16/03/2024
La minute podologie équine 🤗
Parce que les chevaux le méritent 🦄
Le milieu du parage physiologique et du pieds-nus souffre d'un mythe très souvent préjudiciable aux chevaux : "les talons sont trop hauts, baisse les talons " 🙄
Tout au long de mon parcours de formation à la podologie équine, j'ai vu pratiquer différentes méthodes et différents professionnels, j'ai fait beaucoup d'erreurs en m'appuyant sur des conseils erronés... mais ne dit-on pas que ce sont de nos erreurs que l'on apprend ?
Alors de ces erreurs, j'ai appris à chercher des conseils avisés, à ne plus me fier au discours de l'humain mais à celui du cheval et c'est précisément ce vers quoi m'a poussé ma formation avec l'IFPE : écouter le cheval, c'est le meilleur juge pour évaluer les qualités d'un podologue équin 🙏
Alors j'ai appris à les regarder encore plus, de plus près, dans le détail, sans jugement mais avec précision, à les toucher, sentir leurs tissus sous mes doigts, tester leurs sensations... parce qu'une évaluation objective vaut tous les discours du monde. Et j'ai compris que j'avais un long chemin devant moi et que chaque journée au côté des chevaux serait une éternelle découverte. Ça tombe bien, c'est justement ce qui me fait vibrer, chercher encore et toujours, dans la précision, creuser chaque détail 🧐
Et après 7 années de travail sur la question des pieds des chevaux, une chose devient particulièrement insupportable, cette phrase : "baisse les talons de ton cheval, ils sont trop hauts"
Pourquoi ? Parce qu'elle est répétée quelque soit le cheval, à tout bout de champ, sans évaluation de la locomotion, avec très souvent bien peu d'information sur le cheval en question, encore moins de photos de ses aplombs ou de sa posture et ne parlons pas des nombreuses fois où ce conseils est donné sur une unique photo en vue solaire d'un sabot 🙄
Comment peut-on évaluer si la hauteur des talons est correcte sans faire une véritable évaluation ? La réponse est simple, ON NE PEUT PAS 😑
Des études ont montré qu'une grande majorité de chevaux souffre d'une pince trop longue et c'est effectivement ce que nous pouvons rencontrer en clientèle. Mais encore une fois, ceci mérite une évaluation objective, il n'est pas question de venir tronquer la pince de tous les chevaux ? ! Déjà parce que certains ne marcheront plus, seront boiteux, et pourtant cela convient parfaitement à un certain nombre, parce que ceux-là en ont besoin. Il en va de même pour la hauteur des talons... chaque cheval est différent, chaque pied est différent 😌
Mais alors d'où nous vient cette volonté de baisser à tout prix les talons ?
Le parage physiologique en est encore à ces débuts et les différentes études menées sur les sabots de chevaux sauvages sont la base de cette pratique jeune d'une 40aine d'années. Nous avons tous déjà vu cette fameuse photo du pied nu parfait 👈
Mais les sabots de mustangs sauvages vivant sur des terres arrides sont-ils vraiment un exemple à suivre ?
Quid de la race et donc de la génétique, un pur-sang anglais n'aura jamais les mêmes pieds qu'un quarter horse ou qu'un pur race espagnol. Nous le savons très bien concernant leur morphologie et les "utilisons" pour telle ou telle discipline en fonction de celle-ci. C'est également valable pour leur métabolisme, mais pourquoi n'arrivons nous pas à accepter que cette même génétique change aussi la donne sur la morphologie des pieds ? quand nous avons conscience que la sélection humaine des reproducteurs a pu avoir justement des effets néfastes sur la qualité des pieds parce que ceux-ci n'étaient pas, jusqu'à récemment, un critère pris en considération pour l'élevage équin...
Comment peut-on vraiment penser que nos chevaux domestiques ont des sabots exactement similaires à ces chevaux sauvages ?
Après s'être interrogés sur la question de la génétique, regardons de plus près le quotidien de nos chevaux domestiques, ressemble t'il de près ou de loin au mode de vie des chevaux sauvages ?
