14/05/2024
La théorie de la dominance, un mythe encore largement répandu au détriment du bien-être des chiens
D'où vient la théorie de la dominance?
En 1947 à l'Institut zoologique de l'Université de Bâle en Suisse, le comportementaliste Robert Shenkel a observé attentivement les interactions entre les membres d'une meute de loups.
La théorie de la dominance provient donc sur base d'observations de loups en captivité sans rapport entre eux, c'est-à-dire, qu'il ne s'agissait pas d'une famille, les loups étaient non apparentés.
Nous savons aujourd'hui, que les loups non apparentés vivant en captivité se comportent différemment d'une vraie famille de loups dans la nature. Cette théorie partait donc sur des bases tronquées.
Schenkel’s Classic Wolf Behavior Study Available in English (davemech.org)
Les observations de Shenkel suggéraient que la meute était dirigée par une figure autoritaire connue sous le nom de «loup alpha».
Parce qu'à cette époque, on supposait que le comportement des chiens était étroitement lié au comportement des loups gardés en captivité, les parents de chien et les entraîneurs ont commencé à croire que la meilleure façon d'atteindre un rang élevé était de devenir une figure autoritaire et de forcer le chien à se soumettre.
Cela a conduit à une ère de formation basée sur la domination où les colliers étrangleurs, à choc électrique et les rouleaux alpha (retourner un chien sur le dos) étaient vus en abondance au grand détriment des chiens.
Dans la nature, une meute de loups survit comme une famille humaine, où les parents prennent le rôle de référents et les enfants suivent leur exemple.
Une authentique meute de loups consiste par la présence du père, de la mère et de la progéniture. Les loups travaillent en coopération pour la survie et la sécurité du groupe.
L'harmonie est créée par le comportement de déférence offert par les jeunes loups, plutôt que le fait d'être forcés par leurs parents.
En 1986, le biologiste américain et expert en comportement des loups, David Mech, a mené des recherches plus approfondies sur le sujet de la hiérarchie des loups.
Ses études ont commencé en observant une meute de loups sauvages dans des milieux naturels sur l'île d'Ellesmere, dans le nord-ouest du Canada.
Ses 13 étés passés là-bas, à observer attentivement les interactions de la meute, ont apporté une toute autre image comparativement à celle que Shenkel proposa 40 ans auparavant.
Contrairement aux études de Shenkels, David Mech a remarqué que le rôle de leader n'était pas joué par un seul "loup alpha" autoritaire, mais plutôt par un "couple alpha" composé d'un loup mâle et femelle. David Mech a comparé les études de Schenkels sur le comportement des loups en captivité à l'étude du comportement humain dans les camps de réfugiés.
Bien que cette théorie de la dominance ait été réfutée par le scientifique Docteur David Mech, elle est encore parfois trop largement répandue auprès du public et des entraîneurs canins. Bien que les études de Shenkel et de Mech varient considérablement, c'est finalement une erreur de comparer totalement les chiens avec les loups.
Alors que les deux espèces partagent le même nombre de chromosomes et sont capables de se reproduire, on estime que les chiens se sont séparés des loups il y a environ 100 000 ans.
Chez les chiens, la notion de meute n'existe pas, il s'agit d'un groupe social non apparenté, où la paix et la cohabitation sont maintenus avec soin pour la survie et la sécurité.
Les chiens sont essentiellement des animaux sociaux qui aiment la compagnie de leurs pairs. Les chiens bien socialisés sont également à l'aise avec les gens et s'adaptent facilement à diverses situations.
Ils sont plus détendus et réagissent rarement de manière agressive ou craintive lorsqu'ils sont exposés à de nouveaux chiens, personnes ou expériences. La plupart des troubles du comportement proviennent de la peur, de l'environnement, du surcroît de stress, de la maladie ou de la douleur, etc.
Par conséquent, il est totalement faux de supposer que les chiens entrent dans nos maisons dans le but de régner et d'assumer un rôle dominant. Cela n'a pas de sens de s'engager dans des activités assertives pour amener les chiens à se soumettre. Les chiens sont nos amis, et ils tentent de vivre en harmonie au sein de leur groupe social, ils sont des pacificateurs et des médiateurs exemplaires!
Certaines personnes qui utilisent la domination ou la peur pour soumettre ou intimider une créature, souffrent de la peur de perdre le contrôle et d'une forme d'impuissance face à une situation. Et si c'était nous qui tentions de dominer davantage les chiens et leur attribuions des intentions qui sont en fait les nôtres? Les chiens ne tentent pas de nous dominer ni de dominer le monde. Ils ont passé pus de 10 000 ans en tentant de vivre en harmonie à nos côtés.
Toutefois, le vieux temps où une personne était autoritaire sur le chien semble de plus en plus enfin révolu.
En fait, les chiens communiquent avec nous sans cesse, mais en général nous ne les comprenons que si peu, et c'est là que se crée le hiatus du manque de compréhension.
Les chiens sont simplement des êtres qui ont besoin de conseils doux, de règles équitables, de compréhension, trouver une réponse aux besoins inhérents à leur espèce, de communication, d'empathie, d'une guidance bienveillante, des qualités que les meilleurs parents devraient avoir.
Si vous désirez en savoir plus sur le mythe de la dominance, le livre de Barry Eaton "Dominance, mythe ou réalité", est un excellent choix de lecture pour éclairer ceux qui doutent encore de cette notion.
Harmonieuse cohabitation avec votre chien!
Sylvia Kramer
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