12/29/2020
QUELQUES EXPLICATIONS SUR LA MORSURE
//Pour une agression : un agresseur et une victime//
La morsure est une agression.
Mais dans la relation interspécifique homme-chien, elle provient souvent d’un comportement humain inadapté.
Nous avons face à nous une espèce bien distincte de la nôtre.
Mais depuis longtemps, l’homme cherche à le nier et à faire du chien un être humain à son image… C’est une erreur.
Pire, c’est un comportement dangereux.
Le chien est un chien.
Il répond à des codes qui lui sont propres et exprime ses émotions de façon spécifique.
La tragédie du chien c’est que bien souvent, ces signaux de détresse, l’homme ne les voit pas, ne les comprend pas ou ne s’y intéresse pas!
Pourtant, il exige que son chien respecte les siens et ceux de sa famille..
Les personnes que je rencontre me demandent régulièrement d’apprendre à leur chien à ne pas grogner ou de faire en sorte qu’il accepte tel comportement humain contre nature pour lui.
Tant que l’homme s’obstinera à ignorer l’essence même de son animal, il y aura des agressions et des agressés.
Mais dans certains cas précis, la morsure n’est rien d’autre qu’un système d’auto-défense souvent précédé de signaux qui l’annoncent. Elle est le résultat d’une relation agresseur (l’homme)-agressé (le chien).
La victime n’est pas toujours celle que l’on croit si l’on se place du point de vue du chien. Il faut bien comprendre que l’agression est un comportement, pas un réflexe.
Ce comportement peut-être modifié pour ne plus jamais réapparaître à partir du moment où ce qui le provoque s’arrête.
Dans ces circonstances, il faut -aussi difficile que ce soit- sortir du schéma trop rapide agresseur-intentionnel (le chien) et agressé-victime (l’homme ou l’enfant).
Pour qu’il y ait agression il faut être deux et lorsque l’agression se déroule entre un humain et un chien, les deux sont responsables de leurs actes et il est important de redistribuer les responsabilités.
//Pour une agression : un contexte//
J’ai vu de mes propres yeux, pendant l’une de mes promenades, un chien grogner férocement sur son propriétaire qui a frôlé la morsure.
Je les suivais, j’ai tout vu.
Voilà ce qui s’est passé : Un homme, agacé de voir son chien à la traîne, le rappelle nerveusement.
Son chien est très occupé à flairer une odeur bien plus motivante que son propriétaire.
Le chien ne revient pas. L’homme s’énerve et rappelle son chien de plus belle avec une voix qui trahit l’excitation et la colère.
Le chien tarde à relever la tête mais revient en marchant très lentement.
L’homme au comble de l’énervement, rappelle son chien en hurlant.
Le chien ralentit, très conscient qu’une correction l’attend.
Excédé, l’homme court vers son chien en lui criant de se dépêcher.
Le chien acculé, grogne fermement sur son propriétaire et rate de peu la main qui allait le frapper.
Dans un sursaut de lucidité, l’homme a peur, s’arrête et recule.
Dans ce contexte, qui agresse qui ?
L’homme racontera sûrement au comportementaliste que son chien a voulu le mordre, que c’est un dominant qui refuse de lui obéir et que si un jour il le mord vraiment, il l’euthanasiera car c’est un chien méchant.
Le comportementaliste demandera que les circonstances de la morsure lui soient précisément décrites.
Le chien, s’il pouvait parler, dirait au comportementaliste : « Je flairais l’odeur d’une femelle en chaleur. Pour nous les mâles, rien n’est plus motivant sur Terre que cette odeur enivrante et mon propriétaire qui me rappelait nerveusement ne faisait clairement pas le poids.
Mais il avait l’air tellement en colère que j’ai pris peur.
J’ai donc finalement décidé de revenir, à contre-coeur.
Mais je suis revenu...Trop lentement.
C’est parce que je savais qu’il allait me corriger à mon arrivée que j'ai ralenti.
Ca l’a énervé encore plus.
Moi je n’ai pas pu supporter davantage de stress.
Je suis un chien, je ne ne suis pas équipé pour ça.
Quand je l’ai vu courir vers moi la main tendue en criant, je n’ai pas pu m’en empêcher, je me suis défendu. »
On ne s’achète pas un chien, On l’adopte.
Et adopter un être vivant c’est tenir compte de sa nature et apprendre à communiquer avec lui.
Si cela vous dépasse, ce n’est pas grave. Le plus important c’est d’en avoir conscience et de faire appel à un comportementaliste qui prendra le temps de vous expliquer tout cela. Cela changera la vie de votre chien, la vôtre et celle de toute votre famille. Et cela diminuera considérablement le risque de morsure.
AMEN