art-chignaned

art-chignaned C'est une petite flaque crée au départ pour la Grenouille, un peu en sommeil aujourd'hui mais le

La page de la grenouille qui sommeille et que veille à entretenir le dit Serge Mathurin THEBAULT en attendant son réveil

12 janvier 2025Le dominical est  devenu un copain qu’il agrée de revoir toutes les semaines.  Il figure borne sur les bo...
12/01/2025

12 janvier 2025

Le dominical est devenu un copain qu’il agrée de revoir toutes les semaines. Il figure borne sur les bords de ma route sinueuse. Ma déambulation en devient encore plus aventureuse.

Quel est le motif de ce rite ? Est-ce pour parler de ma petite personne ? On pourrait croire. On se tromperait. Je ne rédige pas pour l’égo, roi. Non, je précise. Mon tas d’os sert de caisse de résonance. Il enregistre, sourd aux sirènes du paraître, les modulations du beau en toutes choses.

Ce don inné le traverse de part en part depuis naissance. J’atteste. Les coups plurent sur sa paillasse. Les assis n’aiment pas la différence des fous. Rien n’y fit, ni tentation, ni pouvoir.

Hors des sentiers battus, le bardot, intrépide, parfois avec la prudence de l’âne, grimpa, résolu, jusqu’à ce promontoire où solaire solitaire, le couillu vous narre son aventure anar.

L’exercice du dimanche consiste donc à inviter, à tenter d’hisser jusqu’à vous, ce que l’apprenti-voyant crut voir. L’impudent essaie de partager la quintessence que possède toute vie. Elle se révèle quand , celle-ci dit non, un sonore, au petit, à l’étroit, au médiocre.

Pour Bibi, hélas, ce ne fut pas toujours le cas et rarement d’ailleurs. Mais, il y eut quelques transes, des illuminations, peine croyables. Ces moments intenses, authentiques, justifièrent ce bref passage entre le ventre maternel et la pierre tombale.

La mésange zinzinule ; la souris chicote ; le chameau blatère. Je sors les images de mon sac à malice, ma besace magique. J’ignore pourquoi. Les gredines ont échappé à la vigilance du cerveau. Elles échouent, sans raison, ni explication, sur la page et sapent l’échafaudage, improbable, du texte que j’essayais de bâtir.

Les coquines me ressemblent. Elles se manifestent que pour troubler, sans violences, l’ordre établi. Elles ne réclament pas l’applaudissement, se moquent du cadre, envoie valser les bienséances. Elles affichent leur ignorance pour mieux conquérir la sensation. Cherchent-elles, à mon instar, le fondu du ciel dans les actes quotidiens ?

Je batifole, papillon, autour du pollen de la fleur. Je me faufile sous la branche du chêne. J’avale un rot de nuages que je pète insouciant au-dessus de toutes les obligations, surtout les sociales, les castratrices de rêves.

La fille de F. je l’ai connue, gracile. Il y a longtemps. Je l’ai r***e trentenaire, obèse.
Une vache vulgaire a dévoré la gazelle.

Le fils de M aimait la bagarre. Il cherchait noises à propos de tout, de rien. Revu lui aussi, quinze ans après, il milite vert écolo, se revendique non-violent et s’exprime avec mots d’agneaux contre le comportement des loups.

Tout change. Je n’échappe pas au constat. Je suis différent de celui d’hier et ne ressemble pas à celui de demain. Mais, une chose est sûre. Je continue à happer l’insolite en gourmand jamais rassasié, à vous envoyer les fruits de mon verger. Je vous soumets les derniers. Ans qui passent n’influent pas sur la volonté du blaireau.

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SANS TITRE

Crissement d’un doigt sur la page écornée, lecture poèmes (ce jour, Desnos) il n’en faut pas plus pour que se dilue dans la manche de la nuit, l’oppressante peur de l’obscurité.

Je la connais cette magie. Je la pratique depuis puberté, depuis ces jours où fuyant prison corps, je me hissais dans les sphères du merveilleux grâce aux poèmes, de Cadou, Supervielle, Robin, Réverdy…

Cela étonna et conforta Guillevic, lors de notre première rencontre, cet appétit de l’autre chez un jeune. Sans savoir, le compagnon juvénile cherchait dans le chant frère, les prémices du sien.

