11/03/2024
PARATUBERCULOSE
Voici un peu plus bas un "copier-coller" (Groupe "Tout savoir sur la Chèvre de Compagnie") d'un super condensé d'informations sur la paratuberculose et des pistes de gestion la concernant.
De par mon métier (vétérinaire, je suis régulièrement amenée à tester des animaux chez les clients caprins) et mon élevage (j'ai testé par le Kit introduction de l'Arsia chacun des individus que je voulais introduire dans mon troupeau, ainsi que leur mère quand c'était possible), je me suis rendue compte que cette maladie n'était finalement pas rare, peu importe le pays dans lequel se trouvent les animaux (Belgique, France, Hollande).
En attendant donc que toutes mes chèvres soient soit celles nées à la maison, soit qu'elles aient pour les autres plus de 5 ans avec plusieurs mises-bas derrière elles, j'ai mis en place un suivi sanitaire rigoureux pour l'ensemble du troupeau, les mesures les plus importantes étant évidemment celles de la naissance au sevrage des chevreaux.
Ces mesures sont certaines de celles décrites dans la publication du groupe:
• Test de tout le troupeau plusieurs fois l'an, dont un test d'office chez les mères au moment du sevrage afin d'être sûr du statut des chevreaux lors de leur départ
• Les mères sont donc dans des loges individuelles avec leurs chevreaux de la naissance au sevrage
• Désinfection des loges (qui agit aussi sur les autres germes d'ailleurs)
• Les chevrettes ne pâturent pas avec les adultes avant leur mise à la reproduction (différentes parcelles)
N'hésitez pas si vous avez un partage à faire à ce sujet ou la moindre question, que ce soit en commentaire ou en mp, je me ferais un plaisir d'y répondre 🙂
Voici la publication d'origine du groupe pour plus d'infos: Bonne lecture! 😊
FOCUS PARATUBERUCLOSE
Bonjour à tous !
Toujours dans le but d’informer, de partager et d’échanger entre éleveurs et particuliers détenteurs, nous vous proposerons de revenir ensemble sur différentes maladies des caprins. L’une de celles qui a le plus fait parler d’elle ces derniers temps, c’est la paratuberculose. Il s’agit d’une maladie mortelle à prendre très au sérieux ! Nous aborderons sa description puis la gestion des cas positifs en élevage (quoi en faire, comment gérer les animaux qui auraient pu être au contact de l’excrétion…).
N’hésitez pas à commenter afin que nous puissions en discuter ensemble !
Paratuberculose ou maladie de Johne
Rappel : il s’agit d’une maladie due à la bactérie de la famille des bacilles Mycobacterium Avium Paratuberculosis, qui affecte les ruminants domestiques et sauvages.
La maladie serait d’importance majeure chez les caprins, bien que sous diagnostiquée.
• La bactérie est très résistante dans le milieu extérieur, on estime qu’elle peut survivre jusqu’à 18 mois. Les terrains pauvres et humides, carencés en calcium et riches en fer sont particulièrement propices.
• Il existe deux modes de transmission de la maladie :
la transmission oro-fécale, jugée comme étant la plus fréquente. Les jeunes animaux d’environ moins de six mois se contaminent en ingérant la bactérie (eau, aliments ou trayons souillés), ou en buvant un lait/colostrum contaminé.
la transmission verticale, qui a lieu in utero (cas d’une chèvre hautement excrétrice).
• Contrairement aux bovins, les caprins semblent présenter peu de signes cliniques. La maladie provoque une entérite chronique hypertrophiante, elle se manifeste par un amaigrissement progressif conduisant à la mort.
• Les diarrhées sont beaucoup plus rares que chez les bovins (seulement dans 10 à 20 % des cas).
• Elle n’entre en phase clinique que tardivement, généralement entre 1 et 6 ans suite à un stress (mise bas, changement d’environnement…). Elle peut également ne jamais se manifester, mais être excrétée par des animaux “porteurs sains”.
• Ce qui rend la paratuberculose insidieuse et difficile à contrôler, c’est qu’elle évolue ainsi sur une longue durée au sein d’un troupeau. Au sein d’un cheptel atteint par la maladie, on peut distinguer plusieurs types d’individus :
les individus en phase clinique, fortement excréteurs (jusqu’à un milliard de germes par jour)
les individus excréteurs “intermittents” asymptomatiques (jusqu’à un million de germes par jour)
les individus séropositifs non excréteurs
les individus séronégatifs, non excréteurs, en phase d’incubation ou non exposés à la bactérie durant leurs premiers mois de vie.
• Aucun traitement n’est disponible, l’issue est donc toujours fatale. Une antibiothérapie peut être mise en place afin de limiter les symptômes en phase clinique, même si aucune efficacité n’a été réellement prouvée.
• Il existe deux moyens afin de dépister la paratuberculose :
le test PCR (détection moléculaire) à partir des fèces, du lait ou des tissus. > Ce test est fiable à un instant T et permet de mettre en évidence les animaux excréteurs.
la sérologie ELISA, il s’agit d’un test sanguin visant à détecter des réactions immunitaires à médiation cellulaire. Ce test a une sensibilité limitée, un résultat négatif sur un individu n’est donc pas très fiable (détection de moins de 30% des animaux contaminés). > le test ELISA permet de mettre en évidence les animaux séropositifs (ils ne sont pas forcément déjà excréteurs)
Ces deux tests sont réalisés de préférence à partir de 18-24 mois, de façon combinée et surtout répétée au fil des ans. Ils peuvent cependant être effectués plus tôt, il est en effet possible de détecter des cas à partir de 6 mois (assez rare).
