01/31/2025
Ces derniers jours, vous avez sans doute été témoins de différents reportages et enquêtes sur le milieu vétérinaire et les enjeux économiques auxquels sont confrontés les propriétaires d’animaux de compagnie. Divers commentaires affluent sur les réseaux sociaux, dénonçant cette situation et accusant les médecins vétérinaires de privilégier le profit au détriment de la santé des animaux et des finances de leurs propriétaires.
Chez Univet Coopérative vétérinaire, nous sommes sensibles à ces préoccupations.
Cependant, il est essentiel de mettre en lumière certains faits importants :
Les médecins vétérinaires sont des professionnels de la santé animale. Leur formation est aussi exigeante que celle des professionnels en médecine humaine, bien qu’elle soit orientée vers une autre spécialisation. À titre comparatif, en 2024, le salaire moyen d’un médecin vétérinaire représentait environ 62% du salaire d’un médecin de famille. Source Guichet-Emplois du gouvernement du Canada et Régie de l’assurance du Québec (RAMQ).
Le secteur vétérinaire ne bénéficie d’aucune subvention publique. Contrairement au domaine de la santé humaine, financé par le gouvernement à même les taxes et impôts, la médecine vétérinaire repose entièrement sur des entreprises privées. Les vétérinaires doivent assumer à la fois leur rôle de médecin et celui de gestionnaire d’entreprise.
Des coûts d’exploitation importants.
Le démarrage d’une clinique vétérinaire nécessite un investissement initial pouvant facilement atteindre 750 000 $, excluant les frais de construction. Les coûts annuels de fonctionnement (main-d’œuvre, fournitures, équipements, etc.) peuvent osciller entre 300 000 $ et 700 000 $, sans inclure les dépenses liées aux technologies, formations et responsabilités professionnelles.
Une vocation avant tout.
Les vétérinaires n’ont pas choisi cette profession pour les profits, mais par passion pour les animaux, leur santé et leur bien-être. Ils sont régulièrement confrontés aux contraintes budgétaires de leurs clients et proposent souvent des options adaptées (plans A, B, C) pour respecter leurs moyens financiers tout en garantissant les meilleurs soins possibles. Rien n’est plus déchirant pour un vétérinaire que de ne pas pouvoir offrir la solution optimale ou de devoir envisager l’euthanasie par manque de budget.
Un métier sous pression.
Le taux de su***de chez les vétérinaires est 3 à 4 fois supérieur à celui de la population générale. Une étude canadienne indique que près de 20 % des vétérinaires ont déjà eu des pensées suicidaires. Les longues heures de travail, la gestion de la détresse émotionnelle liée à l’euthanasie, les pressions financières et l’isolement social sont autant de facteurs qui contribuent à ce malaise profond.
La pandémie, un facteur aggravant.
Entre 2020 et 2022, la population de chiens et de chats au Canada a augmenté de 600 000, atteignant 16,4 millions. Cette hausse rapide, combinée aux exigences sanitaires, a perturbé les activités des cliniques vétérinaires. Les rendez-vous espacés pour respecter les protocoles sanitaires, le manque de personnel en raison des symptômes de la COVID et l’afflux soudain de nouveaux clients ont exercé une pression énorme sur les équipes vétérinaires. Ceci a eu pour effet d’affecter la disponibilité des vétérinaires auprès des nouveaux propriétaires d’animaux de compagnie.
Un exode professionnel.
La surcharge de travail et le stress ont poussé certains employés des établissements vétérinaires à changer de carrière ou à exiger de meilleures conditions. Certains propriétaires ont préféré céder leur pratique, souvent à des groupes corporatifs, pour se recentrer sur leur rôle de médecin et se libérer des contraintes de gestion (ressources humaines, finances, opérations quotidiennes, etc.).
L’impact des groupes corporatifs.
Bien que ces organisations permettent une gestion centralisée, elles ont souvent entraîné une augmentation des frais vétérinaires. Dans certains cas, ces hausses étaient nécessaires pour maintenir les pratiques profitables, mais elles ont également renforcé l’idée d’une médecine vétérinaire motivée par le profit, ce qui est loin de représenter la réalité des cliniques indépendantes.
La responsabilité des propriétaires.
Il est important de se rappeler qu’un vétérinaire indépendant n’est ni mécène ni organisme à but non lucratif. Il est un professionnel de la santé animale, mais aussi un commerçant responsable de la gestion de sa pratique. De leur côté, les propriétaires d’animaux doivent assumer la responsabilité économique liée à leur engagement envers leurs compagnons. Les frais vétérinaires, bien qu’ils puissent surprendre, reflètent les coûts réels des soins nécessaires pour assurer la santé de leurs animaux.
Préserver les cliniques indépendantes. Soutenir les cliniques vétérinaires indépendantes, c’est encourager une pratique autonome où le vétérinaire conserve le contrôle de ses services et de sa tarification. Cela garantit un équilibre entre la santé animale, le respect du budget des propriétaires et la pérennité de la pratique. La fermeture d’une clinique indépendante est une perte majeure pour une communauté et ses animaux.
Ce message n’a pas pour objectif de pointer qui que ce soit. Nous souhaitons simplement rappeler que votre vétérinaire indépendant est un professionnel dévoué, passionné par son métier et soucieux du bien-être de vos animaux. Son équipe partage cet amour inconditionnel, ce que vous percevez certainement lorsqu’ils saluent chaleureusement votre compagnon avant même de vous accueillir.
Prenez le temps d’échanger avec eux, de partager vos attentes et préoccupations, et d’apprécier leur engagement. Les médias ont parfois présenté une image injuste de cette profession, la qualifiant d’inhumaine ou motivée par le profit, alors qu’il s’agit d’un domaine confronté à des défis complexes. Une étude réalisée en France par Vétos-Entraide en 2022 révèle que 57 % des vétérinaires envisagent une reconversion professionnelle, preuve des pressions auxquelles ils sont soumis.
À votre prochaine visite, pensez à leur dire merci. Montrez-leur que vous reconnaissez leur contribution. Chez Univet coopérative vétérinaire, le personnel de nos 150 établissements vétérinaires indépendants affiliés, sont passionnés et ils travaillent chaque jour pour maintenir le bien-être et la santé de vos compagnons ainsi que la fidélité et la confiance de leurs maîtres.
Pierre Leclerc
Directeur général, Univet coopérative vétérinaire