***

UN BLEU DE VOLET

Le bleu qui plaît au soleil n’est pas uniquement celui du ciel. L’indigo se tient aujourd’hui, sur un volet fermé. Il attire l’œil du courtisan, pas très en forme, c’est l’hiver. Malgré tout, celui-ci ne perd pas de temps. L’astre pâle musarde sur les stries du bois que la couleur couvre. Il lèche la joue austère du pataud et y pose une petite étincelle, à peine visible, qui pourtant, à bien regarder, ajoute un plus à l’ensemble comme une signature dans un tableau de Maître

Vu au Port, au pignon d’une haute maison donnant sur une ruelle étroite où la lumière ne se faufile jamais.

***

LE CORDEAU MAGIQUE

J’ai fendu le taillis d’un rêve.. J’enfournai dans la brèche mes doigts courts. J’y créai une autre électricité que celle des ampoules. Me revenait des spasmes que mémoire croyait avoir oubliés. J’inventai le cordeau magique mesurant la droite verticale des étoiles.

***

IDENTITÉ

J’apprends soleil matin en me levant

Je diffuse ses rais
sur mes neurones secouées

Je le conserve longtemps
bien après que la nuit soit tombée

Cela aide à accoucher poème

J’ai l’art d’aimer en dehors des miroirs

Je décolle la réalité
pour côtoyer une autre
enchanteresse

Je suis nimbé de verbes
où je perçois ma silhouette
toujours mouvante

L’hésitante cherche suc
dans le vain

Quand elle y parvient
elle y reconstitue son identité.

***

REMÈDE

Quand le mot ne danse plus

Fermer le volet
et mettre dessus
une couleur criarde
verte et crue

***

UNE DERNIÈRE AVANT SOMMEIL

Comment croire en une harmonie possible ? Écrire mais en rejetant tout le lacrymal et le servile de l’affaire. Pi**er authentique au risque de sa santé..

Serge Mathurin THÉBAULT

5 janvier 2025Le colibri zieute le calendrier. Il n’y a pas fêtes de fin d’années à souhaiter, ni de vœux à émettre, don...
05/01/2025

5 janvier 2025

Le colibri zieute le calendrier. Il n’y a pas fêtes de fin d’années à souhaiter, ni de vœux à émettre, donc. Un zéphyr traverse ses plumes. Il peut reprendre ses fredaines, sans se soucier d’éléments extérieurs, l’histrion.

Je m’en prive pas. Je colle museau à la vitre de la fenêtre. J’attrape au lasso deux sensations, acagnardées sur le bord des gouttières. Les distraites mélangent l’humide et le sec. Je les glisse dans le goulot de mon cerveau. J’y ajoute une goutte d’inspiration. En avant, la journée sera aérienne ou pas. .

Au-dessus des toits, calfeutre le roi ciel, un gris lourd et pesant, habitude d’hiver. Aucune autre couleur ne perce cette laine, grasse et grossière.

Pourtant, dans le cocon du couvent, un bleu virtuel, venu des méninges, éclaire la paroi de la chambre. Un soleil pète le feu sous la dalle du plafond. Les absents du jour débarquent sur la cymbale. Ils se sont échappés de l’asile de l’imaginaire. Les larrons réinventent leurs effets.

Cela suffit pour rassembler l’armée des mots, la mettre en marche, en branle, sous la baguette magique de l’étrangère. La création, je dis. La non-guerrière pêchera, peut-être, dans une forme diluée, la plénitude. Celle qui s’accorde tant à la solitude, la voulue, bien-entendu…

Je mastique de la consonne entre mes dents. J’y introduis de la voyelle dans le mâchonnement. C’est ma recette spéciale, l’impubliable. Elle rassérène le faible, enlève, au fort, son melon gigantesque.

Je me fais coquin, envie matin. C’est sensualité sans souci de posséder.

Les tétons roses de seins piriformes durcissent au centre de leurs aréoles. Un doigt gourd, insolent, taquine leurs pointes érectiles. L’idiot s’imagine prestidigitateur. Il se croit posséder un pouvoir unique, celui d’engendrer le désir. Nigaud se trompe. Lui et les mamelons prennent part, naïfs, au jeu subtil de la chair. Espérons qu’elle s’assouplisse jusqu’à celui de l’âme.

Ce fut rarement le cas en ce qui me concerne. Je ne louvoie pas, J’écris, honnête. J’en conserve, quand même, quelques poèmes de ces instants.

Je baille. Mes phrases vont m’imiter. Il est temps, sur le pouce du pied, de quitter liminaire dont le rite justifie la présence.

