11/06/2024
L'éthique c'est quoi?
On se fait souvent demander ce qu'est un élevage éthique, qu'est-ce qui fait qu'on est éthique pour pas, alors essayons de démystifier ça un peu.
Pour pleinement répondre à cette question, il faut d’abord s’entendre sur ce qu’est l’éthique dans le contexte proposé.
Si on remonte à son sens grec, le mot « éthique » provient du mot «ethos», qui signifie «manière de vivre». En soit, «l'éthique est une branche de la philosophie qui s'intéresse aux comportements humains et, plus précisément, à la conduite des individus en société. L'éthique fait l'examen de la justification rationnelle de nos jugements moraux, elle étudie ce qui est moralement bien ou mal, juste ou injuste.»
De là découle l’éthique professionnelle, pour laquelle «la réflexion porte sur les valeurs qui motivent les conduites des professionnels et qui sont actualisées dans les codes de déontologie.»
En résumé, l’éthique est donc une réflexion et un code de conduite définis par un système de valeurs moralement constitué.
On doit ajouter ici l’éthique animale, soit «la branche de la philosophie consacrée aux responsabilités morales des êtres humains à l’endroit des animaux d’autres espèces, appréhendés individuellement.» Depuis quelques années, les chercheurs et les chercheuses qui étudient cette branche de l’éthique ou encore les "animal studies" adoptent une perspective dite antispéciste et post humaniste de l’animalité, selon laquelle l’homme et l’animal sont liés par leur «incapacité à ne pas souffrir».
En d’autres mots, les humains comme les animaux ne sont pas des objets et ont des droits car ils sont sensibles, c’est-à-dire capables de souffrir et capables d’expériences conscientes. Aucune hiérarchie fondée sur la rationalité (le fameux cogito de Descartes, «Je pense donc je suis», en étant un bon exemple) n’est donc faite entre l’humain et l’animal : au sens où nous sommes tous les deux incapables de ne pas souffrir, nous sommes égaux en tant qu’animaux (dans cette perspective, nous sommes des animaux dits «humains» et les chiens, les axolotls et autres espèces sont des animaux dits «non humains»). Finalement, puisqu’il n’y a pas de hiérarchie entre ces derniers et nous, nous avons envers eux des responsabilités d’ordre éthique.
Si je lie ici éthique professionnelle et éthique animale, c’est que je considère l’élevage éthique d'animaux comme un domaine professionnel nécessitant des connaissances spécifiques et une déontologie qui, bien que non écrite, se doit d’être mise en relation avec l’éthique animale, sur laquelle je fonde aujourd’hui ma définition de «l’éleveur éthique».
En fonction des définitions et du raisonnement ci-haut, on peut dire que l’éleveur éthique se fait un devoir moral du bien-être de ses animaux du début jusqu’à la fin de sa vie. Ce devoir moral, conscient ou non, doit dépasser l’amour de l'espèce qu'il élève et s’appuyer sur une déontologie qui, pour le moment, n’existe pas encore officiellement. En effet, nos compagnons ont des besoins qui vont au-delà de la simple affection. Bien que cette dernière soit également importante, il ne faut pas oublier que les animaux ont besoin de nourriture, d’eau fraîche, d’un endroit où vivre confortable sur le plan de la propreté et de la température, de stimulation mentale, d’exercice physique, et bien plus.
Si on définie tout ceci pour les axolotls, ils ont besoin d'un aquarium de bonne dimension et bien adaptés à leur besoins, de paramètres d'eau spécifiques et stables et d'une alimentation appropriée, etc.
On entend souvent à propos des élevages familiaux la fameuse phrase : «C’est un bon éleveur, il aime tellement ses animaux!»
Le problème avec cette déclaration est qu’elle se limite à l’affection de l’éleveur pour son espèce. Elle ne correspond qu’à 1% de ce qui constitue un bon éleveur, un éleveur éthique. Il faut donc pousser l’interrogation plus loin :
· A-t-il les connaissances (tant en génétique qu’en psychologie, qu’en santé etc.) nécessaires à la reproduction de son/ses espèce(s)?
· S’occupe-t-il bien de ses animaux (nourriture, eau, paramètres, propreté des lieux de vie, soins de santé, etc.)?
· À quel grandeur laisse-t-il ses axolotls partir (ou à quel âge pour chiens, chats, etc.)?
· Les parents ont-ils une bonne conformation, (tests de santé fait, standard de la race, etc)?
· Reproduit-il ses animaux de façon abusive (reproduit-il à toutes les chaleurs, ou dans le cas d'axolotls, garde-t-il toute les pontes)?
· Élève-t-il plus que deux races/espèces?
· Vend-il ses animaux aux animaleries ou «au rabais» (ce qui rendrait les autres questions non-pertinente)?
· Connaît-il la généalogie de ses animaux (consanguins, malformations, lignée...)?
· Fait-il un suivi de ses animaux?
· Vous permet-il de visiter les lieux de l’élevage?
·S'assure-t-il que l'adoptant a tout le nécessaires et les informations pour pouvoir subvenir au bien-être de l'animal?
· Etc.
Voilà une bonne partie des questions essentielles afin de choisir un bon éleveur éthique.
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