12/01/2025
12 janvier 2025
Le dominical est devenu un copain qu’il agrée de revoir toutes les semaines. Il figure borne sur les bords de ma route sinueuse. Ma déambulation en devient encore plus aventureuse.
Quel est le motif de ce rite ? Est-ce pour parler de ma petite personne ? On pourrait croire. On se tromperait. Je ne rédige pas pour l’égo, roi. Non, je précise. Mon tas d’os sert de caisse de résonance. Il enregistre, sourd aux sirènes du paraître, les modulations du beau en toutes choses.
Ce don inné le traverse de part en part depuis naissance. J’atteste. Les coups plurent sur sa paillasse. Les assis n’aiment pas la différence des fous. Rien n’y fit, ni tentation, ni pouvoir.
Hors des sentiers battus, le bardot, intrépide, parfois avec la prudence de l’âne, grimpa, résolu, jusqu’à ce promontoire où solaire solitaire, le couillu vous narre son aventure anar.
L’exercice du dimanche consiste donc à inviter, à tenter d’hisser jusqu’à vous, ce que l’apprenti-voyant crut voir. L’impudent essaie de partager la quintessence que possède toute vie. Elle se révèle quand , celle-ci dit non, un sonore, au petit, à l’étroit, au médiocre.
Pour Bibi, hélas, ce ne fut pas toujours le cas et rarement d’ailleurs. Mais, il y eut quelques transes, des illuminations, peine croyables. Ces moments intenses, authentiques, justifièrent ce bref passage entre le ventre maternel et la pierre tombale.
La mésange zinzinule ; la souris chicote ; le chameau blatère. Je sors les images de mon sac à malice, ma besace magique. J’ignore pourquoi. Les gredines ont échappé à la vigilance du cerveau. Elles échouent, sans raison, ni explication, sur la page et sapent l’échafaudage, improbable, du texte que j’essayais de bâtir.
Les coquines me ressemblent. Elles se manifestent que pour troubler, sans violences, l’ordre établi. Elles ne réclament pas l’applaudissement, se moquent du cadre, envoie valser les bienséances. Elles affichent leur ignorance pour mieux conquérir la sensation. Cherchent-elles, à mon instar, le fondu du ciel dans les actes quotidiens ?
Je batifole, papillon, autour du pollen de la fleur. Je me faufile sous la branche du chêne. J’avale un rot de nuages que je pète insouciant au-dessus de toutes les obligations, surtout les sociales, les castratrices de rêves.
La fille de F. je l’ai connue, gracile. Il y a longtemps. Je l’ai r***e trentenaire, obèse.
Une vache vulgaire a dévoré la gazelle.
Le fils de M aimait la bagarre. Il cherchait noises à propos de tout, de rien. Revu lui aussi, quinze ans après, il milite vert écolo, se revendique non-violent et s’exprime avec mots d’agneaux contre le comportement des loups.
Tout change. Je n’échappe pas au constat. Je suis différent de celui d’hier et ne ressemble pas à celui de demain. Mais, une chose est sûre. Je continue à happer l’insolite en gourmand jamais rassasié, à vous envoyer les fruits de mon verger. Je vous soumets les derniers. Ans qui passent n’influent pas sur la volonté du blaireau.
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SANS TITRE
Crissement d’un doigt sur la page écornée, lecture poèmes (ce jour, Desnos) il n’en faut pas plus pour que se dilue dans la manche de la nuit, l’oppressante peur de l’obscurité.
Je la connais cette magie. Je la pratique depuis puberté, depuis ces jours où fuyant prison corps, je me hissais dans les sphères du merveilleux grâce aux poèmes, de Cadou, Supervielle, Robin, Réverdy…
Cela étonna et conforta Guillevic, lors de notre première rencontre, cet appétit de l’autre chez un jeune. Sans savoir, le compagnon juvénile cherchait dans le chant frère, les prémices du sien.
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UN BLEU DE VOLET
Le bleu qui plaît au soleil n’est pas uniquement celui du ciel. L’indigo se tient aujourd’hui, sur un volet fermé. Il attire l’œil du courtisan, pas très en forme, c’est l’hiver. Malgré tout, celui-ci ne perd pas de temps. L’astre pâle musarde sur les stries du bois que la couleur couvre. Il lèche la joue austère du pataud et y pose une petite étincelle, à peine visible, qui pourtant, à bien regarder, ajoute un plus à l’ensemble comme une signature dans un tableau de Maître
Vu au Port, au pignon d’une haute maison donnant sur une ruelle étroite où la lumière ne se faufile jamais.
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LE CORDEAU MAGIQUE
J’ai fendu le taillis d’un rêve.. J’enfournai dans la brèche mes doigts courts. J’y créai une autre électricité que celle des ampoules. Me revenait des spasmes que mémoire croyait avoir oubliés. J’inventai le cordeau magique mesurant la droite verticale des étoiles.
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IDENTITÉ
J’apprends soleil matin en me levant
Je diffuse ses rais
sur mes neurones secouées
Je le conserve longtemps
bien après que la nuit soit tombée
Cela aide à accoucher poème
J’ai l’art d’aimer en dehors des miroirs
Je décolle la réalité
pour côtoyer une autre
enchanteresse
Je suis nimbé de verbes
où je perçois ma silhouette
toujours mouvante
L’hésitante cherche suc
dans le vain
Quand elle y parvient
elle y reconstitue son identité.
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REMÈDE
Quand le mot ne danse plus
Fermer le volet
et mettre dessus
une couleur criarde
verte et crue
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UNE DERNIÈRE AVANT SOMMEIL
Comment croire en une harmonie possible ? Écrire mais en rejetant tout le lacrymal et le servile de l’affaire. Pi**er authentique au risque de sa santé..
Serge Mathurin THÉBAULT