Mais avant, quelques mots orphelins veulent exprimer chagrin. Jeanine Gueran n’est plus. Elle fut des première lectrices de nos dominicaux. Elle signalait sa présence, tous les dimanches par un like. Elle sortit (six ans déjà) l’ours de sa grotte pour un de ses vernissages à Port-Louis. Elle vint le voir avec sa compagne dans son estaminet populaire de l’époque.

Nous maintenions contact. En novembre dernier, elle m’annonça que sa maladie était sous contrôle, que son oncologue arrêtait la chimiothérapie pour ne conserver qu’un produit. « Je serai plus libre », ajouta-t-elle. Nous avions projet de nous voir en janvier. La suite voulut autrement.

Je lui dédie donc mes dernières escapades, au pays fou, celui de la vie, tout simplement…

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JE NE SUIS QUE CE QUE JE RÊVE

Je ne suis que ce que je rêve. J’écris cela en n’ayant nulle obligation d’en apporter la preuve. Je vogue d’autant plus facilement que je n’ai aucun compte à rendre. Je ne fignole aucune ambition, sociale. Je gambade hors des carrières.

Je fais ce que j’ai toujours souhaité, primitif enjoué, tout ressentir et ne rien expliquer. Tenter de faire passerelle entre l’infini et la petitesse. C’était chemin, semé d’embûches, à déconseiller pour esprit assis. Il se fit en dehors de l’échelle Mon bras tout tordu, et ma trogne de garçon boucher, s’affinèrent, parfois, lignes presque suspendues au dessus de toutes les pesanteurs

Je ne suis pas le voyageur lambda, se croyant audacieux en allant d’un point A à un point B, nimbé d’un stuc d’aventures. Je n’ai plus d’ancrage au niveau d’une géographie quelconque.. Je dérive. La satisfaction vient que cette navigation précédant le naufrage, s’effectue en profond accord avec l’enfant que je fus, que je suis encore.

***

MOI POUR ÊTRE MOI

Moi pour être moi, il faut que j’échappe à tous les aimants d’un environnement soumis à l’âpre consumérisme du nigaud matérialisme. J’’aspire à fondre mon rien dans un tout où je me tiendrai un peu plus haut que mon coude bossu.

***

LEXIES D’AVANT SOMMEIL

Toute la symphonie d’une phrase, lue, hier, sans me souvenir de l’œuvre et de auteur et qui a programmé dans ma tête, toute la journée, une mélancolie sage.

***

Le plus assommant des désirs, le charnel, il en faut du talent pour transformer une copulation, en art.

***

IRRAISON

Tout vieillit, la planche
la pierre la ronce
et les ans qui composent
l’arbre qui enfonce
ses racines en terre rose

N’y croit pas la branche
suspendue entre sol et ciel
acrobate se croit-elle
immunisée contre la déchéance

Le ciel inchangé crache nuages
Le vent effleure les pommiers
La lèvre du peuplier touche le potager
Le pinson ébruite son ramage

L’irraison enveloppe nos tissages

***

CONJURER

Parfois je me dis qu’engranger
dans le bocal vide du cerveau
une multitude de sensations
ne sert qu’à conjurer
le triste d’une toile grise

***

MÈCHE

Tout va bien mèche qui tombe
le sol est la fin du parcours

Va flammèche
les rêves
ont besoin de toi

Les rêves ne se nourrissent
que de ce qui pourrit avec grâce.

Serge Mathurin THÉBAULT

29 décembre 2024C’est peu dire que je n’appartiens plus à mon époque, enfin,  la consumériste et son cocotier du mérite ...
30/12/2024

29 décembre 2024

C’est peu dire que je n’appartiens plus à mon époque, enfin, la consumériste et son cocotier du mérite (en panne d’ailleurs). Cela fait longtemps que le clinquant ne perturbe plus le lombric. Le pouvoir, l’injustice, toutes les vilenies ensemble ne me révoltent plus. Je les ai engouffrés dans une poche quelconque de mon paletot au point de ne plus ressentir les méfaits de leurs ciseaux. J’agis, zoziaux, quoi.

J’opte pour une sorte d’y être, tout en y étant pas. La posture me protège du militantisme égoïste, des mirages sociaux. L’indifférente encourage le pecnot à affiner sa perception du beau jusqu’au délire. Cette faculté rend son existence à défaut d’être convenable, pleine.

Bon avant toute chose, me sachant hors des clous et qu’il fallût, à mon insu, lors de la dernière livraison que le Père Noël et sa houppelande se glissent dans le liminaire pour que je l’achève avec les vœux d’usage, j’accomplis, dare-dare, sans re**rd, mon devoir.

