21/07/2021
Il voit des hypothyroïdiens partout… 😉😅
et même plus : il voit des polyendocrinopathies 😉
Je vous ai déjà parlé de la fréquence des hypothyroïdies dans les troubles du comportement : de 35% dans ma patientèle à 63% dans les études de Dr Jean Dodd (The Canine Thyroid Epidemic).
Il s’agit d’hypothyroïdies rarement diagnostiquées par un taux sanguin de TSH et de T4, mais plus facilement par les taux de T4 libre, T3, T3 libre, TGA, ou sur base d’un taux de cholestérol élevé, ou mieux encore, sur base d’un traitement test avec des hormones thyroïdiennes.
J’ai déjà parlé des chiens (castrés) hypothyroïdiens hypersexués : ils combinent des troubles de la thyroïde et de la corticosurrénale, productrice d’hormones sexuelles androgènes.
J’ai parlé des chiens mâles castrés qui sont harcelés sexuellement par des chiens mâles intacts : trouble hormonal de la corticosurrénale et des graisses abdominales, productrices d’œstrogènes.
J’ai eu récemment quelques cas de chiens hypothyroïdiens avec peu d’effet des hormones thyroïdiennes, sauf à monter à plus de 25 mcg/kg matin et soir. Après analyses, ces chiens révèlent une hypocortisolémie (manque de cortisol) (fatigue surrénalienne (rarement par Addison)). Ces chiens s’améliorent avec un supplément de petites doses d’hydrocortisone.
J’ai eu deux cas de chiennes hypothyroïdiennes avec pseudocyèse et lactation prolongée, et troubles de l’humeur : dérèglement de la thyroïde, de la prolactine hypophysaire, et des hormones de reproduction (?).
Il est impossible de demander une analyse (de sang) de toutes les hormones, pour comprendre la dynamique relationnelle, l’interaction, entre les unes et les autres. Ce n’est pas dans les protocoles d’analyses habituels, et cela pourrait coûter assez cher. Mais il faut penser aux interactions entre ces hormones fondamentales.
Alors oui, on pourrait dire de moi que je vois des hypothyroïdiens partout 😅
Ce ne serait qu’une partie de la réalité. Je cherche les autres troubles hormonaux, je cherche la combinaisons de plusieurs troubles hormonaux, je cherche les polyendocrinopathies.
Pourquoi cet intérêt pour les hormones ?
Les hormones ont un effet épigénétique sur la lecture de milliers de gènes, donc sur la production de dizaines de milliers de protéines : beaucoup de ces protéines ont un rôle dans la communication entre les neurones, donc sur les algorithmes neuronaux, à la base des émotions, de l’humeur, des patrons-moteurs, des comportements. Les troubles hormonaux ont un effet accélérateur ou freinateur sur les émotions, humeurs et comportements.
Je cherche les psycho-neuro-endocrinopathies.
L’instabilité d’humeur, les crises émotionnelles, l’imprévisibilité comportementale…doivent faire penser à un trouble hormonal sous-jacent.
Traiter les troubles hormonaux réduit l’effet accélérateur / freinateur sur l’expression des patrons-moteurs : ils reviennent à leur niveau de base (génétique + apprentissage), mais ne disparaissent pas : il doivent quand même être corrigés (redirigés) par rééducation / thérapie comportementale.
En conclusion : c’est quand on connaît un problème (hormonal) qu’on peut le reconnaître ; c’est quand on le cherche (obsessionnellement) qu’on le trouve et diagnostique ; et quand on le diagnostique, on peut le traiter ; et quand on le traite, on améliore le bien-être du chien et de sa famille. 😊
Dr Joël Dehasse 😇