai imaginé ici que j’avais 8 chevaux à héberger en pré + box, et ai donc divisé par 8 les charges, pour arriver à ce montant par cheval.
Et là, je n'ai donc pas encore compté de rémunération pour le temps consacré à tout ça !
J'estime que je consacre environ 30 minutes quotidiennes à chaque cheval (pour le sortir, le rentrer, le nourrir, entretenir son box, lui mettre son masque ou sa couverture, lui enlever, lui appliquer un spray ou une pommade, bref les petits soins courants.)
Ce qui nous amène donc à 120 heures mensuelles.
Auxquelles il faut encore ajouter au moins 10h d’entretien de la structure (débroussailler, herser la carrière, repeindre une porte, réparer une clôture, nettoyer un bac à eau...), et là je crois que je suis encore franchement optimiste.
Bref, cela représente donc quasiment le même volume horaire que mon «vrai» travail (celui pour lequel je suis payée, qui me permet de vivre, manger et dormir).
Je crois qu'il n'y a que l'amour des animaux pour justifier cela... Car je ne connais personne d'autre qui souhaiterai travailler 130 heures par mois bénévolement 😁
Alors, je me répète, héberger des chevaux par passion, pour le plaisir de leur offrir une vie de cheval, pour offrir un cadre paisible à leurs propriétaires, pour offrir aux miens une vie en troupeau, parce-que j’aime les chevaux, j’aime la vie d’écurie, j’aime les soigner, oui. Mais pour gagner de l’argent ? Ben… objectivement: non.
Alors quand on prend tout ça en considération, on peut s’interroger sur ce qu’est réellement une pension «trop chère» ?
N’est-ce pas une pension qui a pris en compte tous ces frais et est réaliste sur le coût d’entretien d’un cheval ?
N’est ce pas une pension qui a décidé de pas rogner sur le bien-être du cheval en essayant par tous les moyens de réduire ses frais ?
N’est-ce pas une pension où le gérant ne se tuera pas à la tâche, au risque de ne plus pouvoir travailler ?
La prochaine fois que vous trouverez une pension «trop chère»; Demandez-vous sous un autre angle, si vraiment c’est trop cher 😉
Et puis, si vous trouvez vraiment que c’est le cas, vous pouvez encore essayer de les prendre chez vous ou de louer une pâture et de passer en gestion autonome: Vous vous rendrez ainsi compte des coûts et du travail que cela représente. Peut-être que ça vous conviendra parfaitement, ou peut-être que vous changerez d’avis sur les pensions...