Je vous souhaite, donc, clair, honnête, mes vœux, les meilleurs, à l’orée du nouvel an. Les impétueux jacassent, voudraient que tout aille au mieux pour vous, surtout niveau santé.

Ça ira ? Je n’ai pas l’haleine verte. Je ne suis pas assez concerné par ces rituels marchands pour faire tinter le mot juste. J’essaie d’éviter l’hypocrisie. L’opération ne se joue pas dans l’évidence.

Dans ma cafetière, c’est limpide. Les salopiots (les vœux donc) devraient tinter sincères. S’ils ne sont pas à la hauteur de leur mission, c’est que vraiment le clown est hors de la piste. Désolé... Vous pardonnez ?

L’âne Mathurin, matois, patron des fous et des cinglés (probable), crée digression voire diversion. Le baudet vous amène hors des illuminations, électriques, de saison. Où ? Il ignore encore. Laissez-le arriver. Il a pris un sentier abrupt et quoiqu’il ahane, il y grimpe, âme légère, ne ressentant son barda que comme puce sur le dos.

« Hi han », en joie, brait l’animal. Au matin, le malin, a bu à satiété -ch’ais pas comment - comme dirait un pote du Nord, une rasade de rosée à l’abreuvoir, céleste. Il en est tout maboul de cette lapée d’étoiles défuntes. Son crâne fume l’euphorie. Il ignore qui il est, où il est, s’en contrefout, carrément. Le têtu avance, certain. Ses sabots lévitent sur le sol.

C’est une crique lumineuse qui s’ouvre devant lui. Le sable roux croustille sous le soleil. Des rochers argentés avalent des plumes de mouettes dans leurs lézardes. La vagues ronronnent au creux de leurs poitrails. Une harpe marine émet des sons d’anges.

Tiens, je vous l’offre, l’anse. Vous y mettrez ce que vous vous voudrez, nymphes ou apollons nus, à votre guise. Vous la décorerez à votre humeur. Rien n’y est interdit. Elle est à vous. Si, si, faites pas les sceptiques, c’est le cadeau du poète pour la nouvelle année. Je suis prêt à signer l’acte de cession.. Vous me raconterez comment vous l’avez animée cette plage déserte.

L’ânon, lui, trotte sans se soucier de nos commerces. Il me lâche un pet copain pour rappeler mes obligations.. Ah ! Oui, j’ai à poster les dernières trilles de mon serin. Je m’exécute….

Mais avant, encore, bonne année à tous, vraiment , à tous et toutes, puisqu’il faut le préciser au temps de Me Too, l’évidence.

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J’ÉPROUVE ENCORE LE PROFOND

Et chaque fois, que je hisse mon œil à la porte de l’éveil, je fais effort. Il n’est jamais facile de fuir la pesanteur d’un système matérialiste, d’accéder à un indéfinissable, qui, seul, offre la perspective d’une plénitude.

Je suis repu du temps, celui d’hier, celui de l’instant, celui de l’avenir. Je coche les cases de l’insatisfaction, du renoncement et pourtant je suis comme possédé quand les mots s’en prennent à ma cervelle pour effectuer leurs gigues sinusoïdales..

C’est cela qui m’épate, attise toute mon énergie. J’éprouve encore le profond sous la ligne du superficiel.

***

PLUME

Tout arrive. Plongé en soi, contre soi, est toujours possible pour j***r, au plus près, du souffle de la respiration.

Je ne théorise pas. Non, je thésaurise tout un ensemble de sensations-vibrations qui rendirent cette existence vivable. Je les ranime à l’exercice d’écrire. Je tente de devenir plume au dessus de la masse.

***

LA POMME

Tout quiète blette
la pomme entre les doigts
d‘Ève qu sortir de l’Éden

****
NOUS

Nous irons au contact
des voyelles muettes

Nous les ferons parler..

***

Nous placerons
à la place juste
de la phrase
le lacet
évitant la chute

Virgule
nous le nommerons

***

Nous suspendrons le point
afin de permettre
à la phrase d’aspirer
l’infini qu’elle contient

***

Nous dirons qu’aimer
ne justifie pas un point
d’interrogation

***

Nous agirons
afin que le lecteur
puisse authentifier le texte
à l’aune de sa vision.

***

Indubitablement
nous ne confondrons pas
nos jeux de ponctuations
à ceux hypocrites et veules
des marchands.