• Il existe un vaccin espagnol accessible en France sous conditions, le GUDAIR. Il est particulièrement indiqué dans la gestion d’un troupeau contaminé par la maladie. Le vaccin ne permet pas d’éviter la contamination et l’excrétion, mais simplement de limiter les symptômes en phase clinique. Il n’est donc pas recommandé de l’utiliser en élevage “indemne” puisqu’il n’est pas utile et qu’il ne permet plus le dépistage en sérologie ELISA.
• Les cerfs seraient les ruminants les plus sensibles à la paratuberculose, et donc également les plus excréteurs. A contrario, les chevreuils en sont rarement malades. La contamination par les animaux sauvages est rare mais pas impossible, il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès de l’ONF pour avoir des informations concernant les populations de cerfs près de chez soi. Les lièvres seraient également un réservoir potentiel de la maladie.
En élevage de miniatures, la maladie a été quasiment inexistante en France pendant très longtemps, d’où le fait que des élevages entiers puissent ne pas avoir eu un seul positif malgré leur ancienneté. Ces dernières années, avec la montée en flèche du nombre d’élevages, de marchands et d’échanges de reproducteurs entre ceux-ci (les achats de reproducteurs s’effectuant bien souvent dans la France entière et à l’étranger), de nombreux cas ont fait leur apparition.
Quelques pistes de protocoles élaborés et réfléchis par des vétérinaires en cas de chèvres revenant positives aux tests :
• Au sein d’un élevage, il est vivement recommandé de sortir très rapidement du cheptel tout animal positif (PCR ou ELISA) et de les exclure de la reproduction. Il est alors possible de l’isoler définitivement tout en le conservant chez soi, en prenant des précautions afin de ne risquer aucune contamination des animaux sains. A condition de prévenir le futur acquéreur, il est également possible de placer cet animal pour compagnie, sachant qu’il peut rester porteur sain pendant de nombreuses années voire pendant toute sa vie.
Nous nous positionnons absolument contre l’euthanasie en dehors des cas cliniques en fin de vie, il n’est pas entendable d’euthanasier des animaux de compagnie en bonne santé clinique.
• La vaccination est toute indiquée pour ces animaux positifs, et serait à refaire tous les 2 à 4 ans (il n’y a pas de rappel lors de la primovaccination, c’est une injection unique). Celle-ci permet de limiter en partie la rapidité d’apparition des symptômes et leur intensité.
• Une perte en protéines et un amaigrissement peuvent déclencher la maladie, il est donc très important d’être encore plus vigilant vis-à-vis du parasitisme pour ces animaux.
• S’il s’agit d’une femelle, il sera également important de se séparer de son/ses chevreaux qu’elle aurait pu contaminer.
• Suite à cela, les tests PCR seront très importants. Il faudra notamment tester régulièrement (minimum 1X/an) :
tous les animaux entre 1 et 5 ans ou qui n’ont pas mis bas au moins trois fois
les chèvres jugées “à risque”: 2 à 3 semaines avant la mise bas (pour avoir le temps de réceptionner les résultats avant celle-ci, mais pas plus tôt afin de se situer déjà dans la baisse d’immunité autour du chevrotage) : cela permettra de savoir si la mère risque de contaminer ses chevreaux. Si une chèvre est dépistée positive au cours de sa gestation, il est plutôt recommandé de lui retirer ses chevreaux à la naissance afin d’éviter leur contamination. Il sera alors nécessaire de leur apporter un colostrum thermisé (60°C pendant une heure) ou un colostro-remplaceur en poudre puis de les nourrir artificiellement.
les chèvres au moment du sevrage de leurs chevreaux afin de savoir si elles ont pu les contaminer ou non (les faire alors partir uniquement pour compagnie).
Les prélèvement de matière fécale peuvent être effectués idéalement en 2 ou 3 fois sur une période de 4-5 jours puisque les excrétions asymptomatiques sont souvent intermittentes (alors test en pool, mais le prélèvement ne pouvant pas être conservé de manière fiable plus d’1 semaine au frigo/congélateur, il ne faut pas dépasser la période de 5 jours (car + temps d’arriver au labo) si on veut regrouper les prélèvements en 1 seul test).
• Pendant plusieurs années, il est conseillé de séparer dès la mise-bas chaque mère accompagnée de son/ses chevreau(x) jusqu’au sevrage dans une loge à part, au cas où elle serait elle aussi porteuse de paratuberculose sans avoir encore été détectée. Ceci concerne surtout les femelles qui étaient chevrettes au moment de la détection d’un cas positif (car plus à risque d’avoir été contaminées par lui vu leur jeune âge au moment des fait). L’éleveur devra alors prendre certaines précautions en passant de boxe en boxe : port d’overshoes, désinfection etc.
• Il est également conseillé de ne plus faire pâturer les chevreaux de moins d’un an dans les prairies dans lesquelles un animal positif aurait lui-même pâturé et ce pendant 18 mois minimum.
• Procéder à des désinfections paraît également important, même si les désinfectants efficaces sont peu connus. La javel et le Kenocox seraient indiqués.
Attention, nous sommes conscients que ces mesures ne sont pas toujours applicables en fonction des moyens financiers et des infrastructures disponibles. Ce ne sont que des pistes de réflexion pour aider les éleveurs à gérer après avoir eu des cas ou des chèvres à risque.