04/06/2024
QUAND L’AGRESSIVITÉ COMMENCE T-ELLE À DEVENIR UN PROBLÈME ?
On sait que l’agressivité chez le chien est naturelle et fait partie de son répertoire comportemental. L’agressivité est logée dans les comportements agonistiques (de résolution des conflits).
Quand on affirme que l’agressivité du chien est naturelle et ne doit pas être empêchée, certaines personnes s’en émeuvent ou s’en offusquent. À chaque fois, j’observe dans les arguments avancés que ces personnes ne savent pas faire la différence entre l’agressivité normale, et celle qui doit inquiéter. Cette difficulté les empêchent évidemment de saisir le propos et de bien agir, réagir quand leur chien exprime des comportements agressifs.
Suite à la publication récente « À l’impossible nul n’est tenu », j’ai reçu des réactions très émotionnelles, de personnes qui me demandent comment je peux affirmer une telle chose qui semble sous-entendre qu’il faut laisser les chiens se battre. Je ferais ainsi l’apologie de l’agressivité dans un monde qui a besoin de paix... Alors, j’ai trouvé cette accusation vraiment très intéressante car elle exprime tout un problème de société. Tout ne peut pas être polissé, et de la même manière qu'une confrontation animée peut être salvatrice entre les hommes, elle l'est entre les chiens, dans une certaine mesure évidemment.
D’abord, si je peux affirmer que « l’agressivité du chien est naturelle et normale », c’est parce que ce n’est pas un point de vue. C’est une question d’éthologie, un fait scientifique largement observable dans le monde entier, chez les chiens du monde entier, et qui n’est plus à remettre en cause.
Ensuite, je pense qu’il est vraiment important de faire la différence entre AGRESSIVITÉ et AGRESSION INSTRUMENTALISÉE.
>>> Tout comme pour les humains, l’AGRESSIVITÉ du chien peut s’avérer utile pour s’opposer ou défendre un membre de son groupe social, pour protéger une ressource, pour rétablir l’ordre et la justice dans son groupe social. Le chien va alors adopter des conduites menaçantes en toute conscience et dans une séquence comportementale limpide. Il va chercher à protéger ses besoins, son point de vue aussi… Il va exhiber les armes (le très controversé relevé de babines), il va grogner de plus en plus fort, commencer à ouvrir la gu**le, charger, secouer la tête, etc. Tous ces comportements sont très impressionnants, et c’est le but du chien.
> IMPRESSIONNER.
> DISSUADER.
> FAIRE CESSER AVANT QUE ÇA NE DÉGÉNÈRE.
Le chien est en fait un adepte de Sun Tzu ;-)
Pour garantir la paix sociale, il prépare la guerre : « Si vis pacem, para bellum ».
En d’autres termes, pour ne pas avoir à mordre, il va adopter des comportements agressifs.
Ne pas réussir à entendre une telle évidence, la nier ou pire, vouloir qu’elle n’existe pas, c’est forcément adopter un comportement très inadéquat et décupler le risque d’AGRESSION. Maintenant, si un chien use de l’agression ouverte une fois tous les trente-six du mois, après avoir exprimé une foule de comportements agressifs qui visaient à l’éviter, le responsable n’est pas l’agresseur ou la victime, mais bien le gardien de chaque chien.
- L’un, pour avoir laissé son chien en importuner un autre, qui a pourtant exprimé plusieurs fois la menace et la dissuasion.
- L’autre, pour ne pas avoir écarté et sécurisé son chien à temps, en voyant que l’importun ne le respectait pas.
Plus on mettra un chien en situation de monter haut dans l’échelle des comportements agressifs, plus on s’approchera du risque d’instrumentalisation de l’agression.
QUAND L’AGRESSION DEVIENT-ELLE VRAIMENT UN PROBLÈME ?
- Quand elle est systématique : Le chien ne communique que par l’agression, sans phase dissuasive, et les raisons peuvent être vraiment diverses (génétique, mauvaise expérience de l’environnement et de la socialité, cognition, état de santé, etc.). Pour aider ce chien, il est essentiel de le comprendre, de pouvoir entrer dans son monde intérieur, de saisir ce qu’il vit. Seule une étude sérieuse pourra déterminer pourquoi ce chien ne veut plus - ou ne peut plus - communiquer autrement que comme ça.
- Quand, sans être systématique, la séquence d’agression est incomplète : Le chien ne s’arrête pas ou n’annonce aucune intention d’agresser, pour finalement agresser.
- Quand elle est hors-contexte : Pour le professionnel compétent et expérimenté, il sera très difficile d’établir le lien entre l’agression et l’environnement, la situation.
- Quand elle n’est pas contrôlée : Le chien blesse gravement sa victime.
- Quand l’agression n’est pas sociale mais prédatrice : Le chien prend du plaisir à agresser (et parfois, pas que ses congénères).
Si aucune différence n’est faite entre ce que je viens de lister (qui est grave), et les comportements agonistiques qui sont l’essence même du chien, il est vraiment important de se faire aider, conseiller, accompagner. Par expérience, une partie des chiens qui ne communiquent que par l’agression ne présente pas toujours des problème de santé. Ces chiens ont simplement fini par abandonner toute tentative de dissuader parce qu’on leur a bien fait comprendre que c’était interdit ou inutile. Alors, le seul moyen qu’il leur reste pour s’adapter est d’instrumentaliser l’agression comme mode de communication unique.
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