(25 décembre 2024)

Serge Mathurin THÉBAULT

15 décembre 2024                                                                                                        ...
15/12/2024

15 décembre 2024

L’or du sans bruit rince le couvent. Urgence impose. Ma distraction a laissé beugler des célébrités chansonnières sur une radio quelconque. Les voix vagissaient d’une onde sur laquelle, par mégarde, j’avais posé mes oreilles mélomanes. Trop délicates, les esgourdes…

Très vite, le clinquant agressa leurs tympans. Il n’y avait que du faux qui gigotait là-dedans. Des paroles niaises, dignes du pire des réseaux sociaux, couinaient leurs inepties. Des airs binaires, sans grâce, accompagnaient ce plat divertissement. Un gras sentimentalisme dégoulinait de l’ensemble. Trop, c’est trop ! L’indigestion pointait son nez. Alors, le fainéant fit effort et coupa, net, cette insulte au bon goût, du moins, le sien, sensible au beau et au vrai.

J’aurais pu me rabattre sur le confiant. J’aurais pu y mettre dans la bouche de mon ordinateur, du classique, du jazz ou toute autre musique respectant un tant soit peu son auditeur. Les CD ne manquent pas, ils reposent dans la chambre. Trop loin, la pièce, le lourdingue m’avait ôté l’envie des pas.

J’aurais pu, aussi, me brancher sur une autre fréquence. Hélas, toutes sont atteintes de la maladie du micro melon. Je n’étais plus en état d’ entendre le moindre babillage.

Alors, j’offris au silence le trône de mon espace. Sous sa sérénité, première fois, je crois, je rédige le liminaire dominical.

Je confirme. L’homme du « non » dit « oui », à chaque fois que le merveilleux propose une variation de son répertoire.

Un violet du volet peut me mettre en transe. Un déhanchement de lignes peut provoquer, chez moi, une joie inextinguible. Un détail insolite (hier, doigts de fille pianotant sur un zinc) peut enflammer le brasier de mon imaginaire. Cela dépend de la qualité de la réception. Cela dépend du moyen que le magique utilise pour immiscer son message sur les pages de mes pores.

Ce n’est pas fréquent. Ça n’arrive pas tous les jours. Je concède. Je parviens, rarement, à me hisser au-dessus de la bouillie. Pas intellectualiste pour un sou voire un chou, je maugrée la raréfaction de mes illuminations..

Il m’arrive, parfois, pas souvent, de céder au découragement. Cela ne dure pas. Je vis l’espérance violente. Anime ma besace, un don inné, inexplicable. Grâce à lui, je débusque la moindre palpitation, l’infime sensation. Je ressens jusqu’à l’os, la vibration microscopique. J’échappe au plomb de l’ennui.

Brrr, le frisson ne vient pas de l’émotion. Un froid hivernal le véhicule jusqu’aux creux des reins, au ras du caleçon. Sur l’échelle des températures, le degré Celsius cherche le zéro. Un ciel gris et lourd attend le passage des canards.

Je raccourcis mes promenades. Je me calfeutre sous mes livres. Là, en ce moment, je me prépare à appareiller vers d’autres destinations où le soleil ne patauge pas dans le frimas.

Ne vous inquiétez pas ! Avant d’envoyer ma tête taquiner les étoiles, je respecte, bon élève, dimanche. Je vous confie mes fredaines., celles de la semaine. N’est-ce pas une promesse que je tiens, hors pépins, depuis plus de dix ans, déjà ?

****************

DÉJÀ TOUT PERDU

Ce dégoût puissant et incontrôlable du jeu social tant dans sa fausseté que sa vacuité, ne m’obsède plus. Je m’en suis débarrassé, tout à fait, jusqu’à l’indifférence de ses agitations..

Je ne dandine plus sur l’ échiquier. Je fis effort. J’en suis amplement récompensé en vivant anachorète sociable, l’aventure intérieure. Je me suis coupé définitivement de l’affect. Il réduit la capacité à créer un univers où l’amour n’est plus représenté que par les fadaises des codes statutaires.

Je n’ai jamais cru être, un temps soit peu, concerné par les motifs d’un dessein grégaire.

Je dédie ces lignes à cet autre qui cherche l’authentique sous le plafond en ruines d’une société devenue cupide, artificielle, à force d’idolâtrer le consumérisme. La bête génère la violence et l’injustice. Je chausse mes vers des pieds de l’azur, Nulle compétition, nulle flatterie, ne me fera sortir de mon couvent.

