03/12/2024
NOS ENFANTS INTÉRIEURS
Cette image illustre avec puissance la lutte intérieure qui se joue en chacun de nous. Derrière nos murs d'adultes, avec leurs angles aiguisés et leurs fuites, se cachent des enfants en quête de réconfort. Oui, cet enfant intérieur, souvent ignoré, blessé, ou abandonné dans la course effrénée vers la « maturité », ne disparaît jamais vraiment. Au contraire, il nous accompagne, il guide nos choix, nos réactions, nos peurs, et bien souvent nos déceptions. Comprendre cette part de nous, c'est comme ouvrir une porte vers une meilleure version de soi. C'est oser regarder nos douleurs en face pour, enfin, commencer à les guérir.
Dans nos relations, ce petit être enfoui a souvent le dernier mot. Nos colères, nos insécurités, ces réactions parfois incompréhensibles, ce sont souvent les échos de blessures d’enfance. On veut se protéger, se rassurer, éviter d’être à nouveau brisé. Mais à force de protéger cet enfant intérieur en nous, on finit par ériger des cages autour de lui – et ces cages finissent par étouffer la vraie connexion avec les autres. Alors, même si on est ensemble, même si on s'aime, on reste éloignés, figés dans des postures de protection mutuelle, incapables de nous rapprocher pleinement.
Cette œuvre d'art montre bien cette distance, cette dualité : deux corps enfermés, dos à dos, mais à l'intérieur, deux enfants qui tendent la main, qui espèrent se retrouver, se comprendre. Dans chaque dispute, chaque incompréhension, il y a ce dialogue non exprimé entre nos enfants intérieurs. Ce qu’ils veulent, ce n’est pas d’avoir raison ou de gagner un conflit. Ils veulent être vus, acceptés, aimés pour ce qu’ils sont, avec leurs failles, leurs besoins. Apprendre à écouter cette voix, à répondre à ses peurs, c’est ce qui nous permet de nous libérer des vieux schémas et de construire des relations plus saines.
Alors, oui, c’est un travail. Ça demande du courage de regarder en soi, de déterrer ce qu’on a longtemps voulu ignorer. Mais, petit à petit, en prêtant attention à cet enfant intérieur, on apprend à mieux comprendre les autres. On cesse de réagir par instinct, par peur ou par besoin de validation. On commence à aimer de manière authentique, sans attentes irréalistes. On devient capable de donner et de recevoir sans crainte, sans jeu de pouvoir, sans masque.
Il y a une beauté à reconnaître cette part de nous qui est restée vulnérable. Cette image nous rappelle qu’on a tous en nous cet enfant qui veut simplement être aimé, sans condition. Et lorsque nous acceptons de l’écouter, de le libérer de sa cage, nous ouvrons la voie à des relations sincères, basées sur la compréhension et la compassion. C'est en réconciliant notre part adulte avec cet enfant intérieur que nous trouvons le chemin vers des connexions véritables.
Francis Machabée
Sculpture : Love d'Alexander Milov
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