Même en paddock paradise, avec slow feeding, travail très régulier, leurs conditions de vie n'ont rien de comparables. Sans aller dans les détails parce que personne ne semble d'accord sur les distances moyennes parcourrues par des chevaux sauvages ou précisément au fait de leur l'alimentation exacte, nos chevaux sont comme nous, sédentaires 😅 et vu les effets de la sédentarité sur les hommes, il est impossible de concevoir qu'elle puisse ne pas avoir d'effet sur les chevaux.
Il est donc évident que nos chevaux domestiques ne peuvent pas présenter des sabots aux caractéristiques similaires à ceux de mustangs sauvages, de par leur génétique individuel, la génétique sélectionnée par les hommes, leur mode de vie, leur alimentation...
Alors finalement, qu'est qui compte vraiment ?
L'objectif du parage physiologique est de conserver le bon équilibre du squelette en corrélation avec le sabot et les tissus mous de l'arrière du pied.
Bah oui vous allez me dire que c'était déjà assez clair... mais c'est ici que tout prend sens. On ne cherche pas à donner une forme ou une esthétique particulière au pied, puisque qu'ils sont tous différents. On cherche à équilibrer le sabot autour des os qui constituent le doigt et donc le squelette du cheval. Parce que c'est le squelette, mobilisé par un ensemble de muscles et tendons, soutenu par une myriade de ligaments, qui définit la morphologie, la posture, les aplombs et la locomotion du cheval. Son sabot doit donc permettre à son squelette de fonctionner, tant à l'arrêt qu'en mouvement parce que chaque articulation est conçue pour un mouvement et pas un autre, avec une amplitude maximum, une tension normale des muscles, des tendons et des ligaments...
Il s'agit donc de définir le bon équilibrage à effectuer sur un sabot afin de permettre au corps de fonctionner avec le moins de tension possible.
Le bon équilibre dorso palmaire et medio laterale d'un pied influence directement la locomotion du cheval mais également l'hemodynamique du pied. Pour faire court, si les tissus reçoivent une pression anormale permanente, ils sont moins bien vascularisés, donc moins bien alimentés en nutriments qui sont nécessaires aux cellules, celle-ci ne sont pas en capacité de produire des tissus sains comme la paroi, la sole, les barres, le coussinet digital...
Enfin ! Nous arrivons au véritable sujet de ce poste, le coussinet digital !
Parce que je pense qu'il est en grande partie responsable de cette interrogation sur la bonne hauteur des talons du sabot.
D'abord, précisons notre sujet, ce que nous appelons communément les talons est en réalité constitué de tout l'arrière du pied, c'est à dire l'épaisseur du coussinet digital et l'épaisseur des talons cornés.
C'est donc l'épaisseur de l'ensemble qui détermine la hauteur de talons ou plutôt de l'arrière du pied, partie qui soutient directement l'articulation interphalangienne distale, donc l'orientation des os du doigt et par conséquent influence le squelette tout entier étant donné que le cheval est en équilibre sur ses 4 doigts.
Mais... le coussinet digital de nos chevaux domestiques est-il toujours en bonne santé ? 🤔
Est-il toujours bien epais et dense ? Avons-nous des chevaux au coussinet fin et mou ? Voir attrophié et flasque ?
Si l'arrière pied est constitué de 2 structures différentes, l'une faite de tissus mous dont l'épaisseur et la densité peut évoluer en l'espace de quelques mois et l'autre faite de tissus cornés et donc relativement stables dans le temps en épaisseur et en densité, comment peut-on penser que la hauteur de talons cornés doit être identique quelque soit le cheval, sa morphologie, son mode de vie, son activité et celle particulièrement des derniers mois ? Et donc quelque soit l'épaisseur et la densité du coussinet digital ?
Je n'ai pas la science infuse, je ne cherche pas à imposer une vision unique, puisque qu'il y a tant de chevaux différents, il faut probablement autant d'actes techniques qui prennent en compte les particularités de chacun 😇
Mais s'il vous plaît, arretez de vouloir appliquer le même acte a tous les chevaux quand leurs besoins sont différents voir même opposés 🙏
Illustration de ma main, histoire que personne ne soit perdu en route 😊