La rage d’écrire est un défi que l’absurde entretient. Je ne vieillis pas. Je ne m’améliore pas. J’explore, avec plus de facilité, sachant qu’il n’y a rien à gagner et que j’ai déjà tout perdu, sur le plan temporel, en kidnappant, un instant, furtivement, au creux des mains bleues des myosotis, le mystère irréfutable du vivant.

***

ASSEZ

Assez, oh bien assez. Être là, sans être las, me suffit. Je ne m’enfermerai pas dans le croc du regard de l’autre. Je ne respirerai pas sous sa dictature. Je pousserai la porte, toujours dans l’attente de surprendre mon corps tordu (trop habitué à l’inertie de l’ennui), à la présence de l’âme sous sa chair.,

Vient taquiner l’œil malade, une vision dans laquelle se découpe, en images simples, une émotion. Ici, une branche nue sur laquelle se pose une corneille tandis que dans le courtil du couvent, une petiote, rousse boulotte, rit, à gorge déployée sans que je sache pourquoi..

***

VU AU BISTROT

Un double rosé
et la ligne blanche
d’une fée flanche
au moment de s’envoler

***

UNE ROSÉE

Sur un gradin d’or
une rosée
luisante perle
sur les nervures
des tilleuls

C’est l’aimée accordée
au soleil qui va venir

***

LE CHIFFRE

1300
lance une voix aiguë
couvrant le bruyant
d’un estaminet

1300 fleurs
1300 canons jurons ?

Euros, évidemment
tragiquement

***

PHRASES D’AVANT SOMMEIL

Qu’importe d’être lu quand on lit à travers les murs.

***

Il y a dans la chambre, un soleil désordonné

Serge Mathurin THÉBAULT

8 décembre 2024                                                                                                         ...
08/12/2024

8 décembre 2024

Je me souviens…

Quand, commence une bafouille par cette locution prête à devenir anaphore, il faut s’attendre évidemment à développement. Il pourrait être long. Je ne sais pas. Je n’ai pas de plan. Les phrases viennent comme elles veulent se coller les unes contre les autres. Je ne suis pas l’architecte de leur dite opération. Je ne suis que la petite-main de leur sarabande.

J’ignore la mécanique qui autorise cette valse. Je m’y attache, marin sur sa hune, accroché à la hampe du mât quand soufflent les tempêtes. Les miennes virent aériennes au point de m’ôter du grégaire poussif. Les facétieuses installent le bardot-matelot sur une couette de vent et d’enchantements. Elles ne cherchent qu’à détruire le médiocre en lui, ancré.

Et puis, soudain, tout devient clair sur son esquif. Le bouchon liège suit le fleuve, reçois imprégné de sel, de végétal, de toutes les nuances qui composent un pan de l’universel, un sens secret à sa navigation f***e.

Je ne vends rien. Je n’apporte rien, sonnant et trébuchant. Je ne possède rien. Je ne participe à aucune compétition. J’offre.

Personne n’en veux de ma salade ? Pff… Peu importe, j’assure toit et écuelle. Je barbote dans la mare idéale, la solitude soleilleuse. L’étrangère (la création dans mon jargon) diffuse de la lumière dans mon couvent…

Donc, je me souviens de ses jambes, de la ligne sinueuse qu’esquissait ses lèvres pour dessiner un sourire. Je remémore, surtout, ses gestes gracieux, pudiques, comme celui de mettre ses doigts sur sa bouche pour exprimer l’étonnement. Je pourrais penser à une autre. La chair ne fut pas notre ciment. Mais, à l’instant même, je ne pense qu’à elle. Une noisette sentimentale ne fait jamais de mal.

Je me souviens de la petite boutique des bonbecs à six sous, sise à trois pas de la gare. Je ferme les paupières. Instantanément, viennent hanter le grenier de ma mémoire, l’odeur sucrée des friandises mêlée à l’atmosphère poussiéreuse et vieillotte du lieu. Maurice se nommait l’épicier, un débonnaire joufflu en blouse bleue et tachée.

Je me souviens aussi de l’escargot gravissant péniblement la planche vermoulue sous mes encouragements de gosse. C’était dans un paradis perdu, jonché de clous rouillés, de godasses usagées, d’énormes pierres et de petits cailloux, bijoux. Je ressuscite, magicien, la féerie du chantier.

Fini, les souvenirs… C’’est aujourd’hui dimanche. Je me souviens (lol) qu’il est grand temps d’éparpiller sur vos murs ma moisson hebdomadaire.

