16/09/2024
Le Dilemme de Monsieur et Madame Paradoxe
Je suis Stéphane Muller, dogmaster diplômé Dressage Tendresse, et je vais vous raconter une histoire qui m’a particulièrement marqué.
Dans une petite ville paisible, il y avait un couple que j’appellerai Monsieur et Madame Paradoxe. Ils étaient connus pour leur amour inconditionnel des chiens, ou du moins, c'est ce qu'ils pensaient.
Un jour, ils adoptèrent Brutus, un magnifique berger allemand avec un sérieux problème de morsure. Après quelques incidents impliquant leurs mains et leurs postérieurs, ils décidèrent de me consulter.
"La solution est simple," leur expliquai-je. "Brutus doit porter une muselière ShellClip pendant six mois. C'est une étape nécessaire pour ses futurs apprentissages."
Monsieur Paradoxe s'exclama : "Mais c'est inhumain !"
"C'est un chien, monsieur," répondis-je calmement.
Madame Paradoxe renchérit : "On ne peut pas lui faire ça ! Ce serait comme mettre Hannibal Lecter en laisse !"
"Encore une fois, madame, c'est un chien, pas un cannibale cinématographique," rétorquai-je avec un sourire.
Malgré leurs réticences, ils acceptèrent d'essayer. Mais après seulement deux semaines, ils revinrent me voir, l'air abattu.
"Stéphane," commença Monsieur Paradoxe d'une voix tremblante, "nous avons pris une décision difficile..."
"Vous avez euthanasié Brutus ?" devinai-je, consterné.
"Comment avez-vous deviné ?" s'étonna Madame Paradoxe.
"Disons que j'ai un sixième sens pour les fins tragiques prématurées," répondis-je sarcastiquement.
"Mais comprenez-nous," plaida Monsieur Paradoxe. "Voir Brutus avec cette muselière, c'était comme voir un poisson dans un bocal... sur la terre ferme... avec des jambes."
"Et des bras," ajouta Madame Paradoxe. "N'oublions pas les bras."
Je soupirai et leur expliquai : "La ShellClip n'était qu'une étape, pas une condamnation à vie. Six mois, c'est comme un long week-end dans la vie d'un chien !"
"Oh," fit Monsieur Paradoxe. "Quand vous le présentez comme ça..."
"Oups," ajouta Madame Paradoxe.
Le couple quitta mon bureau, penaud, réalisant qu'ils avaient peut-être agi de manière un peu... paradoxale.
Resté seul, je murmurai pour moi-même : "Et ils disent que ce sont les chiens qui ont besoin d'être dressés..."
Pour se faire pardonner, Monsieur et Madame Paradoxe adoptèrent un nouveau chien qu'ils nommèrent... Patience. Une belle leçon d'ironie, et peut-être enfin un pas vers la compréhension que l'amour véritable des animaux nécessite parfois des étapes difficiles mais nécessaires.