**********************************
LA CHAIR MORDUE DES VERGERS

De beau matin, la chair mordue des vergers apparait, bleue, verte, orangé, étoffe fluide. Elle se vêt de l’aube des couleurs. J’assiste, halluciné arpenteur des chemins, à ses métamorphoses. Je lisse l’image jusqu’au chœur de ma cornée. Mes possibilités sensibles s’emballent jusqu’au paroxysme de leur éveil.

Va le mot comme il vient. Qu’il cueille enfin ce que je reçois. Qu’il accorde au lecteur la même félicité, celle qui traverse mes neurones, chahutées, au moment où j’écris.

Non, je ne regarde pas l’alchimie, je m’y fonds entièrement en elle. J’entends à quatre branches de moi, le soupir, presque séraphin, d’une brise qui halète le matin.

Je désagrège le fragment d’une peine dans le fouillis profond des feuillages. J’enchante mon bras courbe du rectiligne de la pensée. Je chuchote une langue qui ne m’est pas tout à fait étrangère puisque elle est ma compagne familière. L’insolente ne fait rien pour être entendue des autres.

Divise la pomme de ces quartiers d’ombres, le soleil parvenu, enfin, a gouverné la jardin. Chaque lot est un poème, dans lequel, je me glisse pour continuer à
explorer le vaste champ des possibles.

***

PERLES DE LA RUE ET DU BISTROT

1

Bistrot, un trentenaire s’adresse à un autre, lui dit « Elle me plait mais elle n’a pas l’allumage à tous étages ». L’autre rétorque : « Qu’est-ce que tu en as à fo**re puisque celui qui t’intéresse n’a pas besoin d’éclairage ».

2

« Certainement, peut-être » sur le trottoir, répond une oiselle à une autre, qui l’invite à la rejoindre dans un bar, fin de journée.

3

« Elle était en train de faire pleurer ses phrases » la même parlant d’une autre, à sa copine, quelques secondes, auparavant. Poète, celle-là.

***

CODICILLE DE L’ANACHORÈTE

Et je n’écris plus et jamais écrit pour quiconque, surtout pour ce moi, clown désabusé. Non, mon seul espoir fut et demeure de me fondre dans un espace qui, enfin, justifiera tous les sacrifices en rendant les joies vécues, pérennes.

***

CHUTE DE L’ANGE

Pour être aimé d’elle
il rogna ses ailes

Aimer qu’il disait
Posséder qu’il voulait

Pour cette raison là
on déchoit facilement
du statut d’ange

***

LE CONTREBASSISTE

Les cordes de l’orchestre
grincent sous doigts experts

Mon œil coquin lorgne
les formes girondes
de la clarinettiste

Évidemment
la tessiture de la musique
échappe à mes oreilles

Quand parviendrai-je
à négliger le sensuel
pour m’en tenir qu’à l’essentiel ?

Heureusement
un contrebassiste
plus vieux
que son instrument
interprète un solo
vibrant le morceau
par les os de ses tripes

Je réintègre illico
l’ouate des notes

Serge Mathurin THEBAULT

1 décembre 2024Faut pas être con ! Ce n’est pas maintenant que je vais miauler plaintif, adhérer au clan des «Tamalou »....
01/12/2024

1 décembre 2024

Faut pas être con ! Ce n’est pas maintenant que je vais miauler plaintif, adhérer au clan des «Tamalou ». J’aurais dû faire avant, trop t**d. L’actuelle lancinante et dérangeante douleur à l’épaule n’est que p**i chat, bobo de bébé, par rapport à celles subies tout au long de l’existence.

Je décline bulletin sérieux, à ce sujet. Vous pouvez croire. J’atteste présent aux fers de la torture. Crises articulaires furent animations récurrentes du film personnel. Elles empêchèrent, au couillon, une vie normale, tant mieux... Elles cessèrent, presque huit ans, déjà, grâce à l’intervention d’un ange Séraphin. J’en causerai, un autre dimanche

Chambres d’hôpitaux, notamment celles des soins intensifs ou de réanimation s’y prêtèrent aussi au décor du long métrage...

Il y eut un accident de voiture, trente ans, pile poil. J’eus la carcasse toute fêlée, le bassin en bouillie, le péroné fracturé, mille morceaux. Ce n’est pas tout ! J’eus la panse éventrée, la boite crânienne, fracassée, presque ouverte. Modèle, genre Picasso eut pu poser, l’intrépide. Cicatrices sur le front et une balafre ventrale attestent de la véracité des dires. Tiens, souvenir, une fille appelait cette dernière « la lézarde de l’âme ».

Et puis, il y eut le caillou, décliné par la médecine sous l’acronyme AVC, suivi par le redoutable adjectif « Massif », qui en ajoute au dramatique de la situation. Déjà, narré...

Je touche encore, incrédule, mon coude rigolo (ironie, celui-là ne fut jamais cassé, j’eus été manchot comme Cendrars). Je célèbre la chance que j’ai eue d’y survivre à ces épreuves. Je salue ces retours inopinés dans le fonctionnel de la vie moderne. Je m’assassine encore à la taquiner, la transcendance.

Elle m’avait bien prévenu, Hélène, la muse de René. La souffrance est inhérente au chemin du poète. Sans elle, il n’y a pas de révélation possible. Elle eut été plus précise que j’aurais, peut-être, rechigné à suivre la route.

Non, la v***e du divin Cadou aurait eu don de voyance et m’eut raconté menu détail tous les déboires de l’itinéraire, j’y serai allé quand même. L’idiot ne peut rien contre un appel.

Il n’a pas eu tort, le loustic. Il vécut « sa vie rêvée » avec mémoire sélective pour évacuer le mal de la cave sensible et ne retenir que merveilleux, transes et illuminations.

Il goûta jusqu’à la moelle de sa peau, l’inexpliqué du vivre. Il prêcha beauté au milieu d’un monde qui s’enlaidit. Il vibra triangle sur la gamme des vibrations et ne se coucha jamais dans la couette douce de l’ennui, prônée par une vision uniquement matérialiste. L’âne, libre, brait sa joie.

Ce parcours atypique alimente ce rite dominical. Je me nourris de lui pour m’adresser à vous. Je tambouille, tranquille, mes recettes aux flammes chancelantes de son feu. Jour du seigneur oblige, j’envoie ses dernières escarbilles.

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PAS CONCERNÉ

Message :

« Un peu de vin, une barbichette de cognac, un fœtus de verbe qui goûte la gnôle versée dans la bouche par une étrangère envoûtante, anonyme et ...

Voici ! Temps de dire m***e aux institutions sclérosées, d’enjamber la barrière sociale, de déambuler de cases en cases pour recueillir les débris d’un merveilleux explosé.

Voici, l’impératif de se libérer des détritus de l’hypocrisie, vestale de la bienséance, de n’être plus dépendant de la pulsion galipette que les pisse-petits nomment, amour.

Voici, l’injonction de dénoncer le matérialisme niais, d’échapper au glas des vanités.

Voici, donc le temps d’être soi au milieu des autres, authentique, de tenter l’élévation.».

Pas concerne, je pratique ainsi depuis naissance.

***

ESPOIR

J’ai tâté de l’espoir, plus qu’une fois. J’accepte cette appétence des invisibles. Il est bien conservé, le dandy, en ma tête chahutée. Je vous dis. Je ne mens pas. Je conjugue mon verbe sous les rayons de ses illusions. Le mien ne se mêle pas au matériel. Il ne gigote pas dans l’haveneau d’un statut. Il décline tout attrait pour la possession. Il s’en fout des mythes et des représentations vaseuses du bonheur...
Non, l’insolite me ressemble. Il poursuit un rêve dont il ne veut pas définir les contours et surtout qu’on les lui définisse..

***

LEXIE D’AVANT SOMMEIL

L’homme intelligent n’est pas celui qui attend une réponse mais celui qui se fond dans la question.

***

LE POÈTE

Moi, chaque jour, je peux
effondrer des montagnes
les reconstituer jungle
sur une plage déserte
décorer le cou des girafes
de fluides serpents vénéneux

Moi, chaque nuit, je veux
engloutir un espace
dans la bouche étroite du chenal
envoyer des signaux
à peine imperceptibles
et les éteindre quand ils
deviennent trop voyants

Moi -toujours moi-
je peux me taire
pour me faire entendre

***

PEINDRE L’INSTANT

Le parquet grince
y chaloupent minces
des fées fumées
les poignets ornés
de bracelets clinquants

Attrait du chat
pour le reflet de la lampe

Le félin dodeline la tête

Un gros Monsieur bourgeois
enfoncé dans un fauteuil moelleux
vapote une cigarette électronique

Il y a un bleu
sur un coin de fenêtre

Peindre l’instant
S’y retrouver

Serge Mathurin THÉBAULT

Adresse

Auray
56400ET75006

Téléphone

